Comme chaque année, les services des urgences connaissent un afflux considérable durant le mois de Ramadhan. Plusieurs pathologies liées au jeûne viennent ainsi se «greffer» aux cas soignés durant l'année. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Hier encore, le service des urgences du CHU Mustapha-Pacha à Alger ne chômait pas. La salle d'attente des urgences médico-chirurgicales grouillait de monde. La plupart souffrent de problèmes d'estomac, d'indigestions, de coliques, d'intoxications alimentaires ou d'hypoglycémie. Tous des malaises liés au jeûne. Assis sur les quelques sièges de la grande salle d'attente, Salah, 76 ans, attend avec impatience son tour. Des signes de faiblesse sont visibles sur son maigre visage. «Je me sens complètement affaibli, je ne peux même pas me mettre debout», témoigne-t-il. Atteint d'un diabète de type B, le septuagénaire affirme ne pas respecter les consignes de son médecin traitant. «Mon médecin m'a recommandé de ne pas jeûner mais je jeûne tout de même. C'est plus fort que moi, je ne peux pas ne pas le faire», dit-il avec entêtement. Une obstination qui lui a valu une hypoglycémie. D'ailleurs, pour entrer en salle de consultation, Salah a eu besoin de l'aide de son frère et son neveu qui l'accompagnaient. Il est midi. Un autre cas vient d'atterrir dans le service. Allongé sur un brancard, un jeune homme, tout pâle, se recroqueville de douleurs. Son accompagnateur le trimbale d'une salle à une autre. Il semble éprouver des difficultés à manipuler le brancard dans les couloirs du service, sous le regard indifférent des infirmiers. «C'est mon voisin. Il souffre de douleurs atroces au ventre depuis ce matin et le médecin vient de diagnostiquer une intoxication alimentaire très sévère. Je l'ai conduit dans une salle pour qu'on lui administre quelques traitements», explique son accompagnateur. Selon lui, cette intoxication est due à des pâtisseries bon marché consommées la veille. A cet instant, son téléphone mobile retentit. «C'est l'épouse de mon voisin qui vient de m'appeler. Elle semble avoir les même symptômes que son mari et je dois aller la chercher», dit-il avant de se diriger vers son véhicule garé à proximité du service d'urgence. Selon des médecins de garde, les crises d'ulcère, les crises de côlon, les gastrites, les indigestions et les intoxications alimentaires sont les cas les plus fréquents durant le mois de Ramadhan. Des pathologies qui surgissent souvent après la rupture du jeûne, car, explique-t-il, «les gens mangent vite et ne lésinent pas sur les quantités et digèrent ainsi mal». A cela s'ajoute, la consommation de boissons gazeuses et celles acides telles que les cherbet qui sont ingurgitées après de longues heures de jeûne. Autre maladie signalée, l'hypoglycémie. «Ce ne sont pas uniquement les diabétiques qui font de l'hypoglycémie. Même les autres jeûneurs non atteints de diabète connaissent, eux aussi, des baisses de glycémie durant le Ramadhan», explique l'un des médecins de garde aux urgences médico-chirurgicales. Les déshydratations et les insolations sont également des cas assez récurrents aux urgences. «Le Ramadhan coïncide avec l'été et certains jeûneurs sont victimes de déshydratation, d'insolation ou alors de migraines», dira encore l'un des médecins. Le service de réanimation connaît, pour sa part, de nouveaux cas notamment les coma-cétosiques (hausse de glycémie à cause du non-respect du régime alimentaire du patient) ainsi que les victimes des accidents de la circulation.