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Mme BOUDJEMAÄ DALILA, MINISTRE DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET DE L'ENVIRONNEMENT, AU SOIR D'ALGERIE : «Une démarche fédérative et participative du secteur» (1re partie)
Réalisé par khedidja Baba-Ahmed A l'heure où l'environnement occupe beaucoup de gouvernants à travers le monde qui multiplient depuis quelques années les rencontres internationales pour tenter, pas toujours en réussissant, de préparer un avenir plus propre et plus vivable aux citoyens de la planète, nous avons voulu savoir comment justement notre pays conçoit cette question, comment il se prépare à éviter les catastrophes écologiques annoncées, réelles ou supposées. Qui mieux que Dalila Boudjemaâ, la ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, pour répondre à ces interrogations ? A la veille de sa participation à Lima (Pérou) à la Conférence mondiale sur le climat (du 1er au 12 décembre), nous l'avons rencontrée et évoqué avec elle non seulement les problèmes de préservation de l'environnement, d'écologie, mais aussi, et c'est un secteur de taille, l'aménagement du territoire, les plans, dispositifs et mesures, et tous les aspects nombreux qui y sont liés. Soir d'Algérie : Sur quels grands axes se déploie le Schéma national d'aménagement du territoire, sachant que l'absence de politique claire d'aménagement a souvent engendré des catastrophes ? Mme Dalila Boudjemaâ : Le Schéma national d'aménagement du territoire (Snat) a fait un diagnostic du territoire à l'échelle nationale, un état des lieux chiffré, ce qui a permis d'apprécier qualitativement et quantitativement que nous ne pouvons plus continuer à gérer le territoire comme on l'a fait jusqu'à maintenant. Le Snat a confirmé que 87% de la population est concentrée sur 4% du territoire national au nord du pays, ce qui engendre l'urbanisation anarchique, la dégradation des terres agricoles, des espaces naturels, la mauvaise gestion de toutes les ressources, jusqu'aux déchets. La plupart des désagréments constatés dans nos villes et à l'intérieur du pays sont dus pour la plupart à ce déséquilibre territorial. Le Snat a proposé des orientations et des actions concrètes sectorielles et régionales pour répondre aux défis de l'Algérie dans le contexte de la mondialisation et de tout ce qu'elle engendre comme problèmes, les changements climatiques, la crise économique... Ces actions œuvrent à freiner la littoralisation en revitalisant les Hauts-Plateaux et le Sud. Le Snat veut donner la chance aux générations futures, aux jeunes, en leur créant toutes les conditions socioéconomiques pour qu'ils puissent s'épanouir chez eux. Il s'articule autour de quatre grands axes : la durabilité en préservant le capital naturel et culturel de notre pays ; le rééquilibrage des localisations des activités et des populations ; l'attractivité des investissements et enfin la réalisation de l'équité en renouvelant les espaces dégradés des villes et du milieu rural et en assurant la mise à niveau des zones à handicap. Ca c'est au plan national, et aux niveaux régional et local ? Il faut préciser que ce schéma national encadre et se décline en 21 schémas directeurs sectoriels, 20 programmes d'actions territoriales, 9 schémas régionaux, 4 schémas directeurs des grandes villes (Alger, Oran, Constantine et Annaba) et 48 plans d'aménagement de wilaya. Vous voyez bien qu'il ne s'agit pas d'un simple plan centralisé. En outre, le Snat présente l'image souhaitée de l'Algérie future en s'appuyant sur les trois piliers du développement durable : l'économique, le social et l'environnemental. C'est l'outil de planification stratégique du développement économique et social. C'est le lieu privilégié de toutes sortes de concertation et de coordination. Justement, un tel schéma suppose une coordination des plus fortes en amont, pour son élaboration. Cela a-t-il été le cas ? L'élaboration de ce schéma a franchi une étape décisive à la faveur des directives de Monsieur le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors de la réunion du gouvernement du 3 mars 2009, consacrée à la présentation de l'avant- projet de loi portant approbation du Snat. La politique d'aménagement du territoire s'est dotée d'instruments législatifs, réglementaires, organisationnels, financiers et fiscaux, pour impulser une réorganisation du territoire, qui, non