«A l'instar de nombreuses sociétés pétrolières à travers le monde, Sonatrach se prépare activement à utiliser les technologies de l'exploration des ressources non conventionnelles pour les tester au niveau de sites pilotes pour les formations schisteuses». Des propos qu'a tenus hier le ministre de l'Energie, M. Youcef Yousfi, dans le cadre de la conférence internationale sur l'industrie du gaz en Algérie qui s'est déroulée au centre des Conventions d'Oran. Toujours au sujet de l'exploitation du gaz de schiste en Algérie, le P-dg de Sonatrach, M. Saïd Sahnoun, lui emboîte le pas et déclare «nous avons dépassé le stade d'hésitation, nous entrons de plain-pied dans la mise en œuvre de la feuille de route que nous avons développée». Il n'y a plus de doute, le pays est bien engagé dans cette voie malgré la désapprobation d'une bonne partie de la population notamment celle du Sud, ainsi que de certains experts qui rejettent ce projet. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - Le ministre de l'Energie a souligné les quatre axes autour desquels seront concentrés les efforts en matière de potentialités significatives en hydroélectricité et en charbon. Ainsi, il aborde l'évaluation et la préparation de l'exploitation des ressources non conventionnelles, précisant que le potentiel de ces ressources dans notre pays est considérable. «Entre les schistes et les formations compactes, il y aurait quelque 1 000 TCF de gaz et une dizaine de milliards de barils de liquide techniquement récupérable». Dans son discours, le ministre se montre convaincu par la maîtrise du forage horizontal et la fracturation dans les opérations classiques dans l'industrie des hydrocarbures. Tout en soulignant, «la nouveauté de la combinaison du forage horizontal et la fracturation étagée, qui a donné naissance à la révolution des schistes.». Plus loin, il tente de rassurer les réfractaires de l'exploitation du gaz de schiste qui n'étaient bien évidemment pas conviés à cette rencontre, en mettant en avant la mise en place d'une gestion rigoureuse des ressources en eau et de la préservation de l'environnement. Le P-dg de Sonatrach prendra par la suite la parole et sera, quant à lui, plus explicite et plus précis quant à l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste en Algérie. «Pour revenir à la première composante, les ressources de gaz de schiste en Algérie en terme de quantité, sept bassins potentiels ont été identifiés dans la partie sud de l'Algérie, le plus grand étant le bassin de Berkine qui est certainement le plus attractif». L'intervenant fait savoir que les estimations de gaz total en place pour les cinq bassins principaux tournent autour de 4 940 TCF, les réserves récupérables sur la base d'un facteur de récupération donneront 740 tcf. «Ce chiffre est dit-il, assez près de l'estimation faite par l'AIE (Agence internationale de l'énergie) en 2013 qui a crédité l'Algérie de réserves techniquement de 707 Tcf, c'est-à-dire le troisième pays après la Chine et l'Argentine». Il annoncera que la Sonatrach va dépenser près de trois milliards 400 millions de dollars pour la construction de nouveaux gazoducs et pour étendre la capacité des gazoducs existants, et ce, dans le cadre du programme de travail du budget 2015)-2019. Le développement des champs gaziers non conventionnels impliquera, précise-t-il, la construction d'un autre réseau principal. Abordant la chaîne logistique de ce projet, le P-dg de Sonatrach met en avant le nombre insuffisant d'unités de fracturation qui n'est que de 5, un projet réussi en matière de gaz et d'huile de schiste exigerait dit-il, 10 à 25 plateformes. «Pour combler le vide qui existe aujourd'hui en Algérie en matière d'équipements, nous avons estimé que pour un projet de 20 milliards de mètres cubes, il faudrait beaucoup de puits et de plateformes, donc ce qu'il faut c'est mobiliser 50 plateformes. Le nombre total de puits qui devra être foré dans le cadre du projet est près de 4 000. Nous avons besoin de 4 équipes de fracturation et de traitement et des infrastructures et de collectes.» Face à la nécessité de combler le manque de plateformes et d'unités de fracturation, M. Saïd Sahnoun fait savoir que les entrepreneurs locaux qui font le forage envisagent d'importer 20 nouvelles plateformes au cours des deux prochaines années. Toutefois, ceci ne suffira pas d'où explique-t-il, les discussions en cours pour construire localement, ainsi que d'autre discussions avec des partenaires pour importer ces plateformes. Face à l'insuffisance des unités de fracturation qui existent aujourd'hui, le P-dg de Sonatrach a lancé, hier, un appel pressant aux entreprises qui ne sont pas encore établies en Algérie à estimer le potentiel que le marché algérien peut offrir. A. B. Ce qu'a déclaré Yousfi «Au sujet des inquiétudes qui ont été exprimées concernant le déclin de notre production d'hydrocarbures, permettez-moi d'indiquer à cet égard que notre production recommence à croître. Grâce à la mise en exploitation de nouveaux gisements, nous prévoyons d'augmenter la production de gaz naturel de 40% dans les cinq années à venir et de la doubler d'ici une dizaine d'années.» «Concernant le dernier appel d'offres d'Alnaft, cinq sociétés ont exprimé leur volonté de nous accompagner dans cet effort, ceci est appréciable, mais nous demeurons à l'écoute de nos partenaires pour prendre en charge la préoccupation et améliorer d'avantage l'attractivité de notre domaine minier. La réactivité des différents acteurs devra également être revue pour plus d'efficacité.» «Sonatrach se prépare activement à cette industrie de l'énergie non conventionnelle et l'une des conditions, c'est la formation des cadres et des techniciens. Dans les prochains jours, Sonatrach entamera une campagne de recrutement de milliers d'agents. Entre 1 000 à 1 500 personnes à recruter par an.»