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DES CHIBANIS MENACES D'EXPULSION DE LEUR MEUBLE À PARIS
«Si t'as pas d'adresse, t'as plus rien...»
Publié dans Le Soir d'Algérie le 09 - 09 - 2014

Ils ont travaillé «dur» toute leur vie en France, payé leurs cotisations sociales, leurs impôts... et leur loyer, «rubis sur l'ongle». Aujourd'hui, près de quarante chibanis de l'hôtel Voltaire, un meublé vétuste situé rue du Faubourg-Saint- Antoine à Paris (XIe arrondissement), sont menacés d'expulsion. «A notre âge, se retrouver à la rue, on est obligés d'être inquiets», lâche Amarouche, 70 ans, installé sur le lit de sa petite chambre couverte de lino, sous une rangée de chemises pendues. Ils sont décidés à ne pas se laisser faire. Mobilisation et solidarité se multiplient.
Des retraités algériens ou marocains vivent depuis des années dans un hôtel meublé parisien. Il fallait les voir entrer dans les locaux de l'association «Droit au logement» (DAL), à Paris, le 11 août. Une petite dizaine de chibanis («cheveux blancs» en arabe), algéro-marocains, décidés à donner de la voix. La mine renfrognée, pour quelques-uns coiffés d'un béret, ils sont venus en bande et repartiront en bande. Entre leurs mains ridées, leurs dossiers certifiant qu'ils habitent dans un hôtel meublé, 73, rue du Faubourg- Saint-Antoine à Paris. C'est à cette adresse qu'une quarantaine de travailleurs migrants, en règle, vivent depuis dix, vingt ou quarante ans. Munis de leur titre de séjour, les membres de la délégation sont venus organiser la lutte, déterminés à ne pas se faire jeter à la rue. A l'hôtel, mis à part deux Français, tous sont immigrés, algériens ou marocains. Pas une seule femme. Dans les petites chambres miteuses du meublé, beaucoup sont retraités et se font soigner dans les hôpitaux environnants. Zakia Aït-Tayeb, la gérante de leur taudis, qui n'est pas propriétaire des lieux, les a priés de déguerpir. Ellemême étant sommée de s'en aller par une lettre de la préfecture de police de Paris, datée du 7 juillet. A défaut de départ spontané, celle-ci s'expose à une expulsion «sous quelques semaines» et les habitants de l'hôtel par la même occasion. Alors que la procédure d'expulsion était lancée depuis des mois, elle leur a demandé de libérer leur chambre à la dernière minute. Les locataires n'ont été mis au courant du jugement rendu par le tribunal de grande instance de Paris du 26 juillet 2013 que début juin.
«Ils ont décidé de lutter»
Sauf que les chibanis ont encore de l'énergie. A peine au courant de leur expulsion imminente, ils contactent «Droit au logement» (DAL). Les militants fourrent le nez dans les affaires du vieil hôtel du faubourg. Et surprise : «Si la préfecture exécutait sa décision, elle serait dans l'illégalité. Ces gens sont locataires et il ne peut y avoir d'expulsion sans jugement nominatif », explique Jean-Baptiste Eyraud, militant historique du DAL. «Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu ça, souligne-t-il. Parce qu'il n'y a plus beaucoup d'hôtels meublés et que généralement les gens ne restent pas dans ce genre d'habitation. Mais là, ils ont décidé de lutter.» Derrière chaque porte, les travailleurs migrants brandissent leurs papiers et invoquent leurs loyers payés rubis sur l'ongle, tous les mois. Dans le vieil immeuble branlant, pas de trace de douches, les habitants vont se laver aux bains publics. Le lino semble être là depuis la prise de la Bastille et les cafards font la course sur les murs. Youcef Ferkous, 71 ans, s'en fiche. Il rit, même s'il n'est pas content. «Les propriétaires se sont dit c'est des Arabes, avec des Arabes, laisse-les, ils vont se bouffer entre eux, lâche-t-il goguenard. Mais là on est un bloc. Il faut se défendre, qu'ils laissent les vieux tranquilles.» Sa date d'arrivée en France, il en connaît le jour exact : le 25 septembre 1965. Il pourrait se souvenir de la tête du douanier. Ouvrier, intérimaire, il égraine ses années de galères et de petits boulots. Titulaire d'un titre de séjour, il comptait profiter d'une retraite méritée, après une vie de travail. Pendant tout ce temps passé en France, il a cotisé. La perte de son logement serait pour lui doublement dramatique. «Si t'as pas d'adresse, t'as plus rien. T'as pas de parole, t'es foutu. Pour refaire ton titre de séjour, pour tout !» Dépité, il enfonce le clou : «Les sous, c'est ici. Les soins, c'est ici. La sécurité sociale, c'est ici...»
