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Communication et enjeux géopolitiques
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 11 - 2014

La presse indépendante, depuis son éclosion dans les années 1990, a parcouru un long chemin semé d'embûches, mais elle a réussi à acquérir une notoriété au plan national et même au-delà de nos frontières. En dépit de la méfiance du pouvoir à communiquer, qui relève d'un «atavisme» historique, inscrit dans les gènes du système politico-social algérien, elle constitue, aujourd'hui, pratiquement le seul contre-pouvoir, dans un contexte marqué par une opposition atomisée, incapable d'offrir une alternative qui peut emporter l'adhésion de la majorité des Algériens. De même qu'elle contribue à éclairer l'opinion publique nationale sur les enjeux géopolitiques qui agitent la scène régionale et internationale.
Cette presse indépendante, objet de critiques des forces de la régression, a relevé le pari d'opérer une rupture épistémologique avec un système d'information fortement «centralisé», marqué par le fonctionnement monolithique des institutions - le pouvoir, se prévalant de la «légitimité révolutionnaire», distillait un message unidirectionnel, censé exprimer la volonté du peuple, à l'endroit des «masses populaires», censées, quant à elles, adhérer naturellement à une politique qui prétendait faire leur bonheur ­.
A partir des années 1989/1990, dites «avènement démocratique», marquées par le fonctionnement pluraliste des institutions, la naissance de la presse indépendante, l'irruption du multipartisme et le foisonnement des organisations de la société civile, elle a contribué à faire avancer la démocratie, en résistant à la déferlante intégriste en payant le prix fort durant la décennie noire. En vérité, le pouvoir, nourri par ses soubassements historiques qui dictaient son mode de fonctionnement, construisait la structuration de ses intérêts subjectifs et objectifs, dans une opacité totale. Même si, au niveau formel, il prétendait se prévaloir d'une dynamique d'association de la société civile et politique à la gestion des «affaires de la cité». Dans de telles conditions, le message informatif se voulait exprimer des consensus qui émaneraient de l'ensemble des acteurs politiques et sociaux. Seulement, l'interaction des intérêts différenciés et contradictoires qui traversaient aussi bien les différentes sphères du pouvoir, de même que la société dans ses diversités culturelles et ethniques, ont fini par mettre à nu les desseins d'une «orchestration réfléchie» de la «supposée ouverture démocratique», annoncée et médiatisée, comme «faire-valoir» de dirigeants politiques en déficit de légitimité. Ces derniers mettaient en avant la «liberté de la presse» comme «vitrine politico-diplomatique», dont, au demeurant, l'indigence de notre politique étrangère, dans sa capacité à anticiper les enjeux stratégiques de la préservation et la défense des intérêts nationaux, s'était révélée désastreuse au fil du temps. Là n'est pas notre objet dans cette contribution.
En revanche, il serait naïf de passer sous silence les évolutions historiques du système mondial de la communication, tant au plan de la stratégie politique, technologique, économique qu'idéologique qui les sous-tendent et leur impact sur notre pays.
De quelques repères historiques de l'évolution du système de communication mondial et les enjeux géostratégiques qui le sous-tendent
- De la liberté de la presse
La liberté de la presse a de tout temps été liée aux luttes des hommes et des femmes pour leur émancipation et pour la démocratie. Sans remonter loin dans le temps, et pour ne s'arrêter qu'à la fin du XIXe siècle, la quasi-totalité des Etats européens, de même que les Etas-Unis d'Amérique, avaient inscrit explicitement la liberté de la presse comme fondement de la liberté d'expression dans leurs Constitutions respectives. Cette réalité historique a été renforcée et confortée par les tristes épisodes qu'a connus l'humanité, notamment au début du XXe siècle, marqué par le fascisme, qui a violemment réprimé la liberté de la presse. En dépit des vicissitudes de l'histoire, la presse continue à notre époque à s'imposer comme dynamique universelle de réponse aux besoins des peuples à exprimer leurs opinions et leurs idées. C'est ainsi que l'histoire nous enseigne qu'après la Seconde Guerre mondiale, les régimes coloniaux dont la France, pour ce qui concerne notre pays, ont continué à sévir en réprimant l'aspiration des peuples à la liberté et à l'indépendance à travers les atteintes à la liberté de la presse. «Une véritable liberté de la presse n'existait pas dans les vastes recoins d'Asie et d'Afrique, réduites au statut colonial». Les quelques journaux paraissant dans les pays assujettis étaient aux mains et aux ordres d'Européens. Ils répondaient aux besoins d'information et exprimaient les idées de la communauté au pouvoir. Progressivement, «des journaux appartenant à des Asiatiques et des Africains sont apparus et ont joué un rôle dans la lutte pour la conquête des droits démocratiques et de la libération nationale. Ils ont été soumis à toutes sortes de mesures répressives et souvent interdits et saisis (Alger républicain) lors de périodes d'agitations»(1).
