Pas de stratégie sectorielle sans une stratégie globale ni de relance de l'industrie en misant uniquement sur les équipements sans investir sur l'élément humain. C'est l'avertissement lancé hier par Abdelhak Lamiri aux participants à la Conférence nationale sur le développement économique qui devra déboucher sur des recommandations pour une énième mise à niveau de l'industrie. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Deuxième jour de la Conférence nationale sur le développement économique et social. Après le cérémonial officiel, place aux interventions des experts avec un discours plus réaliste. Abdelhak Lamiri a fait un état des lieux de l'environnement des affaires dans lequel il pointe du doigt les nombreuses incohérences. L'expert affirme d'emblée que les défis qui attendent les pouvoirs publics sont énormes. Il leur appartient, dit-il, de «transformer des organisations molles en entreprises de taille mondiale». Mais pour y arriver, c'est tout l'environnement des affaires qui doit être modifié. Pour y arriver, Abdelhak Lamiri montre la voie : il faut, dit-il, miser sur l'intelligence humaine. Si les pouvoirs publics continuent d'investir sans compter sur les infrastructures et sans miser sur l'humain, aucune amélioration du climat des affaires ne sera possible. Le facteur-clé, affirme-t-il, c'est la gestion de l'intelligence humaine ; dans ce domaine «il y a beaucoup de rattrapages à faire», avertit-il. Ce n'est ni plus ni moins qu'un changement radical de la culture et des modes de management dans les entreprises et les institutions que recommande Abdelhak Lamiri qui estime que «si le prochain plan accorde 95% de place aux infrastructures sans investir dans les cerveaux, on aura failli. Il considère en effet que «ce ne sont pas les ressources économiques qui comptent le plus», tordant le cou à ce qu'il qualifie de mythe qui consiste à dire que l'Algérie consacrait beaucoup de ressources à l'humain alors que le secteur de l'éducation nationale ne bénéficie que de 5 -6% du PIB, ce qui, dit-il, n'est pas assez important. La preuve, dit-il, du manque d'investissement dans l'humain, c'est que les dépenses de formation sont de l'ordre de 0% de la masse salariale dans beaucoup d'entreprises. Pour mener à bien le plan que veulent mettre en place les pouvoirs publics, l'expert recommande une stabilité au plan institutionnel sans laquelle aucune politique, dit-il, ne peut être mise en place. Un discours auquel a répondu le ministre de l'Industrie et des Mines en affirmant que «nous traversons une période difficile qui doit renforcer notre résilience, nous devons trouver en nous les ressources pour dépasser cette situation». Abdesselem Bouchouareb reconnaît qu'en matière de formation, il restait beaucoup à faire puisque la majorité des entreprises consomment moins de 9% du budget alloué à la formation et qu'il fallait souvent beaucoup dépenser pour améliorer l'employabilité de personnes déjà diplômées. La représentante résidente du Pnud en Algérie a fait part de sa disponibilité à aider l'Algérie à devenir un pays émergent. Christina Amaral estime, cependant, que le pays devra trouver des solutions innovantes en matière d'emploi mais également pour réduire le taux de mortalité des PME jugé trop important. Prenant la parole à son tour, le président de la Caci a appelé à simplifier les procédures et à «débroussailler le maquis des lois, des directives et circulaires» pour faciliter l'acte d'investir et redonner à l'entreprise son autonomie et à l'Etat son rôle de régulateur et de «mettre un terme aux passe-droits». Pour ce faire, il plaide pour une démarche plus agressive pour réduire les importations mais également le chômage des jeunes diplômés. N. I. Bouderbala : Le code des douanes «prêt» La nouvelle mouture du code des douanes est prête. Le projet de texte est au niveau du secrétariat général du gouvernement, selon Mohamed Abdou Bouderbala qui affirmait hier que ce texte sera plus adapté au «nouvel environnement». En attendant, le directeur général des douanes affirme que l'arsenal juridique avait été revu pour faciliter les opérations douanières. Il affirme dans ce cadre que le texte régissant la profession de commissionnaire en douane agréé sera révisé et qu'une loi relative à la lutte contre la contrefaçon était en cours d'élaboration. N. I. Selon la Banque d'Algérie «La situation financière permet de faire face aux chocs externes» La Banque centrale ne semble pas inquiète par la conjoncture économique mondiale. Son représentant affirmait hier que la situation financière de l'Algérie lui permettra de faire face à d'éventuels chocs externes. Le Premier ministre avait tenu ce même discours à l'ouverture des travaux de la Conférence sur le développement, affirmant que la chute du prix du pétrole n'allait pas faire changer au gouvernement de direction, notamment en matière d'investissements publics.