M. Bouchama, A. Andaloussi et S. Sid Le match Belgique-Russie conditionnait naturellement le déroulement de cet inédit Corée du Sud-Algérie, quatrième rencontre de la poule H durant ce premier tour. Le but du Lillois, Origi, qui a offert le succès et la qualification aux Diables rouges a mis Sud-Coréens et Algériens dans l'obligation de l'emporter pour se frayer la voie des huitièmes. Une victoire et c'est le dauphin des Belges qui sera désigné au terme de cette empoignade pour laquelle les deux coachs, Hong et Halilhodzic, ont opéré des changements. Le premier sur le plan stratégique, en maintenant l'ensemble des joueurs ayant débuté le match face à la Russie, mardi passé, sanctionné par une probante parité, tandis que le sélectionneur des Verts a renvoyé sur le banc 5 éléments du Onze de départ aligné face à l'équipe de Wilmots. Mahrez, Mostefa, Soudani, Taïder et surtout Ghoulam, passeur décisif sur le penalty provoqué et marqué par Feghouli, ne sont plus là. Coach Vahid qui avait promis des changements au lendemain de la défaite contre l'ogre belge leur a préféré Djabou, Brahimi, Mandi, Slimani et le revenant Mesbah. Un coup osé qui, sur le terrain, s'est traduit par une réécriture du schéma tactique : les Algériens évoluent désormais avec un classique 4-3-3 avec un récupérateur (Medjani), un relanceur (Bentaleb) et un meneur (Brahimi). Surtout une pointe à l'anglaise (Slimani) et deux ailiers de poche, disons à l'algérienne. Une marque qui a eu de l'effet dès les premiers ballons : Feghouli se trouvant dans les 6 yards bottant un cuir perdu dans les décors (2'), imité deux minutes plus tard par Brahimi qui, suite à un cafouillage, reprendra une volée au-dessus des bois de Jung (4'). L'ascendant des joueurs de Halilhodzic se poursuivra. Après un corner mal négocié par Brahimi, Djabou exécute le second coup de coin au profit des Verts. Le lutin du CA de Tunis dépose le cuir sur le crâne de Slimani dont la reprise dévissée passe à côté (8'). Les Taiguk Warriors, eux, posent leur habituel 4-4-2 dans lequel le centre-avant Park Chuyoung jouit d'une certaine liberté : ni pointe ni ailier, le coéquipier de Belkalem à Watford se démène partout, en largeur et en profondeur provoquant des «tirades» au sein de l'arrière-garde algérienne. Quelques incursions, terrain glissant aidant, les Coréens reprennent confiance et se mettent à créer le danger dans le camp algérien. La défense conduite par Bouguerra panique, mais M'Bolhi est là pour rassurer un axe qui a du mal à poser ses pieds sur la grasse pelouse de l'Aréna Baixada. Devant, Slimani n'est pas dans son élément. Pas de pivot pour servir de bons ballons à ses coéquipiers, le centre-avant du Sporting Lisbonne sauve même une balle de but quand, suite à un impeccable retrait de Mandi, il détourne la balle qui fuyait au fond (21'). Slimani, pas dans son élément, ouvre la voie L'ancien Bélouizdadi ne se décourage pas. Un long dégagement de Medjani, entre les deux axiaux, Slimani ne tremble pas et tente un lob victorieux (26'). Les Coréens sont bouche bée puis, deux minutes après, étourdis suite à un corner de Brahimi rageusement repris de la tête par Halliche (28'). 2-0 à peine une demi-heure, qui l'aurait imaginé ? Pas Halilhodzic, en tout cas, qui a fini par comprendre que les Verts n'ont pas les qualités pour jouer la défensive, de surcroît à outrance comme ils ont été obligés de le faire face aux Belges. Dans le stade de Porto Alegre, les férus du beau jeu, Algériens et Brésiliens, sont ravis tant le spectacle offert par les coéquipiers de Feghouli est assez plaisant. Offensifs à souhait, les Verts vont se régaler aussi. Une troisième banderille, signée Djabou (un autre joueur issu du cru) enverra Hong Myungbo, une bonne fois, dans son banc, lui qui voulait secouer les siens au bout du second but algérien (38'). Avec trois buts d'avance au tableau d'affichage, les Verts se devaient de continuer à