Une nouvelle loi anti-corruption est entrée en vigueur au Brésil au début de l'année 2014. Les entreprises prises en faute pourront payer une amende allant jusqu'à 20% du chiffre d'affaires. Mais les modalités d'application font craindre des dérives. Proposée par l'ancien président Lula il y a dix ans, approuvée au Congrès avant d'être promulguée le 1er août 2013 par la présidente Dilma Rousseff, la nouvelle loi brésilienne sur la corruption est entrée en vigueur fin janvier 2014. Celle-ci vise spécifiquement les entreprises. En cas de faute, elle prévoit une amende pouvant s'élever de 0,1% à 20% du chiffre d'affaires de l'entreprise, ou de 6 000 à 60 millions de reais (20 à 30 millions de dollars) si le chiffre d'affaires ne peut être pris comme référence. Des montants décrits comme «très élevés» par tous les observateurs. «Vous imaginez comment les pressions contre le texte ont pu être fortes durant dix ans de parcours législatif», observe le directeur exécutif de Transparência Brasil. Un coût de 20 à 30 milliards d'euros par an Le nouveau texte concerne non seulement la corruption établie mais aussi les tentatives de corruption. Ce qui fait polémique. «La loi prévoit la ‘‘responsabilité objective'' de l'entreprise sans qu'il soit besoin de prouver qu'elle soit coupable», ce qui empêche que l'entreprise ne se retranche derrière un salarié en cas de soupçon de corruption, décrypte un professeur de droit administratif à la Fondation Getulio Vargas de Rio de Janeiro. L'entrée en vigueur de la nouvelle loi anti-corruption est pourtant jugée «très positive» par la Fédération des industries de l'Etat de São Paulo (Fiesp), représentant 130 000 installations industrielles. Tout simplement parce que «la corruption mine l'économie et la compétitivité du pays», constate le directeur du département «Compétitivité et technologie» de la plus grosse fédération patronale brésilienne. Le coût de la corruption s'élèverait, selon les sources, de 40 à 70 milliards de reais par an (20 à 30 milliards d'euros) ! Ce qui fait du Brésil l'un des mauvais élèves de l'indice de perception de la corruption au niveau mondial. En 2013, le pays y occupait la 72e place sur 177, perdant 3 places par rapport à l'année précédente...