Le remaniement ministériel opéré par Abdelaziz Bouteflika n'a pas laissé indifférents les partis politiques qui ont différemment réagi. Le FLN et le RND applaudissent. Le MSP y voit une réaction du pouvoir en perspective des présidentielles. Jil Jadid y voit «une opération planifiée». Le RCD crie au complot tandis qu'Ennahda appelle à un «changement radical». SOFIANE DJILALI PRESIDENT DU PARTI JIL JADID : «C'est le prolongement d'une opération planifiée» «Les changements structurels opérés par le président de la République dans l'armée, le DRS, le gouvernement, le Conseil constitutionnel, l'administration, ne sont que le prolongement d'une opération planifiée, du moins dans sa partie visible, pour maintenir en place le système bouteflikien»... Désormais, il n'est plus exclu de faire subir à la Constitution des amendements pour rallonger le mandat actuel... Aujourd'hui, le système politique qui a eu à gérer le pays depuis au moins 1962 est en phase terminale. Dans un avenir proche, il muera en un nouveau régime qui sera plus autoritariste et qui agira sous vitrine démocratique factice pour museler toute opposition réelle qu'elle soit dans la société politique ou civile... Une autre voie pourrait s'offrir à l'Algérie : l'effondrement interne du régime à la suite de luttes intestines graves et dont les conséquences seraient funestes pour la nation. Pour éviter ces deux issues malheureuses qui guettent l'Etat national, il y a urgence et nécessité que les patriotes, de tous bords, transcendent leurs différences et fondent une coalition large et responsable, pour éclairer l'opinion publique sur les enjeux à venir, rassurer nos partenaires et peser de tout leur poids sur la suite des événements. RASSEMBLEMENT NATIONAL DEMOCRATIQUE (RND) : «Un nouveau souffle pour le gouvernement» Le RND, dans un communiqué, s'est estimé satisfait par le remaniement ministériel opéré ce mercredi. Le parti considère ainsi que la décision du président de la République s'inscrit dans une volonté de donner «un souffle nouveau au gouvernement dans le but de la concrétisation du programme quinquennal ». Le RND assure aussi qu'il s'agit de booster l'avancement des programmes de développement et l'activité du pouvoir exécutif. «Ceci en vue de prendre en charge les enjeux actuels de la promotion de l'économie nationale et la prise en charge des impératifs sociaux et de répondre aux exigences des citoyens», assure le parti. Pour sa part, Mme Nouara Djaâfar porte-parole du RND, dit espérer que le nouveau gouvernement donnera plus d'importance à la dynamique socio-économique. ABDERREZAK MOKRI, PRESIDENT DU MSP : «Une décision en prévision des présidentielles» S'exprimant sur sa page Facebook, le président du MSP ne veut pas évoquer l'idée d'un «remaniement ministériel», Il affirme ainsi qu'il s'agit plutôt d'une action liée à la situation au sein du pouvoir». Selon Mokri un remaniement aura un sens lorsqu'il conduira à des réformes politiques et à la prise en charge des préoccupations des citoyens. Il évoque ainsi une «stratégie mise au point en prévision des présidentielles». Parti FLN Le secrétaire général du FLN, Amar Saïdani a déclaré que le président de la République a exercé l'une des prérogatives que lui attribue la Constitution en procédant au remaniement ministériel. Il soulignera, par ailleurs, la présence d'hommes de terrain dans le nouveau gouvernement, qui seront selon lui, à même de mener à bien les réformes entreprises. El Islah Selon M. Abdelghani Boudebouz porte-parole d'El Islah, le parti tient aujourd'hui une conférence de presse et s'exprimera sur la question du remaniement ministériel. Propos recueillis par F.-Z. B. FATEH REBAI, SECRETAIRE GENERAL D'EL NAHDA : Du «replâtrage»... Dans un communiqué, El Nahda affirme qu'«au moment où l'activité politique est absente et ce à l'approche de l'importante échéance politique, à savoir les élections présidentielles 2014, et à l'ombre de l'impasse sociale et la mise en avant du dossier de la corruption dans les secteurs stratégiques, le pouvoir est amené à faire du replâtrage à défaut de solutions aux problèmes que vivent les citoyens». Le mouvement considère ce remaniement ministériel comme «une action transitoire loin d'être un changement politique attendu par le peuple, notamment avec le maintien de plusieurs ministres qui ont failli dans la gestion de leur département». Le mouvement El Nahda réitère sa conviction