Plus que quelques jours avant le verdict final des membres du CE de la CAF au sujet de la programmation de la 30e phase finale de la Coupe d'Afrique des nations préalablement confiée au Maroc, pays qui a demandé à l'instance d'ajourner le tournoi à cause de la menace que représente le virus Ebola sur la santé publique des Marocains et de ses hôtes. Mohamed Bouchama - Alger (Le Soir) Plus aucun doute : la CAN-2015 prévue du 17 janvier au 8 février de l'an prochain n'aura pas lieu. Peut-être bien qu'elle sera carrément annulée. Avant même que les membres du comité exécutif de la Confédération d'Issa Hayatou ne se prononcent à l'occasion du conclave prévu le 2 novembre prochain à Alger. Plusieurs indices prédestinent une telle issue. Le Maroc qui ne voulait pas d'une hécatombe à cause de la propagation de cette maladie terrifiante n'est plus sous la menace de potentiels concurrents pour la succession. La CAF qui avançait la probabilité d'un tirage au sort pour départager les pays candidats pour prendre la relève des Marocains est désormais sans soutien. L'Afrique du Sud, le Ghana, l'Algérie, l'Egypte et toutes les fédérations sollicitées pour une éventuelle reprise de l'organisation de cette CAN attribuée au Royaume chérifien lors de la réunion du CE de la Confédération tenue à Lubumbashi (RD Congo) en janvier 2011 ne sont plus chauds à répondre à la missive adressée par le SG de la CAF, le... Marocain Hicham El-Amrani. Petit rappel. La Confédération africaine avait désigné le Maroc pour l'édition 2015 et... l'Afrique du Sud pour celle de 2017, l'an 2013 devait être au départ l'occasion de la Libye d'organiser sa deuxième CAN (après 1982). Finalement, les troubles en Libye poussent la CAF à délocaliser le tournoi. Les Sud-Africains ont accepté d'accueillir le «Mondial africain» de 2013 qui a vu la consécration du Nigeria devant le Burkina Faso. Le Maroc, lui, était reconduit pour recevoir le 30e rendez-vous. Un choix qui, en 2011, s'était porté sur le Royaume chérifien en raison surtout d'un «solide dossier» des Marocains présenté par le ministre marocain de la Jeunesse et des Sports de l'époque, Moncef Belkhayat. Ce dernier s'enorgueillit des «capacités organisationnelles» de son pays. «Nous avons présenté un dossier solide et complet basé sur l'infrastructure sportive et extra-sportive dont dispose notre pays, ainsi que sur les capacités organisationnelles du Maroc», a-t-il expliqué au sortir de son exposé devant les membres du CE de la CAF. Cette infrastructure était dédiée auparavant pour «garnir» le dossier marocain présenté à la Fifa en vue d'accueillir une des trois éditions (1994, 1998 et 2006) de la Coupe du monde finalement attribuées respectivement aux USA, la France et l'Allemagne. Blatter et son CE ayant qualifié ledit dossier marocain de «faible» et pas en mesure de répondre aux standards internationaux. Des échecs attendus malgré la réalisation d'un certain nombre de stades modernes et de nouvelles infrastructures de base au Maroc. Ces acquis ont plaidé le choix du Maroc pour l'organisation de la 30è phase finale de la CAN. Un tournoi pour lequel la Confédération a adopté, une fois n'est pas coutume, une nouvelle formule consistant en l'élaboration d'un «calendrier cadencé». En l'occurrence, et c'est une première en Afrique, des qualifications étalées sur trois mois pour la phase des poules (deux matches en septembre, deux autres en octobre et deux dernières journées en novembre). Ceci après avoir organisé deux tours préliminaires en pleine période de Coupe du monde. Un calendrier infernal qui a provoqué de nombreuses surprises dont celle à venir, consistant en l'élimination probable du champion sortant, le Nigeria, qui ne compte que 4 points en quatre matches de sa poule (A) derrière l'Afrique du Sud (8 points) et le Congo (7), adversaires que les Super Eagles affronteront lors des deux dernières journées de ces qualifications. Une première