seulement devra corriger les distorsions constatées, mais aussi assurer l'équilibre, l'équité, l'attractivité et valoriser ses atouts et ses potentialités tout en veillant à la durabilité du développement de toutes les régions et villes du pays. Elle se caractérise par la promulgation de la loi 01-20 relative à l'aménagement et au développement durable du territoire, et par un événement majeur qui est celui de l'adoption par le Parlement de la loi n°10-2 du 29 juin 2010, portant approbation du Schéma national d'aménagement du territoire (Snat). Pour vous répondre plus précisément, il faut que vous sachiez que la démarche d'élaboration du Snat a suivi une approche fédérative pour l'ensemble des départements ministériels. Sa conception a reposé sur un constat partagé de la situation de notre territoire et sur une démarche participative aussi large que possible. Un Comité intersectoriel réunissant les différents ministères sectoriels impliqués dans l'aménagement du territoire s'est tenu très régulièrement et une démarche de concertation avec les acteurs territoriaux (comité de wilaya) a été menée tout le long de son élaboration. Parallèlement, une démarche de prospective participative s'est déroulée au cours de séminaires thématiques et des échanges réguliers. Cette démarche a permis la cohérence entre les objectifs et programmes du Snat avec ceux des différents ministères à travers leurs schémas directeurs. L'ensemble de ces contributions ont permis d'éclairer, de préciser et d'orienter les travaux du Snat sur le plan territorial, sectoriel, prospectif et opérationnel. L'objectif visé, à travers une démarche interactive, consistait dans l'appropriation par tous les acteurs des dimensions territoriales du Snat. Où en est-on dans son application et là aussi existe-t-il des mécanismes de coordination intersectorielle pour sa mise en œuvre ? Le Snat est un document de cohérence et de coordination des politiques publiques et des actions de développement. Il n'est pas seulement un document d'orientation fixant des grands principes, mais les propositions qu'il contient se dessinent déjà dans la réalité depuis plus d'une décennie. Outre la tenue régulière d'un Comité intersectoriel réunissant les différents ministères impliqués dans l'aménagement du territoire et chargé du suivi et de la validation des travaux relatifs au Snat, une démarche de concertation avec les acteurs sectoriels et territoriaux a été menée durant tout le long de son élaboration. Le tableau de bord de suivi et d'évaluation de la mise en œuvre du Snat permet de visualiser des actions programmées dans le Snat, et les éventuels décalages entre les prévisions et les réalisations des projets. Cette démarche est complémentaire de celle d'évaluation, plus aboutie et détaillée, mise en œuvre à travers l'Observatoire national du territoire (ONT). Où en est justement le projet de l'Observatoire national du territoire ? Le gouvernement, dans le cadre de l'application du Snat, œuvre à mettre en place les mécanismes opérationnels de coordination intersectorielle et interterritoriale (régions, wilayas). Parmi ces mécanismes, l'Observatoire national du territoire (ONT) est l'instrument privilégié qui permettra de rendre compte de l'état des réalisations des actions du Snat. C'est un outil d'aide à la décision et un dispositif de capitalisation, de valorisation et de vulgarisation de l'information territoriale produite par les différents acteurs. Ce projet est dans sa phase de création institutionnelle à travers l'élaboration de son projet de décret qui va fixer ses missions, son organisation et son fonctionnement. Il aura pour missions : de suivre l'évolution des dynamiques territoriales afin de permettre l'actualisation du Snat. Ceci donnera des aptitudes aux différents décideurs sectoriels et des collectivités locales à redéfinir la démarche de mise en œuvre de leurs politiques. Il sera chargé de réaliser une réflexion en faisant participer tous les secteurs pour élaborer les indicateurs qui vont permettre d'alimenter le rapport d'évaluation annuel du Snat et de tous les autres instruments d'aménagement du territoire, en redessinant une cartographie partagée entre les différents acteurs. C'est l'espace où tous expriment leur avis sur la cohérence des projets initiés dans le domaine de l'aménagement du territoire et sur toutes les autres questions qui concernent le