«Désolée pour eux»
Avant la menace d'expulsion, les locataires ne s'étaient jamais vraiment parlé. «C'était bonjour, au revoir, point», explique Mohamed Tinicha, 70 ans. Un œil bleu, un autre marron, un ton désenchanté. Lui partage sa chambre avec le même homme depuis 1971. «On a pu créer une amitié. On était tout jeunes quand on s'est rencontrés. Quand vous avez un type sérieux, tranquille...», glisse-t-il, pudique. Avant de conclure : «On est restés ensemble.» Zakia Aït-Tayeb, qui gère l'hôtel «depuis plus de trente ans» connaît bien les occupants. «J'ai de très bonnes relations avec les locataires. Je suis désolée pour eux, mais moi aussi je suis perdante dans cette histoire.» Selon elle, c'est la Compagnie des immeubles de la Seine, propriétaire des murs, qui veut récupérer son bien. «Ils veulent l'immeuble, tout casser et refaire un hôtel. Le reste ils s'en foutent complètement.» Mal à l'aise, elle a fait passer ces quelques mots à ses hôtes : «Etant des anciens et sérieux locataires, je me tiens à votre disposition pour vous appuyer dans vos démarches auprès de tout propriétaire ou tout exploitant d'hôtel meublé.» A la préfecture de Paris, «le dossier fait l'objet d'une étude très attentive», explique-t-on prudemment. «A ce stade, la demande de concours de la force publique n'a pas encore été accordée. » A ce jour, la Compagnie des immeubles de la Seine, elle, est injoignable. Face à ces incertitudes, les vieux messieurs ont décidé de se battre pour, au moins, être relogé décemment. Le 3 septembre 2014, sous une banderole «Pas d'expulsion — Relogement !», Layachi, Amarouche, Mohamed et les autres, venus en France dans les années 1960 «pas comme touristes mais comme ouvriers pour travailler dans le bâtiment quand il n'y avait pas encore de pelleteuses et de grues», ont battu le pavé. Ils se sont joints à la manifestation contre la politique du logement menée par le Premier ministre français. L'administration a rétropédalé et suspendu le concours de la force publique qui visait à vider cet hôtel miteux avec sa façade défoncée, sa cage d'escalier où courent les cafards et ses 49 chambres sans douches, ni WC, facturées tous les mois entre 380 et 510 €. «On veut être relogés dans le quartier, réclame Amarouche qui vit là depuis quarante ans. Ici, on se sent chez nous. On a nos médecins traitants, nos repères... C'est le XIe arrondissement qui nous a fait aimer Paris.» Affaire à suivre...
LSR Une députée algérienne de l'émigration veut constituer un collectif d'avocats...
L'épreuve très difficile que subissent ces chibanis ne laisse pas indifférents élus algériens et français, associations, médias, etc. Chafia Mentalecheta est députée algérienne de l'immigration, nord de la France, du parti de l'Union des forces démocratiques et sociales (UFDS). Selon les propos tenus à TSA (édition du 30 août 2014), la députée veut constituer un collectif d'avocats pour venir en aide à ces chibanis, pour «voir si l'expulsion est légale ou non», expulsion qu'elle considère «comme inhumaine et qui a des conséquences dramatiques». Elle demande au gouvernement algérien de se manifester et propose même une solution : «D'abord, l'Etat (algérien) possède un patrimoine immobilier à Paris. Il a des immeubles qui sont vides et pour certains squattés par des immigrés roumains et autres. La bâtisse qui abrite le consulat général d'Algérie à la rue d'Argentine était auparavant squattée par des Polonais».... «L'Etat algérien pourrait très bien transformer ces immeubles en foyers pour ces retraités qui ont les moyens de payer leur loyer.»
