Le «Soir retraite» du mardi 9 septembre avait été entièrement consacré à ces retraités maghrébins vivant à Paris et qui ont failli être mis dehors de leur hôtel meublé. Il y a eu du nouveau depuis : ils viennent de gagner leur première bataille. En juin, cette quarantaine d'anciens travailleurs migrants, installés dans un hôtel meublé, ont appris qu'ils étaient expulsables depuis un an. La gérante, pourtant au courant, ne les avait avertis de la situation qu'à la dernière minute. Un mois plus tard, la préfecture de Paris leur a annoncé qu'ils devaient partir sous quelques jours, sous peine d'être mis à la rue. Après plusieurs semaines de lutte, la ville de Paris a annoncé qu'ils «ne seraient pas expulsés avant la trêve hivernale». Leur cause a suscité l'indignation des riverains, des associations et de certains élus. Déterminés, ils avaient contacté l'association «Droit au logement» (DAL) pour contester leur expulsion. Un élu, adjoint à la mairie de Paris chargé du logement et de l'hébergement, est allé leur rendre visite la semaine dernière. «Ce sont des hommes qui ont produit des richesses en France. Le pays a une dette à leur égard», lâche-t-il. L'adjoint, qui a demandé à la préfecture de ne pas les mettre dehors, va «entrer dans une phase de négociations avec la Compagnie de la Seine, propriétaire des lieux. L'enjeu des prochaines semaines sera de convaincre le propriétaire de l'immeuble de vendre son bien. «L'idéal serait que la ville de Paris soit à même de racheter cet immeuble vétuste pour en faire du logement social.» Du côté du DAL, on est «agréablement surpris de la mobilisation que cette histoire a suscitée». Les chibanis sont venus manifester dans les rangs du DAL «et ont pris de la puissance. L'objectif principal, maintenant, est de rendre ce lieu habitable». «Fatigués» mais «motivés», selon un de leurs délégués, les retraités sont donc sûrs d'avoir un toit pour l'hiver. En mars 2015, fin de la trêve, «aucun d'entre eux ne sera laissé sur le carreau», assure l'adjoint à la mairie de Paris.