Alger abritera une rencontre entre les parties au conflit ou faisant partie de la crise qui secoue le Mali, au cours du mois de juin prochain. C'est ce qu'a révèle le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, au cours d'une conférence de presse animée, hier, au siège du ministère à la veille de l'ouverture de la conférence interministérielle des pays non-alignés. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) «Les contacts multiples que nous avons eus récemment laissent penser qu'un dialogue inter-malien aura lieu , en juin, à Alger», dira plus exactement le chef de la diplomatie algérienne, sans fournir la moindre autre précision à ce sujet. L'Algérie, qui subit de plein fouet les contre-flammes de la tragédie qui frappe ce pays frontalier, est en effet directement concernée par ce lourd dossier. Récemment d'ailleurs, Lamamra avait effectué une tournée dans tous les pays du Sahel, certainement donc pour préparer cette conférence ou une rencontre spécial Mali à Alger. La situation dramatique du Mali qu'il y a lieu d'apprécier dans toute sa complexité : l'effondrement de l'Etat de Bamako, l'émergence de groupes terroristes particulièrement redoutables créant déjà un cocktail détonant en soi. Mais ce n'est pas tout. D'autres facteurs aggravants viennent s'y greffer : l'intervention militaire française, les agissements néfastes de Rabat qui pousse ouvertement vers le pourrissement dans l'objectif de créer une vaste zone de turbulence aux frontières sud de l'Algérie et, enfin, la situation chaotique en Libye. Concernant ce dernier pays, où l'Algérie était contrainte d'ailleurs de fermer momentanément son ambassade et son consulat en raison de la brutale dégradation de la situation sécuritaire, Lamamra fera remarquer qu'en plus du difficile processus de transition d'un régime à un autre, «le phénomène terroriste aggrave la crise. Nous sommes en contact avec tous les pays qui, comme nous, partagent des frontières avec la Libye». La Tunisie, le Tchad, le Niger, l'Egypte et, bien sûr l'Algérie, subissent tous les conséquences de la situation de non-Etat qu'est devenue l'ex-Jamahiriya de Maâmar Kadhafi. Pour le ministre des Affaires étrangères, et «même si certains versent dans l'auto-flagellation s'agissant du rôle de la diplomatie algérienne, l'Algérie déploie d'énormes efforts pour fournir son aide à nos voisins. Notamment en terme de formation, tant dans les domaines civil que militaire (...) Car l'Algérie est non pas un pays frontalier à la région du Sahel mais elle est elle-même un pays sahélien». «Le mouvement des non-alignés et une doctrine qui a un passé, un présent et un avenir» Sur un autre plan, et s'agissant de la conférence interministérielle des pays non-alignés qu'Alger abritera à partir d'aujourd'hui, Ramtane Lamamra défendra avec force ce mouvement, les non-alignés, que d'aucuns classent pourtant dans les vestiges de la guerre froide, elle-même faisant partie d'une page d'histoire définitivement tournée avec la chute du mur de Berlin au siècle dernier. «D'aucuns s'interrogent sur l'opportunité d'un tel sommet, voire même de l'utilité de cette organisation des non-alignés (...) Il ne s'agit pas d'une réaction à ce qui était la guerre froide, mais d'une doctrine. Il s'agit d'abord, comme l'ont conçu ses premiers fondateurs, de parachever les indépendances nationales, d'une démocratisation des rapports entre les Etats et du droit des peuples à l'autodétermination», dira en substance le chef de la diplomatie algérienne. Des objectifs qui ne sont toujours pas tous atteints, de nos jours. Ce qui fera dire à Lamamra que ce mouvement des pays non-alignés «a un passé, un présent et un avenir».