Alors que les spéculations vont bon train à propos du nom du pays à qui la CAF confiera l'organisation de la 30e phase finale de la CAN, de nouveaux indices plaident pour l'attribution du tournoi à l'Afrique du Sud qui avait annoncé, pourtant, sa décision de ne pas se porter candidat à la succession du Maroc. Mohamed Bouchama - Alger (Le Soir) "South Africa is not the Big Brother of Africa & thus we won't be hosting AFCON year after year..." («L'Afrique du Sud n'est pas le grand frère de l'Afrique. Nous n'avons pas à organiser la CAN année après année.»), avait twitté en date du 20 octobre dernier le ministre sud-africain des Sports Fikile Mbalula. Une «réaction» qui a mis fin à toutes les supputations formulées sur un éventuel plan B nommé Afrique du Sud de la CAF d'Issa Hayatou. L'instance africaine qui avait la certitude que le Maroc allait se désister de l'organisation de la CAN-2015 avait adressé, pour rappel, un courrier à certaines fédérations, sept au total, dont la SAFA de Danny Jordan pour leur demander de prendre le relais. Quelques heures après son tweet, le ministre sud-africain est venu s'expliquer devant la presse de son pays sur son tweet. «Avant même d'examiner le dossier au ministère, je peux vous dire sans ambiguïté et catégoriquement qu'accueillir la compétition, c'est non, non», a-t-il confirmé aux journalistes. Fikile Mbalula avouera, ensuite, aux médias sud-africains que la responsabilité du pays était de contribuer à la lutte contre l'épidémie qui avait déjà tué plus de 4 500 personnes, dont la grande majorité en Afrique de l'Ouest. Il lâchera toutefois une phrase qui aura, somme toute, «réveillé les consciences» au sein du comité exécutif de la CAF. «Nous n'avons pas à notre disposition, actuellement, les ressources pour prendre le relais. Nous l'avons fait par solidarité avec la Libye l'an dernier, et notre budget ne nous permettra pas d'accueillir la nouvelle édition de la CAN. C'est absolument impossible», avait-il estimé. Malgré le fait qu'«à l'impossible nul n'est tenu», les maîtres-penseurs de Hayatou ont fini par trouver une parade consistant en la mobilisation des Etats africains, parmi les plus riches faut-il le souligner, afin de sauver la CAF et ses manifestations. Un travail de sape lancé à partir d'Alger où Hayatou et quelques membres de son comité exécutif étaient en conclave en marge de la finale de la Ligue des Champions d'Afrique entre l'ES Sétif et Vita Club (RD Congo). Reçu par le Premier ministre algérien, le Camerounais a quitté l'Algérie en direction de Casablanca (Maroc) le sourire large jusqu'aux oreilles et la certitude d'avoir arraché le «OK» du gouvernement algérien. Abdelmalek Sellal réaffirmait, en effet, à son hôte du «soutien du gouvernement algérien pour les efforts déployés par les instances spécialisées, au profit de la jeunesse africaine et de la disponibilité de l'Algérie à participer à la réussite de toutes les compétitions sportives africaines». Hayatou sensibilise les puissants d'Afrique A Rabat où il rencontré, le 3 novembre dernier, le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, Hayatou n'a pas obtenu le même écho. Lui qui a été expédié de la primature au bout d'un tête-à-tête de quinze petites minutes recevant cette réponse laconique du responsable marocain : «Moi, je ne connais rien au foot !» De quoi le conforter dans ses convictions que le gouvernement marocain n'a pas l'intention de tenir ses engagements. A son retour au Caire, le président de la CAF s'entretiendra avec le ministre égyptien de la Jeunesse et des Sports, Khaled Abdelaziz. Une rencontre à propos de laquelle l'Egyptien Hany Abou Rida dira qu'elle n'avait rien à voir avec la CAN-2015. Le membre influent à la CAF et à la Fifa répliquait ainsi aux supputations avancées par certains sites égyptiens quant à l'éventualité de voir l'Egypte suppléer le Maroc à l'organisation du rendez-vous africain de l'hiver prochain. Durant cette entrevue, la principale information était celle annonçant que