développement socioéconomique de l'Algérie. Toujours en terme d'aménagement du territoire, la nouvelle ville Ali-Mendjeli, que d'aucuns qualifient de catastrophe, sera-t-elle le modèle à ne plus suivre et quels enseignement avez-vous tiré de cet exemple ? La «ville nouvelle» par définition est un outil de désengorgement des villes et d'équilibre de l'armature urbaine. Mais en Algérie la ville nouvelle prend une dimension particulière en raison de son caractère volontariste. Afin de désengorger la ville de Constantine, à l'étroit sur son site pittoresque, et rapidement débordée par la croissance démographique et le manque de terrains pour mettre en œuvre les ambitieux programmes de logements, la décision fut prise de construire une ville nouvelle sur le plateau de Aïn El-Bey. Effectivement, c'est un modèle à ne pas suivre, car la ville nouvelle Ali-Mendjeli partait de zéro, sans noyau de démarrage, sans amorce, ce qui enlève toute profondeur historique et toute stratification. Les «bonnes» intentions affichées lors des phases préliminaires du projet de la ville nouvelle n'étaient pas suffisantes pour permettre de créer des lieux de convivialité et d'urbanité. Cependant, un paramètre nous paraît déterminant ; celui relatif à la manière de concevoir la nouvelle ville. Cette dernière a été conçue en deux temps indépendants : le temps des urbanistes géographes qui ont dessiné l'épannelage général, les quartiers, les unités de voisinage et celui des architectes qui ont conçu des bâtiments objets. Il a manqué à cette ville une échelle intermédiaire ; celle du design urbain. C'est au niveau de cette échelle d'intervention que les intentions de départ auraient pu trouver un champ d'application. L'échec de ce projet de ville nouvelle nous amène à réfléchir sérieusement à réaliser des villes nouvelles qui remplissent réellement leurs fonctions. Car cette ville aurait pu être une réussite si certaines fonctions ont été prévues, conjointement avec le logement. En effet, la «simultanéité entre la construction des logements et celles des usines et magasins qui assurent l'emploi des habitants» aurait pu être un facteur déterminant dans la stabilisation des résidents. Cette ville nouvelle est actuellement problématique. En effet elle n'a pu concrétiser les aspirations légitimes de ses habitants malgré sa situation géographique d'excellence et sa proximité avec l'aéroport international Mohamed-Boudiaf. Pour sédentariser sa population, il aurait fallu créer des emplois, investir à long terme afin de rendre cette ville nouvelle attractive et productive. En outre, la création du pôle universitaire serait d'un précieux concours pour le développement et le rayonnement futurs de la ville. Les potentialités qu'il recèle insuffleraient donc une dynamique de croissance pour changer la physionomie de cette agglomération qui est, pour le moment, un vaste «ensemble d'hôtels» destinés à offrir le repos nocturne. Il y a certains termes que le citoyen entend souvent mais qui ne lui sont jamais explicités. Il en est ainsi du «projet d'intégration de développement durable» et du «pôle de développement compétitif». Que recouvrent ces termes concrètement ? L'approche d'intégration du développement durable, dans la planification des projets, signifie pour un gestionnaire de veiller à la «rentabilité économique» de son projet tout en diminuant les impacts négatifs du projet sur «l'environnement physique» et sur «le plan social». L'intégration des objectifs du développement durable en gestion de projet c'est aussi un processus complexe et/ou plusieurs facteurs peuvent interagir entre eux, rendant presque impossible l'existence d'un modèle universel. A ce titre, l'implantation d'un projet nécessite aujourd'hui de comprendre les particularités locales, les attentes des parties prenantes et le contexte socioéconomique. L'analyse des questions du développement durable doit être intégrée tout au long du cycle d'un projet durant toutes les phases de réalisation de ce dernier, à savoir : la phase de programmation ; la phase d'identification ; la phase de conception ; la phase d'exécution et enfin la phase d'évaluation et de finalisation. D'accord pour ces explications théoriques, mais cela se traduit comment dans nos projets ? C'est dans le cadre de la mise en œuvre des instruments d'aménagement du territoire que le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement