Le président de l'Association France-Algérie, l'ancien ministre français Jean-Pierre Chevènement, a estimé samedi, lors d'un débat à l'Institut français d'Alger, que l'assassinat de son compatriote Hervé Gourdel par les terroristes du Daesh n'a pas d'incidence négative sur la relation algéro-française. Il a appelé à faire la différence entre l'Islam, l'islamisme radical et armé. L'hôte de l'Algérie a, à l'occasion, rendu hommage à l'Armée nationale populaire (ANP) pour les efforts qu'elle déploie pour retrouver les auteurs du rapt et de l'assassinat d'Hervé Gourdel. Jean-Pierre Chevènement soutiendra que «le crime odieux n'a pas altéré» la relation d'amitié entre l'Algérie et la France et qu'il ne faille pas commettre la confusion entre « les mouvements de résistance et le terrorisme et entre terrorisme et islamisme radical et islamisme politique». Evoquant le Daesh, qui fait aujourd'hui l'actualité sécuritaire à l'échelle planétaire, l'ancien ministre français dira que «c'est un danger pour tout le monde et qu'il faut le combattre». Le séjour de Jean-Pierre Chevènement en Algérie en cette particulière conjoncture liée à l'enlèvement puis la décapitation d'Hervé Gourdel par le groupe terroriste Jund Al Khalifah se voudrait une preuve que le «vieux couple», l'Algérie et la France, file encore l'amour, en dépit des «scènes de ménage». L'amitié algéro-française que Chevènement était venu conter ne se passe pas de lauriers. Les commentaires qui peuvent fâcher sont mis de côté pour laisser place à un discours lénifiant. Aussi les questions comme celle sahraouie sont zappées par l'hôte de l'Algérie qui a préféré botter en touche. «La question sahraouie dépasse la France, elle est du ressort de l'ONU.» Pour Chevènement, rien n'interdit un Maghreb à trois, Algérie, Maroc et Tunisie, et la création d'un marché unique attractif. «Il n'est pas normal que le Maghreb recueille seulement 20 milliards sur les 2 000 milliards d'investissements français à l'étranger», a-t-il déploré. Abordant le dossier brûlant du Sahel, Jean-Pierre Chevènement s'est déclaré défavorable à la solution militaire en Libye. «La France a écouté l'Algérie qui juge que l'option militaire n'est pas la solution pour le règlement de la crise», a-t-il indiqué. Même prudence affinée s'agissant de la crise malienne. «Il faut préserver l'intégrité territoriale du Mali. La fragmentation du pays n'est pas une bonne chose.» Jean-Pierre Chevènement s'est néanmoins risqué à évoquer la régionalisation comme la meilleure solution.