La situation chaotique prévalant en Libye inquiète sérieusement l'ensemble de ses riverains. Hier encore, et à partir du Caire où se tient un mini-sommet régional sur la question, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a tiré la sonnette d'alarme, mettant en garde sur de possibles débordements et des répercussions sur «les voisins de la Libye». Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Ce qui concorde parfaitement avec la position de l'Algérie, premier pays à avoir attiré l'attention sur l'étendue réelle de la crise libyenne au lendemain de la chute du régime Kadhafi. A l'initiative d'Alger, qui avait appelé à une réunion des pays frontaliers de la Libye, c'est donc Le Caire qui abrite un second sommet après le premier, tenu à Tunis au niveau des ministres des Affaires étrangères et regroupant les représentants de l'Algérie, de la Tunisie, de l'Egypte, du Soudan, du Niger, du Tchad ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe. Le réchauffement des relations entre Alger et Le Caire depuis l'avènement du nouveau régime du général Abdelfatah Al-Sissi aura ainsi permis de spectaculaires avancées sur ce dossier libyen. Au plan diplomatique, du moins. Ce qui était inimaginable il y a à peine une année, lorsque l'Egypte était entre les mains des Frères musulmans. Ce n'est pas un hasard si le nouveau «Raïs» égyptien a choisi Alger pour sa première visite à l'étranger, en tant que chef, fin juin dernier. La concertation entre les deux plus grands pays de la région sur cette épineuse question libyenne était tout simplement vitale pour tout le monde. Les Américains y sont-ils pour quelque chose ? Il est évident, qu'au moins, Washington ait poussé dans ce sens, via Le Caire, l'Algérie et l'Egypte étant les deux plus grandes puissances militaires dans la région, donc les plus à même de faire face au gigantesque foyer de tension qu'est devenue la Libye. Ce pays, qui disposait d'un énorme arsenal de guerre du temps de Kadhafi, n'est plus, en effet, qu'un vaste territoire, que se disputent diverses milices armées, notamment islamistes, le tout en l'absence de toute autorité politique digne de ce nom. Ce qui se déroule depuis des semaines à l'aéroport de Tripoli illustre parfaitement la situation. «Depuis longtemps, nous avons constaté les répercussions de la situation en Libye sur la sécurité des pays voisins », affirmait le ministre égyptien avant l'ouverture du mini-sommet du Caire. Alger disait exactement la même chose depuis 2011. «Les groupes terroristes en Libye ne limitaient plus leurs actions à des opérations dans ce pays mais s'adonnent également à des trafics d'armes et d'êtres humains, au viol des frontières, ce qui porte atteinte à la souveraineté de ces pays et menace leur stabilité». Le diplomate égyptien n'écarte pas, non plus, des répercussions sur des pays en dehors de la région, ce qui pourrait induire, avertit-il encore, des risques «de différentes formes d'interventions dans les affaires de la Libye. Ce qu'il nous faut continuer d'œuvrer pour éviter». Et c'est exactement la position que défendait l'Algérie depuis le début de la crise en 2011.