La prochaine Constitution risque d'être bancale. La quasi-totalité des adversaires politiques de Abdelaziz Bouteflika ne participeront pas au processus de consultations qu'est chargé de mener le directeur de cabinet de la présidence de la République. Ahmed Ouyahia ne recevra pas les partis membres de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique et ceux du Pôle des forces du changement, ni même Ali Benflis, le général Khaled Nezzar et Sid Ahmed Ghozali. Les anti... Khaled Nezzar Le général Khaled Nezzar refuse de cautionner le projet-phare du quatrième mandat. Il ne l'a pas déclaré officiellement, mais son rejet a été annoncé ces derniers jours par un site d'information connu pour être très proche de l'ancien ministre de la Défense nationale. L'article rappelle que le général Nezzar avait accepté de participer aux consultations politiques menées par Abdelkader Bensalah en 2011. Mais les propositions qu'il avait faites à l'époque n'ont pas été retenues par Abdelaziz Bouteflika. D'où son refus de renouveler l'expérience. Ali Benflis Pour le candidat à l'élection présidentielle du 17 avril, participer aux rounds de consultation reviendrait à reconnaître la victoire de Abdelaziz Bouteflika. Ali Benflis a insisté, dans la lettre adressée à Ahmed Ouyahia, sur l'illégitimité du pouvoir actuel. Il a annoncé son refus de participer à deux reprises, à titre personnel et dans le cadre d'une initiative Pôle des forces du changement dont il est le leader. Pôle des forces du changement : drivé par Ali Benflis, le Front des forces du changement ont adopté la même position que lui. La question de la légitimité et des aspirations démocratiques de la société algérienne sont les arguments mis en avant par les membres de ce pôle. «Le projet du pouvoir en place est loin de s'inscrire dans la véritable tâche nationale prioritaire du moment, en l'occurrence celle du changement démocratique. Une telle tâche nationale commande comme point de départ le retour à la légitimité des institutions ainsi que leur remise en capacité d'exercer effectivement leurs missions constitutionnelles. Toute autre démarche ignorant ou évitant la prise en charge de cette double problématique est destinée à être sans effet sur la crise politique actuelle», précisent-ils dans un communiqué rendu public le 19 mai. Coordination pour les libertés et la transition démocratique Ce pôle n'a pas encore annoncé officiellement sa décision de rencontrer Ahmed Ouyahia. Cependant, certains chefs de partis membres de cette coalition se sont déjà prononcés sur ce sujet. C'est notamment le cas du président du Front pour la justice et le développement. «Reconnaissable à sa monture, le chevalier qui a hérité de cette mission est connu de tous. Il ne jouit pas du respect des Algériens qui ne lui accordent, par ailleurs, aucun crédit», avait indiqué Abdallah Djaballah en référence à Ahmed Ouyahia. Sid Ahmed Ghozali L'ancien chef du gouvernement devrait décliner l'invitation de Bouteflika et d'Ouyahia. Là encore, c'est Algérie Patriotique qui annonce l'information en citant des «sources informées». A l'instar de nombreuses personnalités, Sid Ahmed Ghozali avait participé au processus de consultation de 2011. Mais l'homme a été particulièrement critique ces derniers mois, n'hésitant pas à qualifier la nomination d'Ahmed Ouyahia au poste de ministre d'Etat, directeur de cabinet de la présidence de «pièce de théâtre». ... et les pro Convaincu ou pas, ils ont décidé de s'asseoir à la table d'Ahmed Ouyahia. En tête de file, on trouve le FLN (parti du président) le RND, le MPA et Taj (partis au service du Président). Derrière, on trouve le PT de Louisa Hanoune, le Front el Moustakbel de Abdelaziz Belaïd et le FNA de Moussa Touati. Petite surprise, Naïma Salhi n'a pas suivi le mot d'ordre du Pôle des forces du changement puisqu'elle participera aux consultations. FLN Miné par les luttes internes, la question de l'amendement de la Constitution est le seul dossier qui semble faire consensus au FLN. Ce parti se prépare depuis plusieurs années à l'amendement de la loi fondamentale. Il est fort possible que Amar Saïdani présente des mesures visant à permettre à son parti de diriger le gouvernement. FNA Moussa Touati ira aux consultations. En 2008, ses députés avaient voté contre le projet de révision constitutionnelle imposé par voie référendaire pour faire sauter le principe de limitation des mandats présidentiels. Cette fois-ci, le patron du FNA a choisi de cautionner l'initiative du Président. RND Il est inutile d'annoncer la participation du Rassemblement national démocratique aux consultations. Mais pour ce parti, ce processus se déroulera presque en interne puisqu'il est supervisé par l'ancien secrétaire général de ce parti. Il sera cependant intéressant de suivre la confrontation entre Ahmed Ouyahia et Abdelkader Bensalah. Parti des travailleurs Louisa Hanoune participe mais elle s'oppose à l'adoption d'une «Constitution consensuelle», considérant que cette démarche est anti-démocratique. Pourtant, le processus imposé par Abdelaziz Bouteflika est basé sur le consensus. Le Parti des travailleurs a déjà remporté une victoire avant l'heure puisque le projet élaboré par la présidence de la République prévoit l'interdiction du nomadisme politique. Louisa Hanoune pourra-t-elle imposer de nouvelles mesures ? PEP Naïma Salhi lâche le Pôle des forces du changement. Après avoir soutenu le candidat Ali Benflis, la secrétaire générale du Parti de l'équité et de la proclamation a tourné casaque en faisant part de sa disponibilité à participer aux consultations sur le projet de révision constitutionnelle.