l'Egypte ne tient pas à organiser la CAN-2017, encore moins à celle concernant la candidature égyptienne à la CAN-2017. L'essentiel de cette rencontre informelle est que «le gouvernement égyptien se tient disposé à aider la CAF», répondait Khaled Abdelaziz à Hayatou qui lui confiait que «le report ou l'annulation de la CAN-2015 scellerait la mort de la CAF.» Un soutien de plus pour la démarche du président de l'instance du football africain «peu convaincu», il est vrai, par la posture des candidatures annoncées dont celles du Gabon, du Nigeria, de l'Angola ou encore de l'Ouganda. Pour Hayatou, seule l'Afrique du Sud est en mesure de sauver la mise. C'est un pays qui a tout pour réussir. Il suffit juste de lui payer la note d'une organisation qu'il maîtrise de par les personnels qualifiés et rodés durant les dernières compétitions organisées par la CAF, ses infrastructures sportives, aéroportuaires, touristiques etc. Premier pays d'Afrique à organiser sur ses terres une Coupe du monde de football en 2010, le pays de Mandela a sauvé la face de la CAF en acceptant de suppléer, en 1996 puis en 2013, le Kenya, miné par une crise économique sans précédent puis à la Libye ravagée par une guerre des milices qui a mis fin à quatre décennies de règne de Kadhafi. L'Afrique du Sud a également organisé le CHAN 2014 remporté par la Libye. La Guinée-équatoriale et le... Qatar annoncés A défaut de grives, on se contente bien de merles. L'adage sied parfaitement à la folie des rumeurs qui s'est emparée des sites spécialisés, en Afrique et en dehors, tellement l'avenir de cette CAN-2015 devient une affaire d'Etat. A telle enseigne que certains ont osé attribuer l'organisation de cette trentième édition au... Brésil et depuis mardi au Qatar. Des pistes «peu crédibles» même s'il faut compter avec le génie de la CAF où l'impossible n'a pas de raison d'être. Comme celle de confier le tournoi à la Guinée-Equatoriale, pays dont la sélection a été disqualifiée l'été dernier de ces qualifications face à la Mauritanie en raison de l'inéligibilité d'un de ses joueurs (un Camerounais pour la petite histoire). Comme pour dire que «si Ebola ne pouvait pas s'inviter au Maroc, alors nous allons lui rendre visite». L'information divulguée mardi sur MBC Masr 2 par le très controversé reporter égyptien Medhat Chalabi, un proche ami d'Abou Rida, a été reprise par nombre de sites internationaux dont le très sérieux France Football. Hier, ce dernier a même évoqué le déplacement d'une inspection de la CAF à Malabo «pour analyser les forces du dossier local», écrit-il dans son édition électronique. Et de rappeler que le co-organisateur de la CAN 2012 avec le Gabon, est une des solutions de repli «les plus sérieuses». Seul ou en doublette avec le limitrophe Gabon, FF n'en sait pas trop. Une certitude : le pays de la «démocrature» des Nguema a de l'argent, beaucoup même pour une enclave de 28 000 km2 pour 600 000 habitants, n'a pas les quatre stades de standing réclamés par l'instance de Hayatou. Cette dernière pourrait se suffire d'une aide financière de ce pays, comme elle l'a si bien fait en sollicitant la contribution de l'Algérie et de l'Egypte. Une «cagnotte» pour espérer convaincre d'ici «deux ou trois jours»... l'Afrique du Sud qui avait expliqué, par la voix de son ministre des Sports que son pays n'est pas «le grand frère» de l'Afrique non sans mentionner que «notre budget ne nous permettra pas d'accueillir la nouvelle édition». L'information donnée sur le site électronique du Times Live affirmant que «l'Afrique du Sud fait partie des quatre candidatures présentées à la CAF» a été démentie hier par l'officier médias de la SAFA, Dominique Chimhamvi, qui répliquait à un article publié par les médias de son pays, n'exclut pas pour autant la possibilité de voir l'Afrique du Sud accueillir la prochaine CAN-2015. Le même Chimhamvi demandait aux journalistes présents «au nom de la SAF de laisser l'espace (?) et temps à la CAF pour choisir les prochains hôtes de la CAN»...