a organisé des «Journées Brainstorming» dans les espaces de programmation territoriale Nord-Est, Nord-Ouest, Hauts-Plateaux-Est, Hauts-Plateaux-Ouest et Sud-Ouest, en vue de l'identification de projets pilotes de développement intégré. A l'issue des travaux de ces journées, des projets ont été identifiés avec les représentants des wilayas concernées et validés par les assemblées populaires de wilaya en vue de leur présentation au gouvernement. Quant au pôle de compétitivité et au plan théorique d'abord mais sans entrer dans le détail, c'est «une combinaison, sur un territoire donné, d'entreprises, de centres de formation et d'unités de recherche, engagés dans une démarche partenariale destinée à dégager des synergies autour de projets communs au caractère innovant, et disposant de la masse critique nécessaire pour une visibilité internationale». Une telle définition montre que les différents acteurs, à savoir les entrepreneurs, les chercheurs et les responsables politiques locaux doivent travailler ensemble en vue d'assurer un développement local harmonieux et durable, et contribuer à la promotion d'une politique de réseau au niveau local et régional, national et même international. Ceci implique une mutualisation des ressources humaines, des liens entre les différentes industries, les chercheurs et l'enseignement, une promotion, ainsi que l'encouragement de l'esprit d'innovation et d'entrepreneuriat. Quels sont les pôles d'activité identifiés dans notre pays ? Six pôles de compétitivité et d'excellence (POC) sont pré-identifiés par le Schéma national d'aménagement du territoire (Snat) à l'horizon 2030. Les six POC pré-identifiés s'efforcent de concilier une logique économique et une logique territoriale. C'est ainsi que nous avons : * Alger-Sidi Abdallah-Bouinan : TICs : technologies de l'information et de la communication, technologies avancées, biotechnologies alimentaires et santé et médecine du sport-diététique. * Oran-Arzew—Sidi-Bel-Abbès- Tlemcen : chimie organique et énergie, technologies spatiales et télécommunications. * Constantine-Annaba-Skikda : biotechnologies, métallurgie-mécanique et pétrochimie. * Sétif-Béjaïa-Bordj-Bou-Arréridj-M'sila : plasturgie, électronique, biotechnologie alimentaire et productique. * Médéa-Boughezoul-Laghouat : filière électronucléaire et l'industrie pharmaceutique. * Ouargla-Hassi-Messaoud-Ghardaïa : pétrochimie, énergies traditionnelles, énergies renouvelables et biotechnologies zones arides. Au plan de votre 2e secteur de compétences, l'environnement, quels sont dans le pays les secteurs industriels les plus polluants ? Quels types de relations entretenez-vous avec ces secteurs et quelles actions avez-vous engagé ensemble ou comptez le faire ? L'Algérie était confrontée à de sérieux problèmes de pollution industrielle (pétrochimie, chimie, ciment, agroalimentaire, sidérurgie...). Un parc industriel obsolète, fréquemment inefficace, génère des pollutions diverses (eaux résiduaires, rejets atmosphériques) et des déchets industriels dangereux, dans des zones industrielles implantées le plus souvent à la périphérie des villes, avec toutes les implications sur le cadre de vie et la santé des citoyens. Ainsi, la politique environnementale industrielle actuelle, initiée par le gouvernement, poursuit deux objectifs fondamentaux : d'abord, lutter contre les pollutions industrielles, selon une approche pragmatique et opérationnelle déclinée en trois axes : combattre les pollutions aux points chauds, déstocker, éliminer les déchets spéciaux et décontaminer les sites pollués et enfouir les déchets ultimes, puis assister les entreprises à améliorer leur compétitivité en adoptant des stratégies visant à rationaliser l'utilisation des ressources (eau, énergie, matières premières...), renforcer le recyclage et la récupération des matières premières, améliorer la gestion des entreprises (notamment au plan environnemental et améliorer les coûts de production, l'image de marque et la valeur marchande des entreprises). La lutte contre les pollutions aux points chauds a enregistré des résultats exemplaires. Il en est ainsi de Annaba, où le projet «Contrôle de la pollution industrielle» dans les secteurs des engrais et de la sidérurgie a permis de réduire les émissions d'oxyde de soufre de 88% et d'oxyde d'azote de 98%, avec des effets bénéfiques sur la réduction des