fois, le 15 novembre à Pointe-Noire (Congo) puis à Abuja le 19 novembre. Hayatou «esseulé» Des désagréments provoqués par un calendrier international de plus en plus chargé. C'est, d'ailleurs, cette raison que la CAF a invoquée pour expliquer sa décision, signifiée au Maroc, de ne pas être en mesure d'accorder l'ajournement du tournoi de 2015. Les retombées financières étant, pour Issa Hayatou et ses pairs du CE de la CAF, les véritables causes de ce refus, le Maroc se devait, lui aussi, de faire certaines concessions sous peine d'être lourdement sanctionné. Non seulement pour la présente édition où les Lions de l'Atlas perdraient leur statut d'hôte et sa place parmi le gratin du football continental, mais également pour les deux prochaines phases finales (2017 et 2019). Ceci sans parler des sanctions pécuniaires estimées à 30 millions de dollars au titre des pertes engrangées dès lors que le tournoi est délocalisé sinon reporté. Les sponsors et autres diffuseurs, les partenaires aussi (clubs, associations, confédérations et Fifa) qui vont devoir réajuster leur calendrier. Les clubs européens, surtout ceux qui emploient «la main-d'œuvre africaine», déjà contre l'idée d'organiser la compétition en pleine saison, verront d'un mauvais œil l'utilisation de leurs ressources humaines (footballeurs internationaux africains, ndlr) à une période (en été comme espéré par le Maroc) de régénération. Issa Hayatou qui a répondu sèchement à la réflexion de Michel Platini, président de l'UEFA, accusé de faire dans l'ingérence, aura du mal à convaincre les associations dont les équipes sont qualifiées (ou le seront le mois prochain à l'issue des qualifications) de disputer un tel tournoi pendant l'été. Les pays arabes invoqueront certainement les effets du carême (Ramadhan 2015 interviendra aux alentours du 17 juin) soit quelques jours après la clôture des principaux championnats européens. Et ceux des autres sélections de pays non-musulmans subiront les contrecoups des caprices de leurs professionnels d'Europe en quête qui d'un transfert qui de vacances méritées. Les joueurs, surtout ceux qui ont déjà sacrifié leurs vacances d'été à cause des éliminatoires (2013) et de la phase finale (2014) de la Coupe du monde au Brésil, ont leur mot à dire, comme d'ailleurs les sponsors et les diffuseurs qui ont leur propre calendrier (plan de communication et grilles TV). Reporter alors la CAN à l'hiver 2016 saison consacrée par la CAF à la tenue de la phase finale du CHAN au Rwanda ? Une telle opportunité ferait perdre de l'argent, mais seulement l'argent, à l'instance d'Issa Hayatou. Surtout que ladite période verra les différents championnats d'Europe subir un véritable encombrement induit par la perspective de l'Euro-2016 en France (10 juin au 10 juillet). Un autre événement qui éclipsera le déroulement éventuel de la «maudite CAN». C'est donc une annulation pure et simple de l'édition du Maroc qui peut arranger «tout le monde». Avec pertes pour certains et profits pour d'autres. Et le virus nommé Ebola ne serait qu'un prétexte pour narguer Hayatou qui espérait rendre les clés de la CAF au Maroc, comme en 1988 lors de son intronisation... M. B. Elle s'est envolée hier au Cameroun Une délégation marocaine chez Hayatou Dans l'espoir de faire infléchir le président de la CAF sur sa décision de rejet de la demande marocaine d'ajourner la CAN-2015 à une date ultérieure, une délégation marocaine de haut rang s'est déplacée hier au Cameroun afin de rencontrer le premier responsable de la Confédération africaine Issa Hayatou. Outre Mohamed Ouzzine, le ministre de la Jeunesse et des Sports, cette délégation est composée du ministre marocain de la Santé Houcine El-Wardi, ainsi que du président de la FRMF, Fawzi Lekdjaâ, et son vice-président Nourredine Bouchati. Ces derniers vont réitérer la proposition marocaine de reporter cette 30e édition soit à juin 2015 sinon à janvier 2016.