Véritable pagaille que celle vécue hier par l'APN avec une plénière qui a failli ne pas avoir lieu et qui s'est tenue dans un brouhaha et une anarchie indescriptibles. M. Kebci - Alger (Le Soir) En effet, alors qu'elle était prévue à 9h30, la séance qui devait entériner les nouveaux 9 adjoints du président de l'assemblée ne sera entamée que près de deux heures plus tard, soit vers 11h15mn. Raison de ce retard, les nombreux députés absents, ce qui, d'ailleurs, a causé une relative peur que cette séance ne soit ajournée, faute de quorum. Un quorum atteint in extremis puisqu'ils n'étaient que 234 à être annoncés par le président de séance, Mohamed-Larbi Ould-Khelifa. Et cette absence était loin d'être comme celle «routinière» puisque les députés du FFS et ceux du PT ont opté carrément pour le boycott de cette séance au moment où bien des parlementaires du parti majoritaire et en solidarité d'avec une collègue «spoliée» de son poste de vice-présidente, ont préféré ne pas se rendre à l'Hémicycle. En effet, la députée de Blida, Ghania Idylia, se dit victime d'une «arnaque» en bonne et due forme, elle qui soutiendra avoir été élue par ses pairs comme adjointe au président de l'APN, mardi dernier, par 75 voix contre 74 pour sa concurrente, une députée d'Oran. Mais qu'elle ne fut sa surprise quand, jeudi dernier au matin, affirmera-t-elle, le chef du groupe parlementaire du FLN l'appela pour, «m'inviter à me débrouiller puisque quelque chose se tramait contre moi». Et cette affirmation, que le concerné Tahar Khaoua démentira, estimant que la liste finale des vice-présidents de l'APN a été entérinée par le secrétaire général du parti, autrement dit Amar Saâdani, avant-hier dimanche, se vérifiera puisque cette députée se verra tout simplement «recalée» au profit d'une collègue à elle de la capitale de l'ouest du pays qui, ironisera-t-elle, «m'a félicitée juste après la fin de l'opération de dépouillement des urnes». La concernée tentera bien de se faire entendre parmi ses collègues une fois la liste du nouveau bureau de l'assemblée adoptée dans une cacophonie inhabituelle, mais peine perdue, Ould-Khelifa se contentera de l'inviter dans son bureau, après la séance. En fin d'après-midi, nous avons appris qu'une pétition dénonçant le déroulement de cette opération avait recueilli près de 150 signatures de députés FLN. Les islamistes dénoncent une «vengeance politique» Cette ambiance particulière dans laquelle a été expédiée cette séance n'a pas échappé aux députés de l'alliance de l'Algérie verte, pour qui cette séance est tout simplement caduque du fait, selon son président, que le quorum n'a pas été atteint. Filali Ghouini parlera de seulement 130 députés tout au plus qui étaient à l'intérieur de la salle et en voudra comme preuve tangible de son assertion le huis clos imposé pour éviter que l'on fasse le décompte aisément. Une «entorse», encore une, poursuivra-t-il, infligée, et à la Constitution du pays, et au règlement intérieur régissant le fonctionnement de l'Assemblée. Car le député d'El Islah n'ira pas par trente-six chemins pour parler tout simplement d'une cabale contre l'opposition suite au «barrage» érigé à la face de l'Alliance islamiste pour rejoindre les instances de l'Assemblée, après deux ans de boycott. Annonçant un recours qui sera introduit tout prochainement visant notamment l'invalidation de cette séance parlementaire frappée de «nullité», Ghouni fera porter la responsabilité de ce fait, gravissime, dans les annales parlementaires, au président de l'APN qui porte, à ses yeux, seul, la responsabilité dans le «piétinement du règlement intérieur régissant le fonctionnement de l'assemblée alors que l'article 9 de ce même règlement mentionne clairement que le président se doit de veiller à l'application et au respect de ce dernier». «On a fait une lecture erronée de l'article 13 qui stipule clairement que les groupes parlementaires se devaient de se concerter sur une représentation dans les instances de l'APN au prorata du poids parlementaire de chacun ou, à défaut, s'entendre sur d'autres normes de représentation et dans un ultime recours, laisser libre à tout député la liberté de candidater dans une séance pour ce faire», dira le chef du groupe parlementaire de l'AAV. Ce qui n'a pas été fait alors que, comble de tout, cette éviction de l'AAV a été motivée par un alinéa de ce fameux article qui «n'existe même pas», voilant par là des mobiles politiques visant à exclure l'opposition, allant même jusqu'à parler de vengeance politique à l'encontre d'un courant dont la locomotive, le MSP, a changé de camp pour balancer dans une opposition frontale d'avec le pouvoir.