œuvrer pour assurer leur premier succès dans cette Coupe du monde. La mi-temps et les consignes de Halilhodzic ne pouvaient qu'offrir un plein de sérénité aux Algériens. C'était oublier qu'en face, les Coréens, jouant leur va-tout, étaient obligés de réagir. Et leur réaction se traduira au bout de cinq petites minutes, suite à une faute de marquage, ponctuée par un bolide de Son Heungmin entre les jambes de M'Bolhi (50'). Une réduction qui donnera des ailes aux joueurs de Hong, soutenus par leur bruyant public, qui vont acculer la défense algérienne prise de panique. Mandi (59') puis M'Bolhi (61') sauveront l'équipe de buts quasi dedans. Dans cette inexplicable reculade, une éclaircie de génie de Feghouli qui s'en va solliciter le une-deux avec le stratège de Grenade, Brahimi. Ce dernier, dans une position idéale, met le ballon au fond (62'). Les trois premiers points de l'Algérie depuis un certain Chili-Algérie (2-3), le 24 juin 1982 à Oviedo, lors du Mondial espagnol, semblaient acquis (4-1). L'œuvre des virtuoses Les Coréens ne lâcheront pas, se créant de nouvelles opportunités de remonter le score. Celle intervenue à la 72' permettra à Koo Jacheol de crucifier le portier des Verts, M'Bolhi très prompt, une minute plus tard, à repousser un centre-tir de Yun Sukyoung en corner (73'). Le dernier quart d'heure était un long moment de la partie à gérer. Le coach coréen a incorporé trois attaquants supplémentaires avec l'ambition de remonter un handicap de deux buts. Son alter ego alignera Ghilas à la place de Djabou, fatigué, puis Lacen, un médian qu'il avait intégré lors des vingt dernières minutes du match face aux Belges, avec les effets (négatifs) qu'il est inutile de rappeler. La gestion du temps et des ressources physiques qui allait être confortée par l'incorporation de Belkalem comme axial suppléant, Bouguerra étant carbonisé par les duels engagés avec les athlétiques avants coréens. Une victoire, la première dans ce tournoi, qui ouvre la voie d'une qualification historique au second tour pour l'Algérie de Feghouli et des virtuoses. M. B. Fiche technique Porto Alegre, stade Aréna Baixada de Beira-Rio, temps doux, terrain bon, affluence nombreuse (42 532 spectateurs), arbitrage de M. Roldan Wilmar (Colombie) assisté de MM. Eduardo Diaz (Colombie) et Christian Lescano (Equateur). 4e arbitre : Alireza Faghani (Iran). Arbitre de réserve : Kamranifar Hassan (Iran). Commissaire au match : Luis Chiriboga (Equateur). Buts : Slimani (26'), Halliche (28'), Djabou (38'), Brahimi (62') Algérie, Son Heungmin (49') , Koo Jacheol (72') Corée du Sud. Avts : Lee Chungyong (52') , Han Kookyoung(69') Corée du Sud, Bouguerra (66') Algérie Corée du Sud : Jung Sungryong, Yun Sukyoung, Kim Younggwon, Son Heungmin, Park Chuyoung (Kim Shinwook, 57'), Lee Yong (Lee Keunho, 64'), Koo Jacheol, Han Kookyoung (Ji Dongwon, 77'), Ki Sungyueng, Lee Chungyong, Hong Jeongho. Entr. : Hong Myungbo. Algérie : M'Bolhi, Mandi, Bouguerra (Belkalem, 88'), Halliche, Mesbah, Medjani, Bentaleb, Feghouli, Brahimi (Lacen, 76'), Djabou (Ghilas,73'), Slimani. Entr. : Halilhodzic. Echos Arsène Wenger fan des Verts Présent lors de ce match Corée du Sud- Algérie, aux côtés des journalistes algériens dans la tribune médias, le manager d'Arsenal, Arsène Wenger, a suivi passionnément la rencontre. Le technicien français a même applaudi le second but de Rafik Halliche. Djabou ovationné Dès sa rentrée sur le terrain, le petit lutin des Verts, Abdelmoumen Djabou, a fait l'objet d'une standing-ovation de la part de la galerie algérienne qui l'a ovationné à chaque toucher du ballon. L'EN établie à l'hôtel Pestana de Curitiba La sélection algérienne quittera demain après-midi son camp de base à Sorocaba pour se rendre à Curitiba, ville qui accueillera le dernier match des camarades de Djabou face à la Russie. Là-bas, ils éliront domicile à l'hôtel Pestana, un 5-étoiles situé en plein centre-ville.