L'Assemblée nationale française a adopté, hier mardi, à une écrasante majorité, une résolution «invitant le gouvernement français à reconnaître l'Etat palestinien en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit». Un véritable coup de tonnerre car la résolution a été présentée par le groupe socialiste, le parti majoritaire de François Hollande, au pouvoir en France depuis 2012. C'est un vote qui, en plus, vient dans le sillage d'initiatives similaires des Parlements britannique et espagnol alors que la Suède, elle, avait franchi le pas lorsque c'était son gouvernement qui reconnaissait l'Etat palestinien. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Le vote des députés français est sans appel : 339 voix se sont ainsi exprimées en faveur de la résolution des socialistes contre seulement 151 voix et 16 abstentions. Les voix «contre» sont essentiellement celles du principal parti d'opposition, l'UMP du revenant Nicolas Sarkozy. Ce dernier avait même publiquement appelé le Parlement français à bloquer cette résolution le week-end dernier, à l'occasion du congrès de l'UMP qui a consacré son retour sur la scène politique. L'ex-président français, désormais chef de file de la droite dure, a bâti toute sa campagne sur ce blocage-là, sur «la sécurité d'Israël» qu'il disait être sa priorité ainsi qu'une stigmatisation à la «Jean-Marie Le Pen» des Maghrébins et des immigrés. Pourtant, de tradition, c'est la droite qui a toujours eu une «politique arabe» : c'était valable depuis de Gaulle et cela a culminé sous Chirac qui était allé jusqu'à s'opposer à la guerre en Irak, à faire fulminer de rage le Premier ministre israélien lors d'une mémorable visite qu'il effectuera chez les Palestiniens à Jérusalem et bien d'autres initiatives qui, au plan international, lui ont valu la méfiance de Tel Aviv et de Washington et, au plan domestique, d'être constamment épinglé par... la gauche et ses ténors comme Jospin et Fabius ! Ce dernier, aujourd'hui ministre des Affaires étrangères, avait fait voté, du temps où il présidait l'Assemblée nationale, une loi qui porte son nom, «la loi Fabius» donc et qui interdit «le révisionnisme». C'est-à-dire toute remise en cause de l'Holocauste, ou tout ce qui concerne Israël d'une manière indirecte. Il faut dire que, historiquement, c'est au sein de la gauche française que le puissant lobby juif a le plus de représentants. Signe des temps, c'est Laurent Fabius qui est allé vendredi dernier défendre le principe de l'existence «effective et non pas factice» de deux Etats, palestinien et israélien. Il fait même la proposition que la France organise une conférence internationale pour le règlement définitif du «conflit entre Israël et la Palestine». En clair, le vote de la résolution du Parlement français de ce mardi, n'est qu'une séquence d'une initiative française chapeautée par le gouvernement et la présidence française pour faire pression sur le gouvernement de la droite dure de Netanyahu, inflexible et intraitable. La réaction ne s'est, du reste, pas fait attendre ! Quelques minutes seulement après le vote des députés français, un communiqué de l'ambassadeur d'Israël à Paris faisait clairement savoir que «ce vote va éloigner les possibilités de paix». La France ira-t-elle jusqu'au bout pour être le 136e pays à reconnaître l'Etat de Palestine ?