Le ministre de la Communication souhaite instaurer «un cercle vertueux» et «assainir» le secteur de la presse écrite. Invité, mardi soir, du forum de Liberté, Hamis Grine a démenti être intervenu dans le processus de recouvrement des dettes lancé par les imprimeries publiques. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) Le projet du ministre de la Communication tient en deux mots : vertu et assainissement. «Je souhaite instaurer un cercle vertueux. Le journaliste ne doit pas faire de morale, mais il doit avoir une morale. Cela est valable pour les éditeurs. Ils doivent faire preuve de vertu en développant des sociétés de presse vertueuses, saines, et en offrant des salaires décents aux journalistes», a insisté, mardi soir, Hamid Grine lors de son passage au forum de Liberté. Les actions en matière «d'assainissement» touchent autant les journalistes que les patrons de presse. Ainsi, l'installation prochaine de la Commission nationale de délivrance de la carte de presse permettra de «déterminer ceux qui sont réellement journalistes de ceux qui ne le sont pas». «Jusqu'à présent, nous n'avons aucune donnée précise sur le nombre de journalistes en Algérie», a annoncé le ministre. Mais selon lui, la tâche la plus ardue consistera à lancer des actions «d'assainissement» dans le camp des éditeurs. La première devant permettre aux imprimeries publiques de récupérer leur argent. «Actuellement, les imprimeries ont pu recouvrer 20 milliards de centimes sur les 400 milliards dus par les journaux». Mais Hamid Grine dément s'être ingéré dans ces opérations de recouvrement afin de ne pas être accusé «de gérer politiquement» ce dossier. «Je n'ai pas appelé ces responsables pour exiger des faveurs. Je me suis contenté de leur adresser une série de recommandations afin qu'ils résistent à toutes formes de pression et qu'ils soient équitables. J'ai également demandé qu'ils n'épargnent personne et qu'ils se contentent d'en gérer les dossiers sur un plan technique». Dans le cas des quotidiens Djazaïr News et Algérie News, il a révélé avoir rencontré leur propriétaire, Hmida Ayachi, mais a refusé d'intervenir en sa faveur. Pour Grine, seules deux personnes peuvent intervenir directement dans ces opérations : «Le président de la République et le Premier ministre». Mais Hamid Grine se montrera particulièrement gêné par une question relative à l'affaire d'un patron de presse qui aurait déposé 5 chèques sans provision pour payer ses dettes sans que cela ne provoque une saisine de la justice. Il dira ne pas avoir d'informations à ce sujet. Idem au sujet de l'existence de journaux bénéficiant de la manne publicitaire publique qui n'ont jamais été imprimés. «J'ai entendu parler de deux cas, mais je n'ai pas de détails». S'agissant des télévisions «algériennes de droit étranger», le ministre a rappelé que seules cinq d'entres elles disposent d'une autorisation. «Ces télévisions privées sont tolérées du moment qu'elles ne dépassent pas les lignes rouges. Mais nous avons déjà rappelé à l'ordre deux chaînes de télévision», a-t-il annoncé en évitant de citer les noms de ces médias. Mais à en croire le ministre de la Communication, l'ouverture officielle du champ audiovisuel ne semble pas pour demain. «Je ne souhaite pas que se reproduise l'expérience de la presse écrite», a-t-il expliqué arguant du fait que l'audience d'une télévision est bien plus importante qu'un journal à grand tirage. Par ailleurs, Hamid Grine a annoncé l'élaboration d'une nouvelle mouture de la loi sur la publicité. «Il faut mettre de l'ordre dans le secteur de la publicité. C'est un véritable marécage. Des individus, algériens ou étrangers, qui n'ont rien à voir avec ce métier ouvre des agences de communication avec un simple registre de commerce». Mais Grine a refusé de dire s'il est pour ou contre la levée du monopole de l'Etat sur la publicité institutionnelle. «Je ne peux pas répondre à cette question aujourd'hui. Sincèrement, je n'ai pas encore étudié le dossier de l'Anep», a-t-il souligné en précisant être prêt à donner son avis sur ce sujet dans «un mois et demi».