De nos envoyés spéciaux, M. Bouchama, A. Andaloussi et S. Sid Le Mondial-2014 a commencé. Timidement. Parce que le gouvernement fédéral du Brésil, qui aura dépensé 11 milliards de dollars sur la restauration des infrastructures et la construction de nouveaux stades a voulu ainsi. Sans faste mais avec beaucoup de génie. L'organisation, souvent critiquée par les médias occidentaux, a fonctionné, dans le respect des standards de la Fifa. Brasil-2014, menacé par la protestation publique et des retards dans la livraison de quelques sites de compétition ne sera, un mois durant, pas un tournoi voué aux oubliettes. Peut-être bien que les Brésiliens qui ont protesté afin de forcer Dilma Rousself et son gouvernement à renoncer à abriter ce pèlerinage planétaire des footeux, regretteront d'avoir osé de telles manifestations. Jeudi, près de l'Aréna Corinthians-Etaquera de Sao Paulo, temple où le coup d'envoi de la 20e édition de la Fifa Cup a été donné, les foules étaient au rendez-vous. Elles ont commencé à affluer au stade dès le petit matin. A notre arrivée vers onze heures, en provenance de Sorocaba que nous avons quittée un peu moins de deux heures auparavant (alors que le voyage Sao Paulo-Sorocaba, lundi passé, a duré plus de cinq heures) la chaude ambiance créée par les premières grappes de fans brésiliens, croates et ceux d'autres contrées du monde nous changeait un tant soit peu de la monotonie qui s'était emparée des villes brésiliennes 24 heures avant le lancement du show de ce 12 juin. Même le ciel, qui arrosait l'Etat de Sao Paulo durant le début de semaine a fini par avoir plus d'éclat. Du soleil tempéré par une certaine fraîcheur de l'hiver subtropical de la cité pauliste. En tout cas, les couleurs chaudes ornaient impeccablement les alentours du stade « figés » par le gris, couleur de la tenue des agents de police et de l'armée brésilienne qui assuraient le dispositif de sécurité déployé sur un large périmètre. Un « bouclage » en règle qui n'effrayait pas, pour autant, les hôtes du Brésil. Joyeux et à la curiosité vorace, ses pèlerins du football attendaient studieusement le début de la messe. Un groupe de manifestants faisait irruption dans le décor du show inaugural, vite mâté par des lancers de grenades assourdissantes puis des bombes lacrymogènes. Quelques-uns seront blessés, et un reporter de CNN est évacué vers un proche centre hospitalier. Un jeudi de fête au Brésil Dans l'arène, le folklore a été une expression brésilienne simplifiée. De l'histoire et des sons fredonnant la modernité. Pitbull, Claudia Leitte et Jennifer Lopez régalent les foules qui, néanmoins, attendaient l'entrée des stars du football. Brésil-Croatie, lancé alors que la nuit s'apprêtait à chasser le jour, ne fredonnera pas que des frayeurs. Un jour de semaine (jeudi), il fallait éviter que les gros embouteillages n'empiètent sur les festivités du Mondial. Tout est minutieusement planté, telle une fresque d'un artiste dont le Brésil a l'habitude de voir naître. D'autres seigneurs de l'art de jeu au pied attendaient sur la pelouse de l'Aréna Corinthians-Etaquera. Tous attendaient le sifflet initial du Japonais Yuichi Nishimura. Un moment magique pour les 62.103 présents, dont les convives de la Présidente Dilma qui «s'attablaient» sur les dalles architecturées du nouveau temple de l'équipe phare de Sao Paulo. Cette fois, le jaune prédominant, un peu de vert, du bleu et du rouge constituaient le décor de cet inoubliable jeudi 12 juin 2014. Sur le terrain, les deux sélections tâtent longuement le gazon. Olic donnera, le premier, l'alerte en reprenant de la tête une balle du contre emmené par le Madrilène Modric, transmise à Jelavic (8'). Le Brésil a eu chaud, et le sera davantage suite à un autre contre, depuis la droite cette fois. Le retrait d'Olic est repris par le Madrilène Marcelo, pressé par le même Jelavic, dans ses propres filets (11'). Le peuple brésilien ne respire plus. D'autant plus que, deux minutes plus tard, Fred et Neymar n'arrivent pas à reprendre le caviar d'Oscar. Le jeune prodige des Auriverdes et du Barça, qui semblait enfin se réveiller, allait recevoir le premier carton jaune de cette Coupe du monde après un coup de coude sur... le Madrilène Modric. Les querelles de la Liga ne semblent pas encore livrer leurs derniers épisodes qui, en mai dernier, ont souri aux Madrilènes. Ce qui n'était pas pour décourager la star des Blaugranas, celui que les anti-Mondial vomissent du fait qu'il soit mieux payé, plus considéré qu'un professeur d'université. Un dilemme qui, ce jeudi, au Brésil et partout dans le monde, a fondu. Surtout quand Neymar s'en ira s'arracher depuis le rond central pour récupérer un ballon perdu par Modric, ce qui est rare, avant d'exécuter d'un maître tir du gauche le portier croate Pletikosa (29'). Une œuvre de génie que, peut-être, un diplômé de l'université n'arrivera jamais à réussir. Neymar l'a réussi. Une égalisation qui fera remonter de vieux souvenirs. Le spectre d'un nouveau match d'ouverture conclu par une parité rejaillissait. La griffe de Neymar Jr La seconde mi-temps, entamée sur des airs d'un football conservatiste, les joueurs de Scolari et de Kovak s'appliquant à l'extrême pour ne pas perdre les espaces vitaux sur l'aire de jeu, il fallut un coup de génie, un autre du ciel et, pourquoi pas un coup de main de l'arbitre. Et ce fut ce dernier scénario qui allait se produire. Fred, qui aura bataillé fort face à la paire Lovren-Corluka, reçoit le ballon à l'intérieur des 18 yards, tente de pivoter pour se mettre face aux buts et, soudain, s'effiloche comme une feuille morte. Nishimura n'espérait pas mieux pour siffler le penalty qui, frappé victorieusement par Neymar, allait ouvrir la porte du succès à l'équipe du pays organisateur. Un hold-up que les camarades de Rakitic ont mal encaissé, eux qui semblaient tenir en respect leurs vis-à-vis. Une Seleçao qui finira par inscrire un troisième but, grâce à Oscar, au bout d'une course de 40 mètres ponctuée par un pointu qui ne laissera aucune chance à Pletikosa. La victoire des héritiers de Pelé prenait plus d'éclat. Le Brésil était-il pour autant le favori de son Mondial ? Mme. Dilma, qui a dansé comme jamais pendant ce match inaugural l'espère. Pour elle et son gouvernement, un sacre, le sixième de l'histoire de la sélection brésilienne, fera taire ses détracteurs, et justifiera, pour quelques semaines voire quelques jours de liesse, les énormes dépenses faites depuis que son prédécesseur Lula a convaincu la Fifa d'offrir l'organisation du Mondial-2014 au pays d'Oscar Niemeyer... M. B. La presse algérienne en force à l'Aréna Parmi les 3 500 journalistes accrédités au match inaugural de cette 20e édition du Mondial de football, une trentaine d'envoyés spéciaux des médias algériens a assisté à Brésil-Croatie. Une présence qui a profité aux journalistes de la presse nationale pour découvrir l'ambiance particulière de tels événements, d'échanger avec les reporters des autres pays et côtoyer les stars, très nombreuses à faire irruption dans le centre de presse du stade et les allées de l'Aréna Corinthians-Etaquera.