«Les pays européens font confiance à nos imams parce que ces derniers rattachent l'Islam à leur Etat», a déclaré en substance le ministre des Affaires religieuses et Wakfs, Mohamed Aïssa à Boumerdès où il a lancé, à partir de l'Inped (Institut national de la productivité et du développement industriel) le vaste programme de formation que son département met en branle en direction des cadres, imams, enseignants du Coran et muezzins de la République. Ce programme a commencé, ce dimanche, par toucher les directeurs des Affaires religieuses et du Wakf des 48 wilayas qui recevront des formations dans le secteur de la gestion des projets et du management en général. A l'issue de sa conférence animée en direction des imams de la wilaya, nous nous sommes rapprochés du ministre pour le questionner au sujet du renouvellement de la confiance européenne à l'endroit de nos imams. Ecoutons la réponse «le discours religieux délivré par les imams algériens qui professent dans des mosquées de France a été qualifié par les autorités françaises comme étant un islam ancestral, authentique et modéré. Cet islam s'inscrit dans une démarche qu'épousent d'ailleurs les autorités françaises ; c'est-à-dire qu'il (l'islam) préconise la mise en œuvre des préceptes religieux au service de la société dans une étape d'intégration. Les imams envoyés par l'Algérie en France activent en apprenant à leurs fidèles uniquement les préceptes de l'Islam. En clair, le discours religieux algérien dans les mosquées de France ne détache pas le fidèle de la société française, de son enracinement sociétal. C'est la concordance entre un objectif français et un savoir-faire algérien», dira le ministre, qui n'a pas omis de rappeler un autre élément, le discours radical notamment dont les imams algériens envoyés dans l'Hexagone doivent inclure dans leur feuille de route. «Il y a un autre paramètre qui est récemment entré en jeu, à savoir la radicalisation de toute une frange de la population qui s'inscrit dans le néo-islamisme. Ces néo-convertis sont issus de la deuxième et la troisième génération d'émigrés qui redécouvrent l'islam mais qui sont allés l'apprendre dans les pays du Moyen-Orient et qui reviennent vers la France avec un discours très radical. Il y a un besoin crucial que les mosquées dirigées par les imams algériens deviennent des citadelles qui défendent l'Europe, et par conséquent le Maghreb, contre cette influence en nette recrudescence. Les imams algériens ont ce savoir-faire mais ils ont un handicap de langue. Ce matin, j'ai aussi fait allusion à un programme qui a son budget et son délai pour permettre aux imams l'apprentissage de la langue. La portée de cette démarche globale c'est aussi d'immuniser l'Algérie, en dehors de ses frontières.» Formation et débat pour contrer les extrémistes Le ministre, qui a effectué cette visite à Boumerdès pour lancer son vaste programme de formation dans le secteur des Affaires religieuses, a affirmé que le diplôme de l'imamat sera introduit à l'université dans le système LMD (licence, master doctorat). «La formation est essentielle pour faire face aux défis du XXIe siècle.» Et le ministre de clamer à chaque occasion son attachement aux référents algériens de l'Islam, particulièrement lors de l'inauguration, en compagnie du wali de Boumerdès, Kamel Abbès, du nouveau centre culturel islamique de la ville de Boumerdès. Que pense le ministre de cette institution culturelle ? «Le Centre culturel est le trait d'union entre la mosquée et les citoyens. Certains problèmes ne peuvent pas être débattus dans les lieux de prière. Il faut les débattre dans d'autres espaces, notamment les centres culturels islamiques. Le centre culturel est un lieu où peuvent être débattues les idées notamment les référents de notre islam et le comment appliquer ces référents.» Pour Mohamed Aïssa, même ceux qui rejettent ces référents ont le droit de venir en débattre car, selon lui, le mieux pour convaincre ces réticents est l'argumentation. L'aspect purement culturel n'est, clamera le ministre, pas non plus exclu de ces centres. Pour le ministre, il y a un clivage dans la société algérienne qu'il faut combattre. «Pour certains Algériens, il y a l'Islam du pouvoir et l'Islam de l'opposition. Non ! Il y a un seul Islam sans couleur politique ; celui qui rassemble et qui ne sépare pas. Celui qui est modéré. C'est celui que nous avons appris de nos ancêtres, qui eux aussi, l'ont hérité de leurs aïeux», conclura-t-il.