S'appuyant sur les chiffres communiqués par le ministre des Finances, et qui font état d'une hausse conséquente des dépenses d'équipements, de gestion et des importations, le président du MSP, Abderrezak Mokri, considère que l'économie algérienne, basée essentiellement sur les recettes pétrolières, devra bientôt s'effondrer. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) Pire encore, avec la chute du prix du baril, le chef du Mouvement pour la société et pour la paix, pense que «l'Algérie sera obligée d'emprunter de l'argent d'ici 2019». Dans une conférence de presse organisée hier, à Alger, Abderrezak Mokri explique sa vision : «Les revenus pétroliers de l'Algérie ont enregistré un recul de 1,3 % en 2014. En même temps, les importations ont connu une hausse évaluée à 52,27% depuis 2008. Les dépenses d'équipements ont grimpé de 15,24%, et celles de gestion de 27,16%. Avec maintenant la chute du prix du baril, nous considérons que des années sombres appréhendent le pays...». Le président du MSP dit ne rien inventer : «Je fais une simple lecture des chiffres rendus publics par le ministre des Finances lors de la présentation, ce mardi, du projet de loi de finances 2015, au Parlement». Mais malgré toutes ces données, qu'il juge «inquiétantes», voire «alarmantes», Abderrezak Mokri ne comprend pas «pourquoi le gouvernement reste dans une démarche aussi aveugle». A plus forte raison, soutient-il, que cela ne date pas d'hier : «L'année dernière, le gouvernement tablait sur un taux de croissance du PIB de l'ordre de 4,4 % et croyait aisément l'atteindre pour l'année 2014. Chose que nous avons pensé impossible vu la réalité économique du pays. Nous avons alors avancé un chiffre de 3,4% et aujourd'hui le ministre des Finances annonce un taux de 3,8%. C'est donc le gouvernement qui confirme son échec à réaliser le taux de croissance escompté.» Et ce n'est pas tout, puisque le patron du Hamas algérien a un autre exemple sur l'entêtement du pouvoir en place : «Il y a quelque temps, le gouvernement soutenait que les cours du pétrole ne descendront pas en dessous de la barre des 100 dollars le baril avant plusieurs années. Il parlait d'une stabilité des prix qu'il ne contrôle pas d'ailleurs. N'est-ce pas insensé que de parier sur quelque chose qui lui échappe. Il a suffi d'un accord entre l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis, pour faire chuter les prix à l'échelle mondiale. Le gouvernement devrait être comptable devant le peuple et la classe politique pour ce manque de prévoyance qui va coûter cher à l'Algérie dans les années à venir.» Abderrezak Mokri, qui estime que le pays glisse à court terme vers l'endettement, doute même que l'Algérie puisse plus tard trouver une source d'emprunt : «Durant les années 1990, l'Algérie a trouvé des bailleurs de fonds, car les richesses de son sous-sol étaient encore intactes et cela constituait une garantie de remboursement. Les ressources pétrolières du pays n'étant plus aujourd'hui ce qu'elles étaient, je ne crois pas qu'il y ait une quelconque banque mondiale qui prendrait le risque de nous fournir une aide financière.» Enfin, le conférencier pense que si l'Algérie n'a pas dépassé le seuil de 4% de croissance du PIB, après 15 années de grandes dépenses, «le pays ne peut que se diriger vers des années sombres, maintenant que les recettes d'exportations d'hydrocarbures entament leur dégringolade».