L'Espagne et l'Italie font face à une nouvelle vague d'immigration clandestine ces derniers jours, avec l'arrivée en Espagne de près de 1 300 migrants et de quelque 3 400 en Italie depuis samedi. Le ministère de l'Intérieur espagnol a convoqué une réunion d'urgence mercredi et décidé du renforcement du dispositif sécuritaire de 475 membres des forces de l'ordre dans les enclaves espagnoles au Maroc de Ceuta et de Melilla, ainsi qu'à Algésiras, ville du sud de l'Espagne donnant sur le détroit de Gibraltar. C'est dans le détroit que plus de 900 personnes, dont des bébés, sont arrivées à bord de bateaux de fortune en une seule journée mardi et transportées à Tarifa, en Andalousie (sud), du «jamais vu» selon la Croix Rouge. Ils ont été accueillis notamment dans des gymnases mais certains devaient être évacués vers d'autres centres, ont affirmé les autorités locales. «Jamais nous n'avions vu ça jusqu'à présent en un seul jour», a affirmé mardi un porte-parole de la Croix-Rouge à la radio publique espagnole. «Il s'est passé la même chose l'année dernière vers les mêmes dates, à la fin du Ramadhan. Il est vrai que cette année c'est exceptionnel», a reconnu le préfet d'Andalousie, Carmen Crespo, à la radio Cadena Ser. Le ministère de l'Intérieur espagnol affirme avoir «maintenu des contacts étroits avec les autorités marocaines pour trouver la solution la plus rapide possible», alors que la presse, citant des sources policières, affirme que le Maroc a relâché ses contrôles face à la pression migratoire. Le nombre de personnes secourues en mer et prises en charge par la Garde civile a atteint près de 1 300 en quatre jours. Dans le même temps, la pression migratoire s'est également accrue dans l'enclave espagnole de Melilla dans le nord du Maroc. Mercredi matin, plus de 600 migrants d'Afrique subsaharienne ont tenté de franchir la frontière grillagée qui sépare le Maroc de l'enclave, au lendemain d'une tentative similaire de 800 migrants. Mercredi, une soixantaine de migrants a réussi à se hisser sur la clôture où ils sont restés plusieurs heures. Quatre d'entre eux qui étaient blessés ont toutefois pu descendre pour être conduits à l'hôpital. Un deuxième groupe d'une trentaine de personnes a ensuite été intercepté par les forces de police marocaine, a ajouté la porte-parole. La veille, ce sont près de 800 candidats à l'immigration qui s'étaient lancés à l'assaut de la triple barrière, et quelque 80 avaient réussi à passer du côté espagnol. Par désespoir En Italie, la marine nationale a annoncé mercredi que près de 1 400 immigrés avaient été secourus au cours des dernières 24 heures. L'un des navires italiens a pris à son bord 686 immigrés et se trouve dans l'attente d'instructions pour savoir où débarquer ces personnes. La marine italienne avait annoncé lundi avoir secouru plus de 2 000 migrants au cours de diverses opérations effectuées pendant le week-end dans le canal de Sicile, le bras de la méditerranée qui sépare l'Afrique du nord des côtes italiennes. Un responsable du ministère de l'Intérieur italien a affirmé qu'en tenant compte de ces nouvelles arrivées, plus de 98 000 personnes ont été secourues en mer depuis le début de l'année. «Ce sont des personnes qui ne viennent pas en Italie pour faire du tourisme mais par désespoir. Un grand nombre d'entre elles continue à perdre leur vie au cours des traversées, en dépit de nos efforts», a-t-il souligné. L'Italie a lancé en octobre 2013 l'opération Mare Nostrum pour secourir les migrants embarqués sur des bateaux de fortune, après deux naufrages ayant fait plus de 400 morts près de Lampedusa et de Malte. Lors d'une réunion début juillet à Milan, la commissaire européenne aux Affaires Intérieures, Cecilia Malmström, a appelé les pays membres à «ouvrir des voies légales pour permettre aux réfugiés d'entrer dans l'UE, car sinon, ils se tournent vers les filières d'immigration clandestine».