que le changement doit être «radical et toucher à la nature du régime politique». MAZOUZ ATMANE, SECRETAIRE NATIONAL CHARGE DE LA COMMUNICATION DU RCD : Le remaniement ministériel : «un autre viol» «Ce remaniement clanique annonce d'autres viols. Les Algériens ont compris depuis longtemps que l'actuel chef de l'Etat, par sa culture de coups d'Etat et ses abus en contrôlant tous les leviers de l'Etat, cherche la pérennité du clan aux dépens de la prospérité de la nation». Le RCD a depuis longtemps alerté sur «le danger de la confiscation du pouvoir et du destin national. Maintenant que la gouvernance est livrée à des putschistes rodés, avec un chef d'Etat gourou d'un clan, le pays est sérieusement installé dans des turbulences qui menacent sa stabilité et sa pérennité». A la veille de chaque échéance, le RCD constate que «l'intrigue reprend le dessus et les impostures claniques aggravent le sort de la nation. Les Algériens découvrent chaque jour, les plans secrets d'un clan qui a ruiné le pays et humilié la nation». Or, que peut-on attendre, s'interroge ce parti, «d'un chef d'Etat réduit au suzerain d'un clan, entouré de vassaux, et d'institutions qui n'ont d'existence que le nom ? Nous assistons à une fin de règne pathétique ». Pour le RCD, «le destin de la nation est en péril. La politique du pire, le pourrissement et une gestion par une tribu-Etat appellent à un sursaut patriotique ». Propos recueillis par Rym Nasri Le TAJ s'en félicite Le contraire n'aurait tout simplement aucun sens, le dernier remaniement ministériel est apprécié et fortement, par TAJ, le parti lancé il y a de cela tout juste une année par le, désormais, ex-ministre des Travaux publics qui a remplacé Amar Tou au département des transports à la faveur de cet énième remue-ménage gouvernemental de l'ère Bouteflika. Mohamed Kebci - Alger Le Soir) - Intervenant, hier, à l'occasion d'une réunion du bureau politique avec les chefs de bureaux de son parti, Amar Ghoul s'est chaleureusement félicité de ce changement dans l'Exécutif en ce sens, argumentera-t-il, qu'il permettra de «consolider la sécurité, la stabilité et le développement du pays surtout avec les nouveaux défis qui se présentent à l'Algérie». Car pour lui, les enjeux d'avril 2014 ne sont plus les mêmes que ceux de 1999, de 2004 ou de 2009. Et à propos justement de cette échéance présidentielle du printemps prochain que plus d'un observateur lie justement à ce profond remaniement, jamais opéré par le président de la République depuis son élection en avril 1999, le président du TAJ s'est montré évasif, se contentant de soutenir que son parti aura le «rôle primordial, pivot et essentiel» à l'occasion de cette consultation électorale qui sera, selon lui, «une grande fête pour le peuple algérien». De quelle façon compte-t-il jouer ce rôle ? La nouvelle équipe à Sellal incarne-t-elle celle du quatrième mandat pour le locataire du palais d'El Mouradia ? Se portera-t-il candidat du «grand» parti qui est le sien ? Le nouveau ministre des Transports éludera ces interpellations, se limitant à ressasser que son parti demeure fidèle aux hommes, aux institutions et au peuple algérien, comme pour signifier qu'il soutiendra le président en exercice si jamais ce dernier en exprime le désir. A défaut, Ghoul affirmera traiter la question aussi bien à l'intérieur des structures du parti que dans le cadre d'une large concertation qu'il compte engager avec bien d'autres partenaires, qu'ils soient politiques, sociaux ou institutionnels. Et dans la logique de cette ambition de peser lourdement lors de la présidentielle d'avril prochain, le parti d'Amar Ghoul s'y prépare d'ores et déjà à travers une très grande opération d'adhésion, la phase de structuration frôlant la fin au niveau des communes. Avec le souci, insistera-t-il, d'«intéresser et de s'ouvrir grandement aux compétences, aux cadres et aux intellectuels dont le désintérêt vis-à-vis de l'action politique a, soutiendra-t-il, handicapé considérablement la dynamique politique, sociale et institutionnelle du pays». Il fera part de plusieurs colloques à tenir tout prochainement dont le tout premier coïncidera avec le premier anniversaire du parti, le second regroupera les élus nationaux et locaux du parti, le troisième dédié à la jeunesse avec l'objectif de mise sur pied d'un conseil national des jeunes et le quatrième et dernier colloque sera consacré à la femme et à l'enfance.