De notre envoyé spécial à In Guezzam et Bordj-Badji-Mokhtar, Sofiane Aït Iflis Il aura fallu un long déplacement, jusqu'aux frontières sud du pays, pour entendre la première expression sur le Daesh, dont une prétendue phalange algérienne avait revendiqué l'enlèvement et l'exécution, fin septembre, du randonneur français, Hervé Gourdel. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal, que l'impératif de la sécurité aux frontières a conduit à In Guezzam et Bordj-Badji-Mokhtar, a affirmé, hier lundi, que «l'Algérie ne connaît pas le Daesh ni de près ni de loin». C'est donc depuis la lointaine In Guezzam, à moins de 10 kilomètres de la frontière avec le Niger, que le Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui a rallié Tamanrasset dimanche après-midi à la tête d'une forte délégation ministérielle, s'est exprimé sur le Daesh : «Il est impensable que le Daesh s'installe en Afrique du Nord, au Maghreb. L'Algérie ne connaît pas le Daesh, ni de près ni de loin», l'affirmation du Premier ministre est la première du genre exprimée officiellement par un haut responsable de l'Etat. Elle se comprend comme une assurance que la situation sécuritaire que vit le pays ces derniers temps a rendu plus que nécessaire. En effet, l'enlèvement, puis la décapitation d'Hervé Gourdel par Jund Al Khalifa, une organisation terroriste prétendant avoir prêté allégeance à l'organisation de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), a de suite reposé la question de la nuisance terroriste en Algérie. Mais ce ne sont pas tant les commentaires et autres supputations sur le Daesh qui ont poussé le Premier ministre à s'envoler vers Tamanrasset et Adrar, deux wilayas frontalières, au sortir d'un conclave imposé par la grève des policiers. Si les choses se sont enchaînées de la sorte, c'est que la situation aux frontières préoccupe sérieusement. Les bilans des opérations de lutte contre la contrebande, rendus publics tout au long de ces dernières semaines, laissent déduire à une activité de contrebande accrue, y compris le trafic de l'or. Et connaissant les connexions possibles entre la contrebande et le terrorisme, cela ne pouvait qu'inciter à un déplacement diligent du gouvernement. Abdelmalek Sellal peignait d'ailleurs une «situation très difficile» aux frontières, même s'il devait insister pour affirmer que grâce à l'ANP, qui est déployée tout au long des frontières, il y a de la stabilité. «Le peuple algérien vit dans la stabilité, qu'il faudra renforcer. C'est le but de cette visite», a-t-il souligné, rendant au passage un hommage à l'armée algérienne. «L'ANP est forte, elle protège le pays, elle ne peut pas intervenir en dehors des frontières. Nous avons une diplomatie forte qui travaille pour la sécurité dans le voisinage. Vous devez (population) agir sur vos relations dans les pays voisins pour nous aider vous aussi», a indiqué Sellal qui précisera, en outre que «l'Etat soutient son armée et ses services de sécurité». Peu avant, le Premier ministre a exhorté la douane à épauler l'ANP dans sa lutte contre la contrebande. L'impératif de la sécurité au niveau des frontières Sud mènera prochainement le gouvernement Sellal vers deux autres villes frontalières, Debdeb (In Amenas) et Bordj Omar-Driss (nord d'Illizi). La date de cette virée n'a pas été communiquée. Mais on saura que Sellal prépare une grande visite à Oran le 10 novembre prochain. Devant répondre aux doléances des populations de ces régions extrêmes qui commercent essentiellement avec les voisins du Niger et du Mali, le Premier ministre s'est dit sensible à la question de l'ouverture des frontières, précisant néanmoins que leur réouverture dépend de la stabilité et de la sécurité. Cela dit, le Premier ministre a déploré qu'il y ait encore des discours pessimistes impactant négativement sur les investissements. Il a promis que l'Etat maintiendra son effort pour le développement de ces régions frontalières. Un développement que les populations ne voient pas venir. Au sortir de la rencontre avec les walis, un groupe de femmes est venu devant la presse pour témoigner de l'extrême précarité dans laquelle vit encore In Guezzam. «Il n'y a pas de travail, pas de médecins pour nous soigner, pas d'écoles pour les enfants... la route entre In Guezzam et le chef-lieu est complètement défoncée», témoigne une femme, la quarantaine. C'est, si ce n'est l'envers, le décor. Sellal n'oublie pas Bouteflika En chute à son discours devant les élus, Sellal a eu cette formule : «Enregistrez-le pour l'Histoire : le gouvernement de Bouteflika est venu à In Guezzam.» S. A. I. Virus Ebola Pas de cas à In Guezzam, selon Boudiaf Le ministre de la Santé Abdelmalek Boudiaf a infirmé hier l'existence de cas de contamination par le virus Ebola à In Guezzam. La rumeur a fait le tour d'Algérie, amplifiée la veille par certains médias.