La musique andalouse, version école Sanaâ, n'est plus confinée à Alger et sa région. L'Association Bibane El Andalous de la ville de Bordj-Bou-Arreridj à l'est du pays, pas très loin de Constantine, le fief du malouf, fait de la musique andalouse conformément aux enseignements de la bonne école «algéroise» Sanaâ notamment. L'Association Bibane El Andalous a vu le jour en 2009, grâce à l'initiative d'un groupe d'amoureux de la musique andalouse. Son nom a une double signification et renvoie en premier lieu à la région et à la chaîne montagneuse des Bibans. «Bibane El Andalous» veut aussi dire les «portes de l'Andalousie» ou «les portes de l'andalou» ce qui sied parfaitement à son rôle de porte-étendard et pionnier de cette musique dans cette région rurale et montagneuse. N'ayant pas de local propre à elle, elle a été hébergée tour à tour par le complexe culturel Aïcha-Haddad de Bordj-Bou-Arréridj puis par la maison de jeunes Ahmed-Messadek de la même ville. En dépit de ces contraintes, l'association s'est attelée à une série d'activités culturelles et artistiques grâce aux efforts de tous ces adhérents et sympathisants et surtout ceux de ses deux professeurs M. Tibourtine Mohamed-Cherif, son actuel président et M. Abdelouahab Belkacemi, chef d'orchestre. Malgré son jeune âge, Bibane El Andalous a décroché plusieurs prix nationaux, notamment le prix du Jury au premier Festival régional de la musique andalouse de Lakhdaria (Bouira) en mars 2009 et le 2e Prix au 7e Festival de la musique organisé à Boumerdès en juillet 2009. Elle a également réussi à susciter l'intérêt de nombreux jeunes Bordjiens pour ce patrimoine musical au point de ne plus pouvoir satisfaire toutes les demandes d'adhésion. Le président de l'association Ahmed Tibourtine, et Abdelouahab Belkacemi dit «Djemaâ», sont diplômés, respectivement de l'Ecole normale supérieure d'Alger et de l'Institut national d'art dramatique de Bordj-El-Kiffan. Selon des mélomanes bordjiens, le niveau technique atteint par Bibane El Andalous est appréciable, en particulier en ce qui concerne la maîtrise instrumentale. M. Abdelouahab Belkacemi, inscrit le travail qu'il mène au sein de l'association dans le cadre d'un objectif «exaltant» consistant à «porter la musique classique algérienne hors de ses fiefs traditionnels, Alger, Tlemcen, Constantine et Koléa (Tipasa)». Il considère, en outre, que ce trésor du patrimoine national «peut et doit être enraciné, conservé, défendu et enseigné, dans les Bibans, les Hauts-Plateaux, le Hodna ou le Sahara». Pour preuve, souligne à son tour, Ahmed Tibourtine, «l'engouement suscité par la naissance de cette formation a obligé «Bibane El Andalous à redoubler d'efforts pour contenir les demandes d'adhésion qui parviennent de nombreuses familles, conscientes de la dimension universelle de la musique arabo-andalouse». L'Association Bibane El Andalous participera à la 8e édition du Festival national de la musique andalouse Sanaâ qui se déroulera du 5 au 10 décembre 2014 à Alger. Sa troupe musicale se produira le dimanche 7 décembre à 18h 30 à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth. Une belle occasion pour les mélomanes algérois de voir à l'œuvre et de près l'orchestre de cette jeune et ambitieuse association.