C'est aujourd'hui 1er juin que le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, reçoit ses premiers invités aux consultations autour de la nouvelle Constitution. Des invités parmi lesquels ne compteront pas les contradicteurs du régime et du pouvoir en place. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) Faute d'avoir pu brasser large, Ahmed Ouyahia, dont l'infortune politique n'aura été finalement que passagère, devra se suffire de séances avec les clientèles du pouvoir, partis politiques, organisation de la société civile et personnalités nationales. Il n'aura pas, de ce fait, à déployer quelque génie pour sauvegarder l'essentiel de la mouture du texte constitutionnel, peaufinée par une commission d'experts, revue et corrigée par le chef de l'Etat. Ce qui en sortira, après le tour de table, dont la première séquence aura lieu entre dimanche et jeudi, ne pourra en aucun cas revêtir le caractère de synthèse consensuelle, dès lors que l'attitude de l'opposition qui a à la fois contesté la démarche mise en branle par le pouvoir et décidé de décliner l'invitation aux consultations qui lui est faite, condamne l'œuvre à un apanage exclusif du pouvoir et des clientèles. En effet, les plus prépondérants des segments de l'opposition seront absents au rendez-vous. La Coordination nationale pour la transition et les libertés démocratiques, constituée du RCD, du MSP, du FJD, d'Ennahda, de Jil Djadid et d'Ahmed Benbitour, a rejeté l'offre du dialogue. Le pôle des forces du changement, formé d'un conglomérat de partis et de personnalités autour de l'ancien chef de gouvernement Ali Benflis, en a fait de même. Ces défections poussent le pouvoir, reconduit dans les conditions contestables qu'on connaît, vers plus d'isolement. A tel point que, pour ne pas assumer la grande ratée de sa démarche, il se réfugie derrière une arithmétique qui est loin de réfléter une représentation de la vie politique nationale et, au-delà de la société algérienne. Dans son dernier communiqué en date, la présidence de la République a, en effet, affirmé que les invitations adressées ont été acceptées par «30 personnalités sur 36 destinatrices d'une invitation, 52 partis politiques sur 64 invités, toutes les 37 organisations et associations nationales destinatrices d'une invitation et les 12 professeurs d'université sollicités». Du beau monde si l'on ne considère que les chiffres. Mais l'on se rend compte vite que le nombre ne fait pas, ce cas échéant, la gamme de représentation souhaitée. Les convives d'Ahmed Ouyahia se recruteront essentiellement dans les partis gravitant autour du pouvoir, dont la plupart n'a pas d'ancrage véritable, et les organisations satellitaires. D'ici à jeudi, 9 personnalités nationales, 8 partis politiques, le président du Groupe du tiers présidentiel au Conseil de la nation et 2 organisations nationales, seront reçus au siège de la présidence de la République. La présidence de la République a averti que la couverture des consultations est dévolue exclusivement aux médias publics, à l'exclusion, donc, de la presse privée. Ce qu'il faut retenir des amendements proposés à la Constitution, c'est notamment le retour à la limitation à deux des mandats présidentiels, la délégation de certaines prérogatives au Premier ministre et l'inscription de la réconciliation nationale comme constante nationale.