La scène économique nationale vient de perdre un fervent débatteur. Professeur des universités en sciences économiques, acteur dynamique dans le domaine de la recherche et de l'analyse économique et sociale, Abdelmadjid Bouzidi a rendu l'âme jeudi dernier dans un hôpital à Paris. Chérif Bennaceur Alger (Le Soir) En retrait depuis quelques mois, après une maladie, Abdelmadjid Bouzidi avait renoué récemment avec cette scène dont il a été un animateur majeur durant les cinq dernières décades. Défenseur de l'économie socialiste, notamment durant la décade 1970, le défunt a su opérer sa conversion vers l'économie de marché à partir de la fin des années 1980. Ancien conseiller économique à la présidence de la République, durant la décade 1990, membre actif du Conseil national économique et social (Cnes) et de plusieurs think tanks et cercles de réflexion, il était l'auteur de plusieurs ouvrages édités en Algérie et ailleurs mais aussi d'articles, analyses et chroniques parus dans les médias nationaux et en particulier au Soir d'Algérie où il publiait ses Décodages. Abdelmadjid Bouzidi a su exercer une influence particulière sur le débat économique national, souvent critiquée mais jamais rejetée. Rétif au néolibéralisme et réfractaire à toute pensée conformiste mais également adepte du pragmatisme et de la rationalité, il avait œuvré de diverses manières à rendre lisible ce qui est illisible dans les faits et les décisions économiques, à expliciter les problématiques de la planification, de la transition, de l'économie de marché et de la rationalité des politiques publiques, en parfait technicien de l'analyse comparée et comparative. Ainsi, Abdelmadjid Bouzidi a prôné à maintes occasions la double nécessité d'un rôle déterminant mais régulateur de l'Etat et d'une redistribution efficiente et équitable sur le plan social mais aussi l'opportunité d'une dynamique entrepreneuriale stimulée, de renouer avec les ambitions industrielles et d'œuvrer à accompagner la politique de la relance et de la croissance par une politique innovante de l'offre. Une philosophie qui a ainsi marqué sa participation aux divers groupes et comités intersectoriels mis en place ces dernières années. Défenseur de la démocratie et du débat d'idées, d'une gouvernance meilleure, il s'était montré un fervent partisan d'une vision où l'économique prime sur le politique, où l'économique constitue une clé pour la sortie de crise.