Par Kader Bakou Alger, la ville la plus sale d'Algérie, habitée par les gens les moins bien éduqués du pays, nous réserve parfois d'agréables surprises. Au milieu de la faune urbaine des automobilistes algérois passe de temps en temps une «motorcycle girl» blonde (comme le motorcycle boy du film Rusty James de Francis Ford Coppola). La première fois, rue Ali-Boumendjel, elles étaient deux. Leurs longues chevelures dépassaient largement leurs casques. Les autres fois, la «motorcycle girl» était seule sur sa moto, place Audin, puis rue Didouche-Mourad. Quand est-ce que vous avez vu pour la dernière fois quelqu'un en train de lire un livre dans la rue, dans un café, un bus ou le métro ? C'était comme une apparition miraculeuse. Une jolie jeune fille, aux longs cheveux blonds frisés, est en train de lire un livre dans un jardin de l'hôpital Mustapha-Pacha. Le bouquin est La Cathédrale de haine de Guy des Cars. Une envie irrésistible de connaître l'œuvre de l'écrivain français. «André Serval rêve de construire une nouvelle cathédrale à Paris. Un monument qui sera la synthèse de tous les arts de notre époque et l'œuvre commune dont l'édification symbolisera enfin l'union de tout le peuple français dans le travail. Mais aussitôt les ennemis surgis...», lit-on dans le résumé de La Cathédrale de haine. Deux ou trois belles hirondelles font-elles le printemps culturel dans une ville où règnent partout la violence et la haine ? K. B.