Le ministre des Affaires étrangères marocain a, une nouvelle fois, attaqué l'Algérie au sujet de son soutien au peuple sahraoui. Dans un entretien, accordé hier à un journal. Aujourd'hui le Maroc, Salaheddine Mezouar accuse l'Algérie de «bloquer» l'édification de l'Union du Maghreb arabe et de «prendre en otage les cinq peuples maghrébins». Tarek Hafid - Alger (Le Soir) Salaheddine Mezouar revient à la charge. Après avoir qualifié les actions diplomatiques algériennes de «minables», le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération s'en est pris frontalement à l'Algérie dans un entretien accordé à Aujourd'hui le Maroc. Pour le représentant du Makhzen, les principes défendus par les autorités algériennes pour le règlement du dossier du Sahara occidental «bloquent» la construction de l'UMA. «Ces déclarations ne font que réitérer la position maintes fois déclarée par l'Algérie, à savoir conditionner la normalisation des relations avec le Maroc et la relance de la construction maghrébine au respect de la position singulière et anachronique de l'Algérie sur le différend régional autour du Sahara marocain. L'Algérie met son apposition à l'intégrité territoriale du royaume au-dessus de toute autre considération. Les autorités algériennes sacrifient les liens forts et historiques entre les peuples marocain et algérien, hypothèquent l'avenir de la région et prennent en otage les cinq peuples maghrébins. Elles entravent, ainsi, toutes les perspectives d'une coopération fructueuse pour faire face aux nombreux défis de sécurité et de développement auxquels fait face le Maghreb. La position de l'Algérie est d'autant plus singulière que plusieurs autres groupements régionaux ont été construits, malgré les divergences profondes entre ses membres. Comme c'est le cas notamment de l'Union européenne. L'Algérie assumera donc, devant l'Histoire, devant les générations futures et devant la conscience maghrébine la responsabilité de ce blocage». Engagé au début des années 1990 à organiser un référendum au Sahara occidental, le Maroc, par la voix de son représentant officiel, revient une nouvelle fois sur ce principe en qualifiant ce dossier de «différend régional autour du Sahara marocain». Mais Mezouar va plus loin. Il se permet de récuser le rôle de l'Organisation des Nations unies. «Je m'interroge au sujet de l'obsession de certains hauts responsables algériens à se référer à une soi-disant doctrine des Nations unies. De quoi parle-t-on au fait ? Il n'existe pas de doctrine de l'ONU. Les Nations unies préfèrent se référer à une pratique flexible et dynamique qui prend en compte la spécificité de chacune des situations considérées et du contexte historique et géopolitique qui leur est propre. S'il y a une évidence, c'est que l'ONU a démontré que le recours au référendum est une pratique minoritaire. L'ONU n'a supervisé que 5 référendums depuis sa création, privilégiant le recours aux négociations pour le règlement pacifique des différends régionaux. S'il existe une "doctrine", elle est conforme à la démarche marocaine qui privilégie la négociation pour progresser vers la solution politique tant souhaitée par les Nations unies et la communauté internationale.» Dans son délire paranoïaque, Mezouar oublie que son pays a pris par la force le territoire sahraoui et voit en l'Algérie le parfait bouc émissaire : «Qui a fait la guerre au Maroc à Amghala en 1976 ? C'est bien l'Algérie. Qui a parrainé la création, en 1976, d'une pseudo "république" et s'est mobilisé diplomatiquement pour assurer sa reconnaissance ? C'est bien l'Algérie à l'ONU, comme au sein des autres enceintes internationales et régionales, qui, à part l'Algérie négocie avec le Maroc les résolutions concernant le Sahara marocain ? Qui fournit une assistance financière, militaire et logistique généreuse et soutenue au Polisario ? L'Algérie bien évidemment. Qui refuse de permettre au HCR de conduire le recensement et l'enregistrement des populations des camps, faisant fi des appels du Haut-Commissariat pour les réfugiés, du secrétaire général des Nations unies et du Conseil de sécurité ? C'est bien l'Algérie. Depuis la soumission par le Maroc, aux Nations unies, en 2007, de son initiative d'autonomie, qui mobilise ses médias et sa société civile contre le Maroc et ses institutions ? Qui, à part l'Algérie, a une responsabilité imprescriptible par rapport aux crimes de guerre affligés aux détenus militaires marocains ? Enfin qui mobilise ses pétitionnaires aux travaux de la 4e Commission de l'Assemblée générale pour dénigrer le Maroc ? Naturellement, c'est l'Algérie». Entamé dans l'invective, le ministre du Makhzen achève cet entretien par l'insulte. «L'Algérie devrait cesser de prendre ses fantasmes pour des réalités. L'Algérie devrait comprendre que l'exercice du Maroc de sa souveraineté sur son Sahara est irréversible. Ce qui est regrettable c'est cette énergie perdue, ces sommes d'argent dilapidées et cette construction maghrébine retardée. La détermination du Royaume du Maroc est inébranlable face aux gesticulations déplacées, agissements improductifs et joutes verbales infructueuses auxquels l'Algérie nous a habitués».