Le 64e Congrès de la Fifa aujourd'hui et demain à Sao Paulo, décor possible d'une candidature officielle du président Joseph Blatter à sa réélection, est rattrapé par le «Qatargate», nom générique des polémiques sans fin autour du Mondial-2022 au Qatar. Trois partenaires commerciaux poids lourds de la Fifa, Sony, Visa et Adidas, ont fait passer des messages dimanche, demandant entre les lignes à ce qu'on en finisse avec trois ans et demi de rumeurs et/ou d'accusations d'irrégularité et/ou de corruption concernant l'attribution du Mondial-2022. Voire le Mondial-2018 en prime d'ailleurs, l'enquête interne diligentée par la Fifa touchant en fait aussi cette Coupe du monde attribuée le même jour, le 2 décembre 2010, à la Russie. «La teneur négative du débat public n'est bonne ni pour l'image de marque du football, ni pour celle de l'institution Fifa, ni pour celle des partenaires», a expliqué Adidas, qui a prolongé en novembre dernier son partenariat avec la Fifa jusqu'en 2030. «Nous savons que la Fifa prend la question au sérieux», a renchéri Visa, qui continuera «à surveiller cette enquête interne». La Fifa a dédramatisé par la voix de Thierry Weil, son directeur marketing : «Nous sommes en contact constant avec nos partenaires commerciaux, ce qui inclut Adidas, Sony et Visa et ils ont confiance à 100% dans l'enquête conduite actuellement». Blatter officiellement candidat ? L'enquêteur de la Fifa, Michael J. Garcia, sera bien présent au Congrès à Sao Paulo. L'ancien procureur fédéral de New York doit intervenir au micro pour «faire le point» sur les activités du comité d'éthique indépendant, mais ne dévoilera pas ses résultats. Car si la phase d'investigation devait bien être bouclée ce lundi 9 juin, Garcia se donne encore six semaines pour remettre son rapport à la chambre de jugement du comité d'éthique indépendant de la Fifa. Chambre de jugement qui pourra ensuite prendre tout le temps qu'elle veut pour rendre ses conclusions. Un autre sujet, qui n'était pas à l'agenda, devrait faire parler parmi les congressistes : c'est l'élection présidentielle à la Fifa, qui se tiendra dans un peu moins d'un an, le 29 mai 2015 à Zurich. «Sepp» Blatter, 78 ans, président en exercice depuis 1998, ne cache plus son souhait d'un 5e mandat, se disant «disponible». Le Suisse officialisera-t-il sa candidature à Sao Paulo ? Pour l'heure, il n'y a qu'un seul candidat déclaré, c'est le Français Jérôme Champagne, 55 ans, ex-vice secrétaire général de la Fifa. Méconnu du grand public, cet ancien diplomate n'a que de très minces chances de l'emporter et a même avoué qu'il ne maintiendrait peut-être pas sa candidature si Blatter se présente. Limite d'âge Le positionnement que tout le monde attend est celui de l'autre ténor du foot mondial avec Blatter, Michel Platini, 58 ans, président de l'UEFA. L'ancien joueur-star de la Juventus attend août pour dévoiler ses intentions. Entre Blatter et Platini, le «Qatargate», encore, est venu s'inviter et les petites phrases ont rempli les journaux. Dans un entretien à la radio télévision suisse (RTS), Blatter, rejetant toute corruption, a en revanche évoqué des «poussées politiques», dont celle de la France, visant par ricochet Platini, Français et membre du comité exécutif ayant révélé son vote pour le Qatar. Platini a été la cible du quotidien britannique Daily Telegraph qui a suggéré, sans preuve, que l'ex-président de la Confédération asiatique de foot, Mohamed Bin Hammam, avait tenté d'influencer son vote. Platini a depuis confié à L'Equipe son «impression d'être la personne qui dérange». Quand le journal sportif français lui demande alors si la Fifa pouvait être derrière ces mises en cause, il dit n'avoir «aucune preuve», tout en pensant qu'il y a «beaucoup d'intérêts en jeu, pour ceux qui sont à la Fifa, pour ceux qui ont envie d'y aller et pour ceux qui espèrent un jour y être». Au dernier Congrès, à l'île Maurice, Platini était favorable à la limite d'âge au sein de la Fifa. Blatter y était opposé. Cette question avait été reportée à Sao Paulo, ce qui avait irrité Platini. Le principe pourrait cette fois être soumis au vote. Mais il n'est pas exclu que son enregistrement définitif n'ait lieu que l'an prochain. Dans ce cas, la prochaine élection ne serait pas concernée.