La zone de turbulences que traverse depuis quelques jours la compagnie Air Algérie n'a pas tardé à faire réagir les différentes représentations syndicales activant en son sein. Ainsi, après le Syndicat des pilotes de ligne algériens (SPLA), c'est au tour du syndicat PNT - UGTA de monter au créneau, en se démarquant de ce qu'il qualifie de «sorties médiatiques», qui remettent en cause la «sécurité des avions et la pérennité de la compagnie Air Algérie». Abder Bettache - Alger (Le Soir) Le syndicat PNT d'Air Algérie, affilié à l'UGTA, parle de «tirs groupés contre Air Algérie». «Nous, syndicat UGTA-PNT, majoritaire du collectif des pilotes, désavouons et nous nous démarquons de ces sorties médiatiques qui remettent en cause la sécurité des avions et la pérennité de la compagnie», indique-t-on dans un communiqué rendu public et d‘ajouter : «Ces attaques injustes et injustifiées sont jalonnées de mensonges et de déclarations insidieuses, visant le discrédit de la compagnie, dont l'origine renvoie à des cercles biens connus et identifiés. Bien que certains problèmes socioprofessionnels des pilotes, ne datant pas d'aujourd'hui, subsistent encore, nous sommes étonnés quant au choix du timing et de la conjoncture précise pour les faire resurgir. Ces problèmes trouveront leur solution à l'intérieur de la compagnie». Cette sortie médiatique du syndicat UGTA intervient vingt-quatre heures après celle opérée par les animateurs du syndicat autonome des pilotes de ligne algériens (SPLA). Ces derniers, dans un communiqué intitulé «Le SPLA alerte», indiquent que «depuis plusieurs mois déjà, nous avons dénoncé et tiré la sonnette d'alarme, au sein d'Air Algérie et la place publique, concernant les risques importants qu'encourt notre compagnie. Nos dernières alertes datent des grandes assises du transport de novembre 2013 et à travers plusieurs communiqués de presse (2013 -2014), malheureusement, la direction de la compagnie ignore nos alertes et continue aujourd'hui dans sa démarche anarchique». Pilotes fatigués ? Interpellant vivement les hautes autorités du pays, le syndicat dénonce l'incompétence et la cooptation selon des critères régionalistes ou clientélistes. «Aujourd'hui, et après le crash très récent, le comportement de certains responsables et le climat de travail qui règne au sein de la compagnie nous font craindre le pire», s'alarment les pilotes qui font état d'une surexploitation dont ils sont victimes. «Les pilotes d'Air Algérie sont fatigués, en effet, les refus de congés ont atteint des summums (14 mois de reliquat de congés pour certains) avec un total de plus de 132 années de reliquats pour l'ensemble des pilotes», souligne ce syndicat, non sans inquiétude. Le SPLA, qui n'a cessé de dénoncer les écarts de gestion dans cette compagnie, estime que les responsables d'Air Algérie n'ont pas beaucoup le choix. «Ils peuvent soit travailler d'une manière professionnelle et être éjectés aussitôt, ou bien accepter les compromis en portant atteinte à la sécurité des vols et travailler dans l'anarchie», soutient-il, demandant officiellement aux autorités de «se mêler pleinement et rapidement» dans la gestion de cette compagnie au bord d'une catastrophe aux conséquences à la fois économiques et humaines insupportables. Un état des lieux que réfute le syndicat PNT-UGTA, qui considère selon lui, que «les pilotes de la compganie, formés dans des écoles reconnues et agréées, répondent parfaitement aux pré-requis pour l'accès à la filière», a-t-on précisé, ajoutant que «leurs collègues, formés dans les mêmes écoles, sont recrutés par la Qataria et Emirates, sans que cela soulève le holà au sein de ces compagnies». Campagne de déstabilisation Pour le syndicat UGTA, «la tentative d'exclusion de ces pilotes self-sponsor vise des intérêts restreints et mesquins de certains, qui veulent éloigner l'échéance de leur date de départ à la retraite, et ainsi créer une situation de sous-effectif et de blocage de la compagnie». «Profitant de cette incursion médiatique malheureuse, des personnes malintentionnées tentent de discréditer un collègue commandant de bord, jouissant de qualités morales et professionnelles indiscutables», a-t-on mentionné. En somme, le syndicat des pilotes de lignes algériens (UGTA-PNT) a ainsi exprimé sa démarcation de ce qu'il a qualifié de «sorties médiatiques» qui remettent en cause la sécurité des avions et la pérennité de la compagnie Air Algérie. Il saisit ainsi cette opportunité pour lancer un appel à «la sagesse et à la cohésion de tous les collectifs pour préserver la stabilité de la compagnie». Sur un autre chapitre, le groupe français Avico a rendu public un communiqué dans lequel, il dément «catégoriquement les allégations concernant un litige», qui l'oppose à Air Algérie. Le même démenti est signé conjointement par Avico et Air Algérie. Pour rappel, des écrits de presse ont indiqué que le groupe français Avico, qui offre une gamme intégrée de services pour le transport aérien, réclame à la compagnie nationale Air Algérie près de 7,5 millions d'euros de frais d'affrètement d'avions non encore réglés. Ce groupe, par lequel la compagnie nationale passe pour affréter des avions selon ses besoins réguliers ou saisonniers, demande à Air Algérie d'honorer son contrat et évoque un «risque imminent d'arrêt des vols» par les fournisseurs (compagnies d'affrètement), lesquels n'ont pas encore été payés.