Pour l'ancien secrétaire d'Etat chargé des Statistiques, Sid-Ali Boukrami, le gaz de schiste est une décision «purement» politique. Néanmoins, il a plaidé pour la préservation des gisements des énergies conventionnelles. Rym Nasri – Alger (Le Soir) Face à une imminente baisse des énergies conventionnelles, le gaz de schiste demeure «incontournable». «C'est un problème de survie», a précisé Sid-Ali Boukrami, hier au forum du quotidien Liberté, à Alger. Selon lui, les Américains misent sur la baisse des prix de pétrole à partir de 2016. «D'autant que le taux d'intérêt directeur et le prix du pétrole sont gérés par les Etats-Unis d'Amérique», dit-il. Evoquant les différentes visions en matière de politique énergétique de plusieurs pays, l'ancien ministre ne manque pas de citer les paramètres internes pour l'Algérie. Il estime qu'il y a trois priorités. Il s'agit d'abord, selon lui, de maîtriser l'amont et de bien le gérer. «Il faut préserver les gisements et en faire une récupération optimale. Si ça nécessite la fermeture d'un gisement, il faut alors le fermer», dit-il. Pour lui, l'amont constitue une «variable à contrôler». Il revient aussi sur le modèle de consommation énergétique algérien qu'il a, d'ailleurs, qualifié d'«inéluctable». «Il y a une déconnexion totale entre la nature de l'investissement et la croissance économique», explique-t-il, d'où un problème essentiel d'utilisation de ressources. «Le plafonnement des ressources est un problème qui doit être posé sérieusement», a-t-il ajouté. L'intervenant affirme également que l'Algérie ne vaut sur la scène économique que par ses capacités énergétiques. «Il faut donner l'illusion aux partenaires internationaux que nous sommes capables d'honorer nos contrats afin de ne pas les perdre. Il ne faut jamais se priver d'un pouvoir de négociation», dit-il encore. Pour lui, le danger n'est pas dans la décision mais plutôt dans l'«indécision». Même si, précise-t-il, «le bassin sédimentaire de l'Algérie demeure inconnu». Quant à la polémique sur le gaz de schiste, Sid-Ali Boukrami précisera que l'Algérie n'a pas progressé ces dernières années en termes des énergies conventionnelles pour ne pas dire, poursuit-il, qu'«elle a régressé». Pour lui, cette polémique n'est qu'un «faut débat» car si l'exploration du gaz de schiste dans notre pays ne sera pas rentable, «il n'y aura aucun investissement notamment avec la méconnaissance du bassin sédimentaire». D'ailleurs, il assure ignorer la stratégie réelle des Américains sur les gaz de schiste. A une question sur sa position par rapport au gaz de schiste, il s'est contenté de dire «il faut revenir vers le conventionnel et maîtriser l'amont et former les foreurs».