De notre bureau de Paris, K. BABA-AHMED Menaces, plaintes, d�nonciations… �a n'en finit pas. L'islam en France ou de France, comme on voudra, et c'est selon, est, ces derniers jours — particuli�rement, au-devant de la sc�ne dans l'Hexagone. Dernier �v�nement en date, cette plainte que vient de d�poser Mohamed Sifaoui contre l'Union des organisations islamiques de France, UOIF (membre du Conseil fran�ais du culte musulman CFCM). L'UOIF, qui a toujours tent� de se faire passer pour une organisation pr�nant un islam r�publicain utilise, en v�rit�, la l�galit� que lui conf�re son statut de membre du CFCM pour instaurer en France les id�es les plus r�trogrades et asseoir les pr�ceptes de son id�ologue Hassan El Benna, et assurer une place de choix � son petit-fils Tarik Ramadan, la direction de conscience des musulmans. Et c'est pr�cis�ment pour s'insurger contre la mise � nu de ce dernier par Mohamed Sifaoui que l'UOIF avait demand�, le 27 novembre dernier, � la cha�ne publique France 2 pas moins que de d�programmer le documentaire de Sifaoui sur le v�ritable visage de Tarik Ramadan qui passait dans l'�mission "Envoy� sp�cial". L'UOIF justifiait sa demande de d�programmation du documentaire par le fait que Sifaoui est "connu pour son hostilit� contre les symboles et les pratiques musulmanes". D�veloppant tr�s largement sur ce que cette qualification implique pour les id�ologues de l'UOIF, Mohamed Sifaoui r�agit dans un communiqu� dat� du 6 d�cembre : "Etant d�crit par l'UOIF comme �tant quelqu'un qui serait hostile aux symboles de la pratique de sa propre religion sousentend que j'aurais renonc� � l'islam et par cons�quent passible, au regard de certaines interpr�tations de la loi islamique, de la peine de mort". C'est pourquoi, apr�s avoir rappel� que son m�tier l'am�ne � se d�placer tr�s souvent dans les pays th�ocratiques appliquant la charia, il s'interroge : "Quel sort pourrait m'�tre r�serv� dans un pays islamiste o� les dirigeants ou la population auraient pris connaissance de l'accusation de l'UOIF ?" C'est pourquoi le journaliste informe dans son communiqu� qu'il d�pose une plainte contre l'UOIF et son secr�taire g�n�ral Fouad Allaoui, de m�me qu'il y signale qu'il a officiellement �crit au Pr�sident Chirac pour l'informer de ce "grave pr�c�dent" et au ministre de l'Int�rieur pour lui demander de prendre les mesures n�cessaires pour renforcer sa s�curit�. Il prend par ailleurs � t�moin "l'ensemble de la presse fran�aise et internationale et, � travers elle, toute l'opinion publique : "Afin que cessent les intimidations � l'�gard de journalistes ou intellectuels qui critiquent les islamistes ou leurs organisations". Au recteur de la mosqu�e de Paris, Dalil Boubekeur, Sifaoui lui demande "de d�noncer et condamner publiquement l'odieux communiqu� de l'UOIF". On ne finira pas de sit�t d'entendre parler de celui qui a si justement d�peint Caroline Fourest dans son excellent ouvrage "Fr�re Tarik" et dans lequel elle a parfaitement mis en relief, par une analyse de contenu des discours et conf�rences de Ramadan, les v�ritables buts de ce pr�dicateur extr�miste qui se cache derri�re les apparences de l'intellectuel �clair�, mod�r� du monde musulman pour mieux inoculer ses id�es extr�mistes. D�cid�ment Tarik Ramadan n'a plus le vent en poupe. A vouloir trop en faire, il commence � se br�ler les ailes et celles de ses proches. Alors qu'il s'�tait vu refuser l'�t� dernier le visa am�ricain pour aller "enseigner" dans une universit� am�ricaine, son fr�re Hani Ramadan, enseignant et directeur du Centre islamique de Gen�ve, qui se croit lui aussi investi d'une mission divine, vient d'�tre licenci� par le Conseil d'Etat de Gen�ve pour avoir tenu des propos faisant l'apologie de la lapidation des femmes. Ayant �puis� son recours — la confirmation de la sanction �tant d�finitive — le fr�re Hani ne pourra plus utiliser les amphith��tres de Gen�ve pour pr�cher la bonne parole. Il pourra toujours, r�torqueront certains, rejoindre son fr�re dans les banlieues parisiennes et profiter de l'�tat de mis�re qui rend si vuln�rables et parfois perm�ables les jeunes sans travail et sans avenir.