L'EN poursuit sa marche en avant. En disposant du Mali, le favori du groupe B des éliminatoires de la CAN-2015 (Maroc du 17 janvier au 8 février prochain), les Verts ont confirmé leur nouveau statut. Mais cette marge de progression, confortée par une belle Coupe du monde au Brésil, ouvrira-t-elle les portes de la gloire à Feghouli et compagnie au cours de la phase finale de la Coupe d'Afrique des nations ? La présence de l'EN de football au tournoi du Maroc-2015 n'est plus, donc, cette illusion à laquelle le public algérien a pris goût à chaque début de qualifications. Depuis l'affaire Karouf notamment, qui avait entraîné la disqualification de la sélection algérienne du tournoi de Tunisie-1994. Cette fois, vingt ans plus tard, les Verts semblent bien partis pour décrocher l'un des deux billets alloués au groupe B. La victoire de mercredi soir, à Blida, face au Mali, aussi pénible soit-elle, a mis fin aux craintes affichées et par le néo-sélectionneur, le Français Christian Gourcuff, et les fans du Club Algérie tellement échaudés par la mésaventure de l'EN au sortir du Mondial sud-africain qui avait coûté, alors, une participation à la CAN-2012 aux troupes de Rabah Saâdane. Et Medhi Lacen le capitaine de la sélection, mercredi soir face aux Aigles du Mali, ne s'est pas privé de le rappeler aux médias. «Nous avons peur de se rater, comme c'était le cas après le Mondial-2010. Cette fois, les joueurs sont restés concentrés sur leur sujet et l'objectif, gagner les deux premiers matches durant ces éliminatoires est amplement réalisé», a-t-il confié. Lacen ne s'explique pas toutefois sur les raisons de cette réussite. Le médian de Getafe, interrogé si l'effet Gourcuff serait l'une des causes de cette bonne entame, reste évasif assurant qu'il n'est pas temps d'affirmer si la méthode du Breton a permis aux Verts de perpétuer la dynamique engagée sous l'ère Halilhodzic. Juste qu'il omet de souligner que, contrairement à l'après- Afsud 2010 où la participation algérienne était «modeste», l'EN, nouvelle cuvée s'est mentalement bonifiée grâce à ses exploits en terre brésilienne. Tout n'était pas beau... L'avis de Lacen n'était pas l'exception du sentiment général affiché par les joueurs de Gourcuff au sortir de la victoire face aux rugueux Maliens. Idem pour l'ancien coach de Lorient qui relèvera que la manière était le plus important souci de son équipe face au Mali. «C'est une victoire importante qui nous permet d'engranger six points et effectuer un pas vers la qualification. Le Mali, après ce tout qu'il a démontré aujourd'hui, est un prétendant sérieux pour la qualification. Ce succès va nous permettre de travailler dans la sérénité», dira-t-il d'emblée. Gourcuff, qui a mis en avant la fraîcheur physique et le délai court pour préparer ces deux premiers matches a relevé les doutes qui se sont emparés de son team à l'entame du second half. «En 2e mi-temps, nous avons eu des doutes, contrairement à la 1re mi-temps, où nous avons raté des occasions. Sur le plan du jeu, il y a eu un déficit dans la vitesse de transmission de la balle. En dépit des difficultés rencontrées durant le match, l'équipe est restée concentrée jusqu'à l'ouverture du score», a-t-il précisé. Pour convenir, en fin de compte, que «le meilleur est à venir», avec des changements probables sur le double plan humain et stratégique. «Dix jours de stage est un délai court, c'est pourquoi j'ai préféré ne pas opérer de changements au sein de l'équipe. D'ici à un mois, tous les joueurs auront pris leur rythme de compétition et les cartes seront redistribuées», annonce Gourcuff. Le lapsus de Neghiz Le technicien français qui a pratiquement reconduit le même effectif qui était sous la coupe de son prédécesseur Vahid Halilhodzic prépare-t-il pour autant sa petite révolution ? Le rappel des bannis de Coach Vahid, Belfodil et Boudebouz notamment, n'a pas été suivi d'effet. Tandis que Belfodil a joué quelques séquences des matches face à l'Ethiopie puis le Mali, Boudebouz a fait banquette. Idem pour le néo-international Mehdi Zeffane ou encore les revenants «locaux» Chaouchi et Karaoui. Avec le retour attendu des mondialistes Ghilas, Cadamuro et Ghoulam à l'occasion de la double confrontation face au Malawi, en octobre, il faudrait s'attendre «à une redistribution des cartes», comme l'envisage Gourcuff. Son adjoint, Nabil Neghiz, qui refusait de répondre aux médias algériens lors du déplacement à Addis-Abeba, avançait, dans sa déclaration d'après-match à BeIn Sports, que «l'EN va connaître des changements tendant à rajeunir l'équipe». Un «rajeunissement» qui pourrait exclure, par conséquent, de la sélection cette catégorie de trentenaires constituée des Bougherra, Halliche et autres Guedioura et Lacen. Ces derniers qui avaient envisagé de raccrocher sur le plan international vont-ils suivre leurs camarades mondialistes (Yebda et Mostefa) rayés des effectifs lors de la dernière campagne ? Le cas de Halliche et Bougherra, convoqués pour les deux rencontres de ce mois de septembre, mais qui n'ont pas joué face aux Ethiopiens et aux Maliens sous prétexte qu'ils n'étaient pas «prêts» physiquement (pourquoi les avoir retenus ?) seront-ils dans le contingent que Gourcuff choisira pour affronter, en aller et retour, le Malawi le mois prochain ? Le jeune adjoint de Gourcuff pouvait, au moins, produire la précision que cette «révolution» interviendra au lendemain de la prochaine CAN, tournoi pour lequel l'Algérie doit viser, au moins, le carré d'As. Des questions qui méritent réponses. Mais aussi une réflexion sur le «vrai projet» pour lequel la FAF a engagé Christian Gourcuff jusqu'en 2018.