Par Kader Bakou Le moudjahid est au milieu du peuple, comme un poisson dans l'eau. Sans le soutien direct ou indirect des populations locales, le maquisard isolé ne peut pas tenir longtemps. Chez le peuple, le moudjahid trouve de quoi se nourrir, reprendre ses forces et continuer la lutte. Les gens «ordinaires» et même les enfants, accomplissent de multiples tâches et missions comme le renseignement et le transport de documents. L'hélicoptère est le plus redoutable ennemi des maquisards. Les forêts et les montagnes inaccessibles aux engins militaires, sont le dernier refuge et le bastion des moudjahidine. Quand les soldats sont plus nombreux, la solution est de monter encore et toujours plus haut vers les sommets escarpés. Parfois, «França» mobilise un grand nombre d'hélicoptères pour une seule opération. Ce jour-là, les appareils, dans un bruit assourdissant, passent au-dessus des têtes des civils travaillant pour la Révolution, tapis dans les buissons. Les arbres comme secoués par une violente tempête, oscillent dans tous les sens. Les feuilles mortes tourbillonnent dans les airs. Çà et là, près des sommets de la chaîne montagneuse, des groupes de paras français sautent prestement des hélicoptères. Un bref rassemblement, puis le ratissage en sens contraire commence. Cette fois, le danger vient des hauteurs pas de la plaine. Fuir vers le bas est impossible car la région est bouclée par l'armée. La mère de Hocine est cachée dans d'épais buissons. Les militaires français sont à quelques mètres d'elle. Un petit cri, une légère toux ou le moindre éternuement d'elle ou de son enfant et ils sont pris tous les deux. L'attente a duré longtemps. La mère sent que son enfant a faim. Alors, elle lui donne le «quart» en aluminium contenant un peu de tamina qu'elle avait mise dans son sac peu avant l'arrivée des hélicoptères. L'enfant, tout doucement et très lentement, mange avec son index la tamina sucrée. Lui aussi avait appris à ne pas faire le moindre bruit. Un autre jour, Hocine et sa mère ont partagé le même refuge avec un gros sanglier. L'animal est resté calme. Curieusement, il semblait comprendre que cette femme et son petit ont, comme lui, fui ces hommes en armes encerclant la forêt où quelques dizaines d'années plus tôt avait régné le tigre (n'mer), peut- être, le nom local du lion de l'Atlas. Au maquis, chaque saison a ses avantages et ses inconvenants. L'été, il ne fait pas froid. Mais les militaires français se déplacent plus facilement même dans les régions aux reliefs accidentés. En hiver, il fait froid avec souvent de la pluie et de la neige de temps en temps. Mais «le mauvais temps» permet à la région de profiter pour quelques semaines d'un isolement protecteur. ( A suivre) K. B.