Les épreuves du baccalauréat ont été entachées cette année d'une série d'incidents jamais enregistrés depuis l'indépendance. Les syndicalistes et spécialistes du secteur appellent ainsi la tutelle à prendre les mesures adéquates en vue d'éviter que l'édition 2014 ne soit ouverte à tous les dérapages. Le président de la Fédération des parents d'élèves appelle lui à des sanctions ciblées pour ne pas pénaliser l'ensemble des élèves des centres d'examen qui ont connu des perturbations. F-Zohra B. — Alger (Le soir) — Si les deux premiers jours des épreuves du baccalauréat se sont déroulés sans incidents notables, en dépit d'un sujet de mathématiques jugé particulièrement ardu par les candidats, l'épreuve de philosophie pour la filière lettres a donné lieu à un dérapage sans précédent. Des incidents ont ainsi été enregistrés dans plusieurs centres d'examen où les candidats ont usé de violence ou pratiqué carrément la triche en groupe. Cette situation n'a pas été sans provoquer les réactions des syndicats du secteur mais aussi celle de la Fédération des parents d'élèves qui ont condamné les actes commis par les candidats et appelé à plus de fermeté de la part de la tutelle. Le ministère de l'Education nationale a été notamment accusé d'avoir particulièrement lâché du lest au cours des dernières années en répondant aux doléances des élèves sous la pression de la rue et des actions de protestation. Il s'agit notamment du recul de la tutelle sur les questions du seuil des cours à réviser avant les épreuves du baccalauréat et sur l'approche par compétences. Si les épreuves ont pris fin, jeudi, avec un semblant de retour au calme, le ministère de l'Education a choisi de communiquer à la fin de l'examen pour annoncer la mise sur pied d'une commission d'enquête sur les incidents qui ont été enregistrés lors des épreuves de philosophie. La commission débutera son travail au niveau des centres qui ont connu des perturbations. Pour sa part, Hadj-Bachir Dellalou, président de la Fédération des associations des parents d'élèves appellera plutôt à éviter une punition générale au niveau des centres où ont eu lieu les incidents, à cibler les éventuels meneurs et candidats impliqués et ce, pour ne pas pénaliser tous les candidats. «Les deux premiers jours du baccalauréat se sont déroulés dans de bonnes conditions mais malheureusement, des incidents graves ont jalonné l'épreuve de philosophie. Après que la commission d'enquête ait écouté les chefs de centres et les enseignants, l'Onec devrait trancher par la suite», a déclaré Hadj Bachir Dellalou. Et d'ajouter : «Nos enfants ont été naïfs, ils ont écouté ceux qui leur ont proposé des sujets du bac fictifs. Cela est dommage parce que nous avons un des baccalauréats les plus sécurisés au monde et il n'y a pas eu de fuites.» Il annoncera aussi que la Fédération devrait faire des propositions au ministre de l'Education lors de sa visite demain dans les wilayas d'Oran et de Chlef à l'occasion des épreuves du brevet d'enseignement moyen. Les propositions concerneront notamment la fiche de synthèse et le rachat pour le baccalauréat, une deuxième session pour cet examen et l'allégement des programmes. Côté syndicats, Meziane Meriane, porte-parole du Snapest évaluera le bac session 2013 en précisant que le ministre de l'Education nationale aurait dû éviter de parler de l'éventualité de la réintroduction du rachat alors que les épreuves se déroulaient dans les différents centres d'examen du territoire national. «Cette déclaration était particulièrement maladroite du fait que les candidats auraient pu se poser des questions et s'interroger sur l'éventualité d'en bénéficier eux-mêmes», a souligné Meziane Meriane. Il dira, par ailleurs, que la commission d'enquête mise sur pied par le ministère de l'Education devra répondre à la question de savoir pourquoi les candidats du bac 2013 ont usé de copiage et d'actes de violence. «Les concessions faites par le ministère ont aussi influé sur les événements. Des sanctions doivent être prises pour éviter le même scénario en 2014. Il ne faut pas que cela fasse un effet boule de neige. L'administration doit prendre ses responsabilités», dira Meziane Meriane. Il précisera aussi qu'un article de loi devra protéger les surveillants lors des examens de fin d'année. «Nous donnerons instruction aux surveillants de quitter les salles au moindre incident si des mesures ne sont pas prises», a annoncé par ailleurs le syndicaliste.