Le Nigeria doit changer d'approche s'il veut mettre fin à l'«interminable» rébellion du groupe islamiste Boko Haram qui déchire le nord-est du pays depuis cinq ans, plaide l'expert Marc-Antoine Pérouse de Montclos dans une étude publiée mardi. Tant au niveau militaire que politique, les actions menées par le pouvoir nigérian face à ce conflit sont «inadaptées depuis des années» et elles ont conduit à un surcroît de violences des islamistes, estime M. Pérouse de Montclos, chercheur à l'Institut français de géopolitique. Il est capital de rétablir la confiance des populations civiles envers l'armée, qui s'est rendue coupable d'innombrables violations des droits de l'Homme, juge l'expert, qui ajoute qu'une assistance militaire étrangère directe contre Boko Haram risque d'étendre le conflit au-delà des frontières du Nigeria. «Sans une réorientation de ses priorités et des efforts manifestes pour regagner la confiance des communautés, l'armée nigériane sera engagée dans un combat interminable contre l'insurrection », écrit M. Pérouse de Montclos dans cette étude en anglais intitulée «Nigeria's Interminable Insurgency? Addressing the Boko Haram Crisis» (Au Nigeria, une insurrection interminable? Comment régler la crise de Boko Haram) publiée par l'institut de recherche londonien Chatham House. La rébellion armée de Boko Haram qui dure depuis 2009, et sa répression féroce par les forces de sécurité, ont fait au moins 10.000 morts. Le conflit a encore gagné en intensité cette année et les insurgés semblent avoir décidé de s'emparer de pans entiers de territoires du nord-est du pays pour créer un «califat islamique» - à l'instar de l'Etat islamique en Irak-, suivant les déclarations du chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, dans une vidéo récente.