Les 32,57 millions de téléspectateurs allemands devant leur télé mardi soir — un record — étaient encore en pleine euphorie hier après la correction historique (7-1) infligée au Brésil, et beaucoup se rêvent déjà champions du monde. Alors dimanche, en finale, «l'Argentine ? Les Pays-Bas ? Peu importe ! L'Allemagne est favorite», s'emportait le quotidien Die Welt, traduisant à sa Une l'état d'esprit général. «Je n'arrive pas à croire ce qui s'est passé (...), on a super bien joué », s'exclamait dans la nuit un homme âgé portant le maillot de l'équipe d'Allemagne, encore en plein rêve. Difficile pour beaucoup de supporteurs de la Mannschaft de réaliser, après avoir vu leur équipe mener 5-0 déjà après moins d'une demi-heure de jeu face aux hôtes brésiliens. Alors que le coup de sifflet final n'avait pas encore retenti, mardi soir, pétards et feux d'artifice avaient déjà éclaté dans Berlin. Des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées devant des écrans géants sur l'avenue menant à la Porte de Brandebourg, comme pour chaque rendez-vous de la Mannschaft en Coupe du monde depuis l'édition 2006 à domicile. A travers toute le pays, la fête s'est poursuivie tard dans la nuit, défilé de voitures qui klaxonnent, bière coulant à flot... comme si le triple champion du monde allemand avait déjà décroché la quatrième étoile après laquelle il court désespérément depuis 1990. Hier matin, les médias ne savaient plus quels termes employer : «incroyable», «phénoménal», «surréaliste», «digne d'un champion du monde»... «Il n'y a pas de mots !» «Il n'y a pas de mots !», tranchait en Une le Bild, quotidien le plus lu d'Allemagne, tout en célébrant Miroslav Klose «Dieu du football»pour son record de 16 buts en quatre Coupes du monde qui lui a permis de «détrôner l'un des plus grands footballeurs brésiliens de tous les temps », Ronaldo. «C'était fou ! Qui aurait prévu ça ?», a réagi le maire de Berlin Klaus Wowereit, estimant que les Allemands avaient «tout pour devenir champions du monde». «Nous avons très probablement assisté à un événement du siècle (...) Je ne peux toujours pas y croire », commentait l'ancien international Olaf Thon, champion du monde 1990, sur la radio publique Deutschlandfunk. L'exploit de l'équipe d'Allemagne a d'ailleurs fait tomber un record d'audience télévisée. Dans tout le pays, Dans le pays, 32,57 millions de téléspectateurs ont suivi le match sur la chaîne publique ZDF, soit l'événement le plus regardé de tous les temps à la télévision allemande. L'ancien record datait de la demi-finale de Coupe du monde 2010, perdue par la Mannschaft face à l'Espagne (1-0). Dès hier matin, ZDF rediffusait d'ailleurs cette rencontre déjà historique. Le président allemand Joachim Gauck et la chancelière Angela Merkel avaient prévu de faire le déplacement à Rio de Janeiro, dans l'espoir de rapporter le trophée Jules Rimet. Ils peuvent prendre leurs billets. Encore une marche à franchir «Félicitations pour la qualification en finale. Nous sommes tous à vos côtés», a lancé sur Twitter le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert. «Quel match! En route pour Rio de Janeiro !», s'est exclamé le chef de la diplomatie, Frank-Walter Steinmeier, sur le réseau social. La victoire écrasante face aux quintuples champions du monde en demi-finale déclenche d'autant plus d'euphorie qu'elle fait suite à une série de désillusions pour la génération dorée du football allemand et ses stars Schweinsteiger, Lahm, Özil ou Klose... Après la défaite cruelle en demi-finale à domicile face à l'Italie au Mondial-2006 (2-0), la finale de l'Euro-2008 perdue contre l'Espagne (1-0) et une autre demi-finale perdue au Mondial-2010 en Afrique du Sud, encore contre l'Espagne, les Allemands rêvent de remporter leur premier titre depuis l'Euro-1996. Pour cela, il restera une marche à franchir dimanche, contre l'Argentine ou les Pays-Bas, qui se sont affrontés hier. Certains craignent déjà que l'excès d'euphorie du public gagne les joueurs et les fasse échouer tout près du but. «Avec une victoire 7-1, l'Allemagne a été la meilleure équipe en demi-finale», reconnaissait sobrement le président du Comité international olympique, Thomas Bach. Mais il a aussitôt averti : en finale, on démarre à 0-0. L'équipe peut être confiante, mais elle n'a pas le droit d'être complaisante.