- Le statut de la presse exprime le rapport de force politique dans chaque société
Sous la pression des exigences historiques, l'information (écrite, parlée et filmée) allait se différencier progressivement comme activité sociale avec son propre objet et imposant ses propres règles. Ainsi, «du droit à la liberté d'expression et de liberté de la presse» proclamée en 1789 par la déclaration des droits de l'homme dans son article 11, «la libre communication de ses pensées et ses opinions est un des droits les plus précieux pour l'homme, tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement», on est passé au droit de l'information que des organisations internationales telles que l'Unesco allaient en faire leur credo. Dès lors, la lutte des idées aidant, le législateur, la société civile, la société politique, allaient s'intéresser aux formes d'organisation et au mode de fonctionnement du système d'information en général et aux médias en particulier. Il s'agissait en fait de l'émergence de préoccupations nouvelles relatives à la nature de l'entreprise de presse ainsi que des statuts qui la régissent. Ces statuts ont, à travers l'évolution historique contemporaine, reflété les rapports de force en présence dans chaque société. Perçus sous cet angle, les statuts de la presse ont tantôt exprimé de façon concentrée des consensus autour des formes d'organisation, de gestion et de fonctionnement du système d'information, tantôt la «domination sectaire et exclusive d'intérêts catégoriels précis des groupes sociaux dirigeants», tantôt ont servi à la diffusion de leurs conceptions idéologiques, politiques et économiques. Ces règles, puisées de l'enseignement pratique du fonctionnement des médias à travers de multiples expériences, en fonction du système sociopolitique de chaque pays, permettent néanmoins de formuler des remarques particulières s'agissant des pays en développement. Ces derniers, souvent nouvellement indépendants, structurés autour d'un régime centralisé et monolithique «parti unique exprimant les intérêts des masses populaires», ont dirigé et orienté l'information (d'où les missions d'orientation et de contrôle que s'attribuent les centres du pouvoir en Algérie à titre d'exemple). Dans leur croyance de représenter «légitimement» les intérêts de tout le peuple, ces Etats ont attribué en priorité à l'information (médias système et idéologie) une fonction de développement économique, social et culturel, dans la plupart des cas au détriment des libertés individuelles et collectives (exemple, différents textes du FLN relatifs à l'information). «L'information, intégrée dans une organisation planifiée et dirigée par les partis uniques, qui, même sans se référer au marxisme-léninisme, nient les libertés individuelles dans l'espoir que les procédures associées construiront d'abord un ordre social nouveau pour libérer l'homme de la faim, sinon de sa peur.»(2)
- Mettre la presse à l'abri de l'interventionnisme du pouvoir et des forces de l'argent
Nous avons sciemment fait ce rappel historique de l'évolution de l'information, pour aboutir à un enseignement qui nous paraît déterminant. Pour être libre, la presse, ou de façon générale l'information, doit être mise à l'abri de deux risques majeurs : l'interventionnisme du pouvoir et la domination des forces de l'argent. D'ailleurs, la conception libérale de la presse en Europe vers la fin du XIXe siècle liait la liberté de la presse à la liberté d'entreprendre, donc à la liberté d'entreprise, en mettant l'accent sur les impératifs économiques et commerciaux.
Une telle approche, sous-tendue par la conception libérale de l'économie, favorisée par la rapide évolution du progrès technique, ainsi que l'émergence progressive des barrières technologiques, nécessitant des besoins de financement accrus, ont permis aux forces de l'argent (capitaux) d'occuper le monde des médias dans le but d'en faire un marché. L'évolution du monde de la communication en ce début du XXIe siècle, celles des technologies qui la supportent, confirment cette tendance structurelle lourde. «L'entreprise capitaliste est celle qui est dirigée par les détenteurs de capitaux, il s'est produit une merveilleuse conciliation entre le capitalisme et la démocratie.»(3).
