Le Pakistan a fermement rejeté lundi les déclarations de Kaboul l'accusant d'être impliqué dans l'attaque qui a visé la semaine dernière le favori de l'élection présidentielle afghane Abdullah Abdullah et tué 12 personnes, à quelques jours du second tour. Dimanche, la présidence afghane avait déclaré que des «services secrets étrangers» étaient derrière ce double attentat via un groupe armé islamiste pakistanais, le Lashkar-e-Taïba (LeT), visant ainsi sans le nommer Islamabad. «Nous rejetons fermement toute insinuation que le Pakistan est impliqué dans cette attaque», a répondu dans un communiqué la porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Tasnim Aslam. Le double attentat commis dans la capitale afghane contre le convoi de M. Abdullah n'a pas été revendiqué. Kaboul accuse régulièrement Islamabad de mener une politique d'ingérence visant notamment à contrer l'influence de l'Inde en Afghanistan, éternel rival du Pakistan. «Ces dernières accusations sont habituelles chez certains acteurs d'Afghanistan qui ne perdent aucune occasion de jeter l'opprobre sur le Pakistan et ses forces de sécurité et rejettent sur d'autres la responsabilité de leurs propres échecs sécuritaires», a ajouté Mme Aslam. Dans les années 1990, Islamabad a veillé à l'éclosion des islamistes talibans afghans, et fut l'un des seuls pays à reconnaître leur régime (1996-2001). Et certains de ses services de renseignement restent aujourd'hui accusés de rester proches de groupes armés tels que le LeT. La semaine dernière, le gouvernement afghan avait déjà dénoncé des attaques transfrontalières de l'armée pakistanaise destinées, selon Kaboul, à perturber l'élection présidentielle. Abdullah Abdullah, un ancien porte-parole du commandant Ahmad Shah Massoud, ennemi historique des talibans, affrontera samedi au second tour Ashraf Ghani, un ancien économiste de la Banque mondiale qu'il a largement devancé au premier (45% des voix contre 31,6%). Cette présidentielle est considérée comme un test pour l'Afghanistan, pays pauvre, en partie contrôlé par les rebelles, toujours déchiré par des violences politiques, criminelles et mafieuses et qui plongera dans l'inconnu après le retrait de l'Otan prévu en fin d'année.