Des habitants de certains quartiers de la commune de Oued-Ouchayeh, à El Harrach, ont investi la rue hier en début d'après-midi. Bloquant la circulation à proximité du tunnel de Oued-Ouchayeh, les protestataires contestent leur exclusion de l'opération de relogement à Alger. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) La scène est loin d'être inédite. Les protestations sont devenues monnaie courante à chaque opération de relogement dans la capitale. Les Algériens semblent, d'ailleurs, avoir à l'esprit qu'il faut passer par la rue pour exprimer leurs préoccupations. Hier encore, des dizaines d'habitants des quartiers de la ferme Djaïss, Les Palmiers et Ali Saâdi, relevant de la commune d'Oued-Ouchayeh, à l'est d'Alger, sont sortis dans la rue. Des jeunes, ras-le-bol d'attendre en vain leur tour pour être relogés, ont investi la rue pour montrer leur mécontentement. Ils ont fermé en début d'après-midi la route à proximité du tunnel de Oued-Ouchayeh. Les automobilistes, pris au piège dans les deux sens, étaient bloqués ainsi sur l'autoroute pendant près d'une heure. «Nous occupons des baraques et nous sommes ici depuis l'Indépendance, les autorités sont passées en 1984 pour reloger quelques familles de la ferme Djaïss et Ali Saâdi en promettant de nous inclure dans une prochaine opération. En 2011, les autorités ont procédé au relogement d'un immeuble dans le quartier les Palmiers et les quarante familles restantes attendent leur tour en vain», a déclaré Farid, 35 ans, habitant ledit quartier. En colère, il a expliqué que ses grands-parents, aujourd'hui décédés, habitaient le quartier depuis l'indépendance. «Les immeubles très exigus sont en ruine aujourd'hui mais personne ne se soucie de notre sort», a-t-il dénoncé. Athmane, la vingtaine, expliquait de vive voix que les familles occupant les baraques entassées les unes contre les autres dans le quartier Ali Saâdi vivent le calvaire au quotidien. Ce semblant de cité s'est carrément transformé en décharge publique. «Nous sommes tous malades de l'odeur des déchets ménagers», a-t-il souligné. Pire, poursuit-il, en hiver, l'oued qui traverse le quartier met en danger les habitants. D'ailleurs, déplore-t-il, en 2011, un homme a été emporté par l'oued en tentant de sauver une petite fille. Ce jeune garçon ne mâche pas ses mots et accuse directement le secrétaire général de l'APC d'El Harrach d'avoir incité les habitants à la violence. «Nous avons demandé ce matin à rencontrer le maire pour lui exposer encore une fois notre problème. Une délégation a été reçue par le secrétaire général et il nous a simplement répondu que nous n'avons pas fermé la route pour nous faire entendre», a déclaré le manifestant. Une recommandation qui ne s'est pas fait attendre pour être exécutée, selon lui. Les services de l'ordre ont dû intervenir pour dissuader les contestataires de dégager la route. Après des affrontements entre les deux parties, les manifestants ont fini par céder. Une trêve a été décidée suite à la demande de la wilaya d'Alger pour rencontrer des représentants. «Nous avons désigné des représentants qui sont en route pour rencontrer le wali d'Alger», ont indiqué les manifestants qui menacent de renouer avec la protestation s'il n'y a pas de réponse favorable. Selon la Wilaya d'Alger, depuis le début de l'opération de relogement, au mois de juin dernier, 10 158 familles, habitant dans des logements menaçant ruine, habitats précaires, bidonvilles et sur les terrasses des immeubles, ont été relogées. Actuellement, 25 000 logements sociaux sont réceptionnés et sont en cours de distribution, alors que 11 000 autres logements doivent être réceptionnés et distribués avant fin 2014.