Cette entrée par effraction du capital dans la production et la reproduction de l'idéologie par médias interposés a soulevé des protestations jusque et y compris dans les milieux libéraux eux-mêmes. Ces derniers ont exigé la transparence dans la gestion des médias à travers des statuts appropriés. Le but était d'identifier les détenteurs de capitaux au sein de l'entreprise de presse. «Il serait souhaitable que le public sache à qui appartient la presse, quelle est son organisation financière et quelles sont ses recettes.»(4)
Les nouveaux enjeux géopolitiques
Dans ce contexte, et sur un autre plan, les pays en développement réclamaient plus d'équité dans la répartition des flux informationnels mondiaux émanant principalement des grandes agences internationales appartenant aux Etats occidentaux et liées au grand capital. Le mot d'ordre du Nomic (nouvel ordre mondial de l'information), au même titre que le nouvel ordre économique, apparaissait comme fondamentalement une revendication démocratique). Ainsi, différentes rencontres de la communauté de la communication en Afrique ont eu lieu, notamment celle de Windhoek en Namibie, ainsi que le séminaire sur la presse indépendante et pluraliste en Afrique organisée par l'Unesco... Cette organisation avait adopté sur la base des recommandations de Windhoek, en faveur du développement économique et culturel de chaque pays, dans sa conférence générale, la décision de faire de la journée du 3 mai celle de la liberté de la presse. Malheureusement, le Nomic n'a pas tenu face aux «coups de boutoir» du processus de mondialisation déjà engagé, ainsi que la nouvelle division internationale du travail, notamment après la chute du mur de Berlin en 1989 et l'ébranlement du bloc de l'Est. Un nouveau rapport de forces allait s'instaurer et préfigurer en particulier le nouveau paysage universel de la communication en ce début du troisième millénaire. Au demeurant, les première et deuxième guerres du Golfe, dont les conséquences se ressentent aujourd'hui de façon désastreuse en Irak, en Syrie, en Libye et au Sahel... avaient prouvé, et prouvent encore aujourd'hui, à tous ceux qui se sont laissés distraire par la «détente», qu'il ne faut jamais baisser la «garde» et que l'information, et de manière plus générale la communication, constitue un moyen de guerre politico-idéologique terrifiant.
En revanche, il est évident que le renforcement et l'élargissement des forces de paix dans le monde avaient suscité de grands espoirs pour l'humanité entière, mais il est tout aussi évident que ce mouvement de l'histoire s'était accompagné de la volonté des Etats occidentaux, et notamment les Etats-Unis, de diriger les affaires du monde. Cette tendance à l'hégémonisme américain, particulièrement au plan économique, correspondait en fait à une nouvelle phase de croissance du capitalisme à la fin du XXe siècle et au début du XXIe. Pour atteindre ses objectifs, l'Occident devait impérativement s'appuyer sur un processus de modélisation de la pensée humaine et d'homogénéisation des opinions publiques internationales en faveur du «monde libre».
Il s'y était préparé depuis longtemps, et ce n'est pas le fait du hasard si la révolution technologique, durant ces dernières décennies, a totalement était orientée vers deux branches fondamentales pour la reproduction élargie du capitalisme. Ainsi, l'informatique, l'électronique, la fibre optique, la télématique, les techniques du laser et les innovations qui en découlaient vont devoir servir en priorité le perfectionnement et la modernisation du potentiel militaire occidental pour asseoir durablement leur hégémonie sur les pays qui recèlent notamment des richesses minières et énergétiques.
«Le problème est provoqué par l'Amérique et ses énormes dépenses consacrées à la défense, le pouvoir d'achat dont dispose le Pentagone pour se procurer les produits de haute technologie électronique est comparable à la totalité du pouvoir d'achat du Royaume-Uni.
En concentrant les fonds publics sur cette industrie aux fins de préserver une hégémonie mondiale servant les impératifs stratégiques... d'autres pays se sont donné pour tâche de rivaliser avec leur propre méthode (Japon, Allemagne, Suède, Grande-Bretagne, France...»(5)
Les visées stratégiques de cet extraordinaire effort d'investissement et de recherche, qui se chiffre en milliards de dollars et pour lequel des consortiums financiers et industriels avaient été mobilisés sur la base d'un consensus garantissant des profits considérables aux firmes multinationales et la possibilité pour les Etats occidentaux, à leur tête les Etats-Unis, de dominer le reste du monde, apparaissent désormais au grand jour.
L'évaluation quantitative de la part grandissante des produits et services de communication
Internet et les autoroutes de l'information sont l'illustration irréfutable de cette dynamique universelle qui confirme les enjeux politico-financiers qui sous-tendent la fonction de communication. «Le monde moderne dans lequel se sont intégrés les pays de la planète dans leur ensemble est entré dans l'ère de la société d'information ou de la communication entendue comme stade ultime d'évolution dans les pays à hauts revenus.» «La communication est en phase de devenir le quatrième secteur de développement de l'activité humaine, après le primaire, le secondaire et le tertiaire, il a conquis une stature si vitale qu'elle s'est imposée dans l'espace intellectuel comme dominante stratégique dans le processus du progrès humain.»(6)
Les Etats-Unis, la CEE, à l'époque, et le Japon représentent environ 70% du PIB mondial, leur part de la production des biens et services de l'information avoisine les 90%.
