Il faut croire que Poutine est un surhomme politique. A lui tout seul, et contre lui-même, il réalise ce que les chefs d'Etat et diplomates des 28 Etats membres de la Communauté européenne s'échinent à obtenir depuis des années. En effet, dans un chorus superbement orchestré, sans l'ombre d'une fausse note, ils ont poussé le même cri d'indignation contre le Kremlin. On vote même des sanctions économiques qui, soit dit en passant, l'amusent plus qu'elles ne l'effrayent. Il tient le gaz, tiens ! Motif de ce beau courroux enfin uni jusqu'à la dernière note : on soupçonne ledit Poutine d'attiser le conflit en Ukraine. La prouesse de Vladimir, c'est d'avoir obtenu l'unité dans les rangs européens, et de lui faire pousser le même cri de colère sur la base d'un simple soupçon. Logiquement, on aurait dû s'attendre de la part d'une Union si réactive à un simple soupçon, à une dénonciation sans quartier suivie de sanctions économiques draconiennes contre Netanyahou. Ce dernier n'est pas soupçonné, lui, il commet ouvertement et revendique des massacres qui ont pour autre nom crimes contre l'humanité. Lui aussi est l'auteur d'une prouesse stupéfiante. Au lieu d'une dénonciation, il obtient, au contraire, un soutien quasi unanime des gouvernements de l'Union européenne. A. T.