On faisait notre ronde anti-dé-jeûneurs, Chef, lorsque nous entendîmes des propos sacrilèges surgir d'une salle. L'individu ici présent clamait, du haut de la tribune où il trônait devant un parterre de mécréants, que nous ne pouvions pas tous rentrer dans le panier à salades : «Jeûner ou pas reste un droit.» Il criait dans le micro, je t'jure, Chef ! On s'est regardé tous les deux en même temps : quoi, on a le droit de ne pas jeûner, qu'il dit ? Si lors des Ramadhans derniers, on a embastillé de pauv'types pour un crouton ou une pichenette d'eau, lui, là, c'est carrément Guantanamo ! Et tout de suite ! Si vous aviez entendu les autres blasphèmes qu'il a proférés ! Il a même dit que les Juifs ont le droit de vivre chez nous, Chef ! Mais, malheureux, c'est Mohamed Aïssa, le nouveau ministre des Affaires religieuses. Euh, ah, bon... ! Mais alors, il faisait semblant... juste pour qu'on dise qu'on a des droits en Algérie et des choses comme ça, Chef ? Mais non, c'est... C'est nouveau alors, Chef, comme la mercuriale des prix qu'on fixe à chaque Ramadhan et qu'on oublie aussitôt après ? Arris Touffan