- Quels enseignements pour l'Algérie ?
Ces enjeux stratégiques qui sous-tendent en fait la nouvelle division internationale du travail, ainsi que le rapport de forces qui préfigure déjà le paysage universel de la communication à l'orée du troisième millénaire doivent inciter les sociétés en développement, dont l'Algérie, à rechercher les meilleures formes de riposte aux tentatives de fragilisation de leur souveraineté nationale. Cette riposte doit passer nécessairement par l'intervention de l'Etat dans l'élaboration et la mise en œuvre de stratégies de libération de leur paysage de communication. Celle-ci doit être négociée intelligemment, en vue de favoriser notre insertion progressive dans la nouvelle division internationale du travail. Il s'agit pour nous d'assurer notre survie en tant qu'Etat-nation, culture, civilisation, histoire et, in fine, en tant qu'entité indépendante. En d'autres termes, il sera nécessaire pour les pouvoirs publics de revoir l'organisation du système de communication, son mode de fonctionnement, comme il est tenu de réunir l'ensemble des conditions qui favoriseront son expansion dans un contexte pluraliste et de la libre expression. En outre, on assiste aujourd'hui à l'échelle mondiale à une transformation radicale des conditions politiques, techniques, technologiques et financières à partir desquelles se réalise la communication sous toutes ses formes (écrite, parlée et filmée). Cette évolution s'est cristallisée autour des interrelations complexes entre la forme et le contenu du produit informatif. Ce processus a eu pour conséquence le passage du mode de fabrication traditionnel de l'information vers un mode de production industrielle, incorporant un fort taux technologique, donc de capitaux. De ce fait, l'organisation, le fonctionnement, les mécanismes de gestion de l'entreprise de presse ont-ils été adaptés aux objectifs politiques et à l'impératif économique qui préside à l'expansion de toute industrie naissante. Ce sont, entre autres, les difficultés auxquelles fait face la presse indépendante aujourd'hui en Algérie. Dans ce contexte, il faut rappeler que les pouvoirs publics, sous d'autres cieux, interviennent de plus en plus dans le financement de l'activité informative, pour garantir la «liberté de la presse» et renforcer les conditions techniques et juridiques de son fonctionnement démocratique pour répondre aux droits constitutionnels des citoyens à l'accès à une information objective et pluraliste. Malheureusement, le fonctionnement du système médiatique national demeure caractérisé par un certain nombre de carences et de questions en suspens. Il s'agit notamment de l'accès aux sources de l'information, de la juste répartition de la publicité en la libérant du monopole de l'Etat à travers une loi sur la publicité. Cette loi, prête depuis longtemps, tarde à voir le jour. Le pouvoir préfère utiliser le monopole de la publicité comme moyen de pression sur les journaux dont les lignes éditoriales dérangent leur politique. Quant à la définition des critères et des formes d'aide de l'Etat à la presse écrite, au-delà des «a priori éditoriaux», des «critères objectifs» tels que l'audience du journal, son aire de diffusion, son tirage, son lectorat, etc., elle doit nécessairement être prise en considération. S'agissant de l'accès des formations politiques et de l'opposition en général aux médias lourds (TV, radio et APS ), du code de déontologie et de la charte de l'éthique professionnelle, du statut du journaliste, des autorités indépendantes de régulation — Conseil supérieur de l'information, celui de l'audiovisuel —, de l'institut de sondage, de l'Office indépendant de contrôle et de justification de la publicité (OJD), de l'ouverture du secteur de l'audiovisuel à l'investissement privé, les autorités temporisent pour des raisons évidentes. La peur de la transparence dans leur mode de gouvernance, sachant qu'à l'heure actuelle, face à une opposition atomisée, seule la presse indépendante constitue un contre-pouvoir aux yeux de l'opinion publique, et c'est pour cela qu'il faut la «domestiquer».
A. H.
* Ancien directeur de l'expansion de la presse écrite et inspecteur général au ministère de la Communication.
Références bibliographiques
(1)Herbert Schiller, professeur à l'université de Californie.
(2) Edouard S. Herman, cité par Schiller dans sa communication.
(3) Jean Madox savant britannique.
(4) Le journal Le Monde du 3 juin 1989.
(5) Voix multiples un seul monde ; communication d'aujourd'hui communication et sociétés d'aujourd'hui et de demain de Sean McBride 1980
(6) Le monde diplomatique, août 1989 (conférence de Herbert Schiller : «Faut-il dire adieu à la souveraineté culturelle ?»
(7) La grande aventure d'Alger républicain (Boualem Kalfa/Henri Alleg/Abdelhamid Benzine édition Dar El Hijtihad.


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