Plus de 72 heures après les fracassantes déclarations faites par l'arbitre-assistant international, Mounir Bitam, à la fin du match du championnat de Ligue 2 Mobilis, CABABA-WAT, la commission fédérale d'arbitrage sort de sa réserve et décide de communiquer par les voies légales. Hier, un communiqué laconique annonce l'audition de l'arbitre-assistant, auteur de graves propos à l'encontre du président de la LFP, Mahfoud Kerbadj et du nouveau responsable de la CFA/FAF, Khelil Hammoum, chargés de tous les maux qui polluent l'activité arbitrale en Algérie. Les deux membres du bureau fédéral ont, certes, réagi à travers des mises au point publiques reprises par les médias. Depuis vendredi dernier, date de l'éclatement de l'affaire, ni Kerbadj ni Hammoum n'ont suivi la voie réglementaire qui prévoit, d'abord, la convocation de l'auteur de ces déclarations intempestives, du fait que Mounir Bitam avait toutes les raisons de proposer son témoignage à travers les structures de gestion du football dont la CFA et la FAF, pour son audition. Rien de cela n'a été fait et les deux membres du BF de la FAF ont préféré répondre à chaud sans tenir compte de l'obligation de réserve qui leur est imposée durant ce type d'affaire. Ce n'est qu'hier, avec le retour au pays du président de la FAF, Mohamed Raouraoua, que le «processus légal» a été engagé. Dans son communiqué, la CFA/FAF, d'habitude si discrète dans la communication de ses activités, notamment celles relatives aux dossiers disciplinaires de la corporation, annonce «l'ouverture d'une enquête afin de déterminer les raisons qui ont conduit l'arbitre-assistant Mounir Bitam à avoir un comportement inqualifiable lors du match CABBA/WAT du 19/09/2014 à Bordj Bou-Arréridj». A bien lire le texte, l'enquête diligentée par la commission de Hammoum Khelil sera consacrée à l'étude des «raisons» ayant conduit l'assistant de Mehdi-Abid Charef «à avoir un comportement inqualifiable», c'est-à-dire abandonner ses pairs au cours d'un match officiel après avoir jeté son maillot et son drapeau de linesman. L'enquête n'engloberait pas, à en croire les termes du communiqué, les propos tenus par l'arbitre-assistant dans lesquels Mounir Bitam charge son nouveau responsable et le président de la LFP de quelques griefs qui auraient influencé les résultats de certaines rencontres de l'exercice 2013-2014 et le match de la supercoupe d'Algérie entre l'USMA et le MCA. Ce sont le services du ministère des Sports qui se seraient emparés de cette «mission» ô combien périlleuse. Le MS s'était, le premier, empressé à convoquer Mounir Bitam pour l'entendre et juger de la gravité de ses propos en vue de se «positionner». Sauf que le département du Pr Tahmi, qui a, lui aussi, ouvert sa petite enquête sur ce dossier, n'a, non seulement, aucune autorité sur l'arbitre mais également sur les structures de gestion du football. Cela s'appelle, dans le guide de la Fifa, d'un acte d'ingérence. Pour autant, le ministère pourrait se saisir de l'affaire sous une autre forme, celle consistant à saisir la justice dans le cas où la corruption ou la tentative de corruption seraient avérées dans cette affaire. La CFA qui a fait savoir, par ailleurs, que Bitam est invité à se présenter aujourd'hui devant ses membres pour «répondre des accusations qu'il a portées à l'encontre des dirigeants», évoque, quant à elle, d'éventuelles sanctions dans la mesure où le cas de Bitam «sera soumis à la commission de discipline». La structure présidée par l'ancien président de la FAF, Abdelhamid Haddadj, devra se triturer les méninges pour trouver une parade juridique afin de sanctionner Bitam d'abord pour son «comportement inqualifiable» (jet de maillot et de drapeau) pour pouvoir, ensuite, le condamner pour ses «graves accusations» devant lesquelles les RG et les codes disciplinaires sont muets. Faudrait-il encore que Bitam se présente devant les membres de la CFA/FAF pour renouveler ses déclarations et ses accusations.