Les laiteries Soummam et l'entreprise de production de cartes intelligentes H B Technologies figurent parmi les récipiendaires des Onzièmes Trophées de l'export. L'exportabilité des produits locaux est liée à leur qualité selon Amara Benyounès qui appelle les opérateurs économiques nationaux à ne pas avoir «peur de l'ouverture». Chérif Bennaceur – Alger (Le Soir) Performantes et actives en matière d'exportations hors hydrocarbures, davantage de sociétés algériennes le sont. Lors d'une cérémonie organisée mercredi dernier par le World Trade Center Algeria (WTCA), en présence du ministre du Commerce, Amara Benyounès, les Trophées de l'Export 2013, les onzièmes du genre depuis 2003, ont été décernés à six entreprises algériennes. Ainsi, le Trophée Export a été attribué à la Sarl Laiterie Soummam, leader dans la fabrication de produits frais et couvrant bien le marché domestique mais qui a aussi exporté pour 3 millions d'euros notamment vers la Libye. Deux trophées d'encouragement ont été décernés à la société SOPI, spécialisée dans la fabrication de pâtes alimentaires et couscous (label MAMA), et à l'entreprise Chiali Tubes, opérant dans la fabrication des tubes PVC. Le Trophée Spécial du Jury (constitué des représentants du WTCA, de l'Association nationale des exportateurs algériens, de la Direction générale des Douanes, de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie et du Forum des Chefs d'entreprises) a été décerné au groupe SAH, spécialisé dans la fabrication et commercialisation d'articles hygiéniques tandis que le Trophée Institution a été attribué au Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS) qui relève des Douanes algériennes. Le Prix d'Honneur a été décerné à la société privée HB Technologies, opérant dans le domaine de la production et personnalisation des cartes bancaires et intelligentes et fourniture de solutions de sécurité. Fournisseur au niveau national de banques et opérateurs de téléphonie mobile et engagé dans une stratégie d'internationalisation, HB Technologies contribue à la réduction de la facture d'importation, avec un chiffre d'affaires à l'export de quelques 700 000 euros réalisés dans des marchés d'Europe du Nord. Ainsi, des entreprises nationales sont capables de contribuer à la réduction de la facture d'importation, au développement d'une production locale et novatrice et à l'impulsion d'une dynamique d'internationalisation efficace. A charge cependant que «les autorités fassent confiance aux entreprises locales», dira le P-dg de H B Technologies, Abdelhamid Benyoucef, ou que les moyens logistiques et autres soient davantage disponibles pour les opérateurs nationaux, le gérant de la Sarl Laiterie Soummam, Lounis Hamitouche, évoquant le besoin d'avions frigorifiques. Ainsi, les Trophées Export dont une soixantaine a été décernée depuis 2003 démontrent que le produit algérien est valorisable à l'extérieur et que des exportateurs arrivent à se placer sur les marchés internationaux même pour des montants peu significatifs. En ce sens, le directeur général du WCTA, Ahmed Tibaoui relève que plus de 500 opérateurs ont réussi cette dynamique « malgré, souvent, beaucoup de difficultés inhérentes à notre système économique qui est mieux organisé pour les importations que pour les exportations». Certes, différentes mesures ont été initiées ou sont envisagées par les pouvoirs publics pour améliorer l'environnement des exportations hydrocarbures, d'autant que celles-ci atteignent à peine 3,5% des exportations globales et que la triple nécessité de diversifier l'économie nationale, préparer l'après-pétrole «dès aujourd'hui» et de mettre en place une économie de production s'impose selon M. Tibaoui. Néanmoins, ces mesures «restent insuffisantes au regard des exportateurs qui rencontrent beaucoup de difficultés», dira le responsable du WTCA qui estime, ce faisant, que «c'est un travail de longue haleine pour transformer notre économie du statut d'importatrice à celui d'exportatrice». Certes, le ministre du Commerce reconnaitra la persistance d' «entraves» à la dynamique d'exportation. Toutefois, il évoquera l'élargissement projeté des domaines d'intervention du Fonds spécial des exportations et assurera de la disponibilité permanente des pouvoirs publics. Néanmoins, Amara Benyounès estime que l'exportation des produits hors hydrocarbures locaux vers des marchés fort concurrentiels est possible mais reste liée à leur qualité, leur conformité aux standards mondiaux. Un produit qui « n'est pas bon ne peut être exportable malgré les aides de l'Etat», assure le ministre du Commerce qui estime qu'il revient à l'Etat de soutenir les produits dotés d'avantages comparatifs. En ce sens, Amara Benyounès réfute toute crainte quant à l'impact de l'adhésion attendue à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur la production nationale. «Personne ne va brader l'économie nationale et la production nationale», déclare le ministre du Commece qui considère qu' «il ne faut pas avoir peur de l'ouverture». Pour autant, il ne s'agit pas de mettre sur le marché domestique des produits insuffisants, de mauvaise qualité et à des prix élevés, avertit M. Benyounès. Il s'agit plutôt de mettre sur le marché des produits dont la qualité soit approchante de celle des produits importés, dont le prix le soit également et dont la disponibilité soit continue, estime-t-il. Sinon, «on ne peut pas fermer la porte aux importations», dira-t-il.