...«L'association des Algériens des deux rives et leurs amis» interpelle les pouvoirs publics algériens...
Selon El Watan (édition du 6 septembre 2014), l'association Algériens des deux rives et leurs amis (ADRA) dénonce l'expulsion de ces chibanis : «Tous ces résidents ont reçu, en juillet dernier, une notification les priant de quitter les lieux sans qu'aucune solution de relogement leur soit proposée. Ils sont locataires de très petites chambres. Ils ont toujours payé leur loyer et y résident depuis plusieurs dizaines années, dont certains depuis 40 ans», indique ADRA dans un communiqué rendu public le 5 septembre 2014. Le président de l'ADRA, Yougourthen Ayad, explique que «la très grande majorité de ces résidents sont des chibanis algériens, autrement dit, ces invisibles de la France, ces immigrés maghrébins retraités venus travailler à la chaîne en France au début des années 1950». «De par leur statut d'immigrés retraités, ils sont actuellement coincés, car ils ne leur est pas permis de s'absenter plus de trois mois par an hors de France, une situation souvent accompagnée d'une grande précarité. Epuisés par une vie professionnelle physique ardue, beaucoup de ces retraités sont malades et finissent par sombrer dans la solitude et la dépression», ajoute-t-il. L'association ADRA appelle «tous les responsables politiques en France à faire preuve de reconnaissance mais aussi à trouver une solution de relogement dans les plus brefs délais, pour permettre à ces chibanis de vivre dignement». ADRA interpelle également «les pouvoirs publics algériens à renforcer les accords de coopération avec la France pour trouver des solutions durables afin de mettre fin à de telles situations». «Ne serait-il pas plus sage de permettre à ces retraités étrangers ayant été là lors de la reconstruction d'après-guerre de pouvoir terminer dignement leur retraite dans leur pays d'origine tout en ayant la possibilité de continuer à percevoir leurs indemnités, retraites et bénéficier des soins de santé en France ?» s'interroge ADRA.
...Et un député français aux côtés des chibanis
Alexis Bachelay, député (PS) des Hauts-de- Seine (région parisienne), a apporté le 4 septembre 2014 son soutien à la quarantaine de chibanis de la rue du Faubourg-Saint-Antoine (XIe arrondissement de Paris), logés dans un hôtel vétuste et menacés d'expulsion. «Je me suis engagé auprès d'eux à faire remonter leur problématique auprès de la Ville de Paris et des services de l'Etat afin qu'il leur soit proposé une solution pérenne adaptée à leur situation, notamment au regard de leur âge», écrit le député dans un communiqué publié le même jour. Ces immigrés, dont certains ont plus de 80 ans, sont arrivés en France dans les années 1960 pour «participer à la reconstruction et au dynamisme de notre pays», souligne ce député, qui fut rapporteur de la mission d'information parlementaire sur les immigrés âgés.
LSR
Qui sont-ils ?
Chibani (au féminin chibania) signifie en arabe maghrébin «vieux, vieillard, vieil homme» ou «cheveux blancs». Ces termes désignent en France les travailleurs émigrés, généralement maghrébins, mais également originaires d'Afrique sub-saharienne, devenus retraités émigrés. Ils sont également parfois appelés vieux migrants ou émigrés âgés. Ayant fait l'objet d'un statut particulier, les chibanis se trouvent souvent, au moment de leur retraite, lésés par rapport aux personnes de nationalité française ayant exercé le même emploi. Qualifiés à leur arrivée de «jeunes travailleurs», on estime entre 800 000 et 850 000 les personnes relevant de ce «statut de précarité», dont 350 000 ont plus de soixante-cinq ans. Ils sont souvent qualifiés d'«invisibles » ou d'«oubliés».


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