maladies respiratoires. Ce premier succès a incité d'autres entreprises à investir. C'est le cas du Complexe d'électrolyse de zinc de Ghazaouet où les émissions d'oxyde de soufre ont été réduites et où les boues de lixiviation de zinc stockées sur la côte sont en voie d'être éliminées et le site décontaminé. Plus d'une douzaine de cimenteries se sont dotées de filtres à manches, permettant de réduire de plus de 50% les émissions de poussières et de dioxydes de carbone. Un programme de dépollution important a été engagé à travers des opérations de déstockage, d'élimination des déchets spéciaux et de décontamination des sites pollués tels que le mercure, les déchets cyanurés, les pesticides périmés, les boues de lixiviation de zinc, les produits pharmaceutiques périmés et les PCB, les déchets d'amiante... En ce qui concerne l'enfouissement des déchets ultimes, deux installations sont en cours de réalisation. Grâce à la démarche partenariale que le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement a engagée avec les entreprises, une prise de conscience a été constatée. Il est question pour nous d'amorcer le passage de nos industries vers un système de management environnemental performant. En effet, les entreprises perçoivent de plus en plus positivement la convergence des impératifs de la protection de l'environnement et ceux de l'efficacité économique. C'est ainsi que 2 700 délégués de l'environnement ont été désignés au sein des entreprises et formés, avec pour missions de concevoir, mettre en œuvre et suivre des plans de dépollution et de protection de l'environnement, 250 entreprises ont souscrit des contrats de performance environnementale, définissant de manière volontaire leurs engagements en matière de protection de l'environnement (réduction des émissions, traitement des pollutions générées, économie en eau et en énergie...) à travers la mise en place de dispositifs anti-pollution, de systèmes d'autocontrôle et d'auto-surveillance de la pollution, d'élaboration d'audits énergétiques et d'audits d'usage de l'eau ainsi que de programmes de formation. 50 entreprises ont été certifiées ISO 14 000 et d'autres sont en cours de l'être, augurant positivement du développement de l'approche «win-win». De plus en plus de groupes économiques, de grandes et même petites et moyennes entreprises s'engagent pour concilier citoyenneté et protection de l'environnement à l'efficacité économique. Est-ce à dire que tout va bien ? En tout cas, cela va de mieux en mieux. Il est attendu, aujourd'hui, de nos entreprises de se conformer aux textes de loi et réglementations en vigueur sur la protection de l'environnement, de favoriser les principes de précaution et de prévention tels qu'institués par la loi de l'environnement dans le cadre du développement durable, d'adopter des technologies propres respectueuses de l'environnement, de stimuler des pratiques éco-responsables pour la réduction à la source, le réemploi ou le recyclage des déchets. Le Centre national des technologies de production plus propre (CNTPP) a été institué en tant que partenaire accompagnateur privilégié en matière de mise à niveau environnementale des entreprises, de réalisation d'études d'impact sur l'environnement, d'audits environnementaux, d'études de dangers, de mise en place de systèmes de management environnemental et de formation. La compétitivité verte commence à inspirer de plus en plus de chefs d'entreprise. Investir écolo, produire tout en préservant l'environnement est la priorité. Le Centre national des technologies de production plus propre s'attache à diffuser et à aider les entreprises dans leurs projets de mise en place de techniques environnementales préventives qui se sont d'ores et déjà avérées fructueuses. Cette nouvelle forme d'économie participative exige concertation, coopération et partenariat entre tous les acteurs du développement durable. Des études portant sur la pollution de l'environnement ont démontré que les taxes appliquées à des secteurs industriels polluants pouvaient, à terme, être dissuasives et amener ces industries à réduire leur pollution. Qu'en est-il chez nous ? La fiscalité écologique (ou taxe environnementale) est l'expression même du principe «pollueur-payeur». Outil fondamental de la politique environnementale, elle vise clairement, par un signal-prix, à protéger l'environnement et les ressources naturelles en limitant leur dégradation, voire en finançant leur remédiation ou leur restauration. A ce titre, en 2002, depuis plus de dix ans maintenant, la loi de finances a donné corps à la fiscalité écologique pour inciter les pollueurs à modifier leur comportement, c'est ainsi que 10 taxes écologiques ont été instaurées (déchets industriels, déchets d'activités de soins, pollution atmosphérique d'origine industrielle et les effluents industriels). Basée donc sur un principe d'équité, où c'est le pollueur qui doit payer, cette fiscalité a concerné au départ surtout les activités économiques polluantes qui sont classées en deux catégories : celles qui sont soumises à une simple déclaration préalable et celles qui nécessitent une autorisation préalable soit du ministre chargé de l'Environnement, soit du wali territorialement compétent, soit du président de l'APC territorialement compétent. Le montant de la taxe est fonction de la nature et de l'importance de l'activité ; ainsi que du type et de la charge de pollution générée par l'activité. Le constat fait sur le terrain démontre qu'il y a une prise de conscience de la part des industriels qui commencent à s'adapter à ces nouvelles exigences environnementales en réalisant des économies d'énergie importantes, en traitant leurs effluents liquides industriels, leurs déchets, en utilisant des technologies de production plus propre dans les différentes branches d'activités (l'agroalimentaire, la mécanique, la chimie, la pétrochimie, la pharmacie, le tannage...). Tous ces efforts réalisés par les industriels montrent qu'ils sont convaincus de la nécessité de préserver l'environnement. L'emploi de ces instruments économiques était une nécessité, non seulement pour des raisons écologiques, mais aussi pour des raisons économiques. Combinés à une application crédible de la réglementation, la sensibilisation du public et la diffusion de l'information, ces instruments induisent des comportements plus responsables de la part des différents agents économiques. Cette démarche permettra de créer une économie industrielle équilibrée et structurée selon trois grands principes : efficacité environnementale, équilibre économique et partenariat pour une maîtrise des coûts. Le dispositif mis en place a permis la création d'emplois verts (2 700 délégués pour l'environnement ont été formés) au niveau des entreprises industrielles et l'amélioration progressive de l'environnement et de la qualité via l'introduction des certifications ISO 9000 et 14000. Que fait votre département pour la décontamination des sites amiantés et où en est-on aujourd'hui? L'amiante a été très utilisé, du fait des ses nombreuses propriétés, notamment sa résistance aux hautes températures, aux substances chimiques agressives et aux micro-organismes, sa propriété d'isolants phoniques et électriques, son aptitude textile, sa résistance élevée à la tension, sa flexibilité, sa résistance à l'usure. En Algérie, les risques les plus importants liés à l'utilisation de l'amiante ont été identifiés en milieu professionnel. C'est dans ce cadre que le gouvernement a décidé de fermer les 4 unités d'amiante-ciment en 2007, la décontamination des sites, la réhabilitation et la gestion de tous les déchets d'amiante ou contenant cette matière est en cours de lancement. A eu lieu également le désamiantage de la coupole Mohamed-Boudiaf du Complexe olympique du 5 Juillet en 2004. Une seconde opération a été lancée en 2010 par la Société de maintenance industrielle de Skikda (Somik) pour l'enlèvement et l'élimination des résidus contenant des fibres d'amiante au niveau de l'installation de traitement d'Inertam. Des diagnostics sur site concernant des établissements scolaires, des hôpitaux et des ouvrages stratégiques fréquentés par une forte population sont entrepris par le Centre national d'assistance technique (Cnat). L'environnement est une affaire des pouvoirs publics, mais aussi une affaire citoyenne. Le souci de le préserver a-t-il pris encrage dans la culture de notre société ? Quels dispositifs de votre département pour en faire une préoccupation quotidienne, un réflexe ? Effectivement, l'environnement est une affaire des pouvoirs publics, mais aussi et surtout une affaire citoyenne. Chaque petit geste peut être un geste en faveur de la préservation de l'environnement, chaque geste au quotidien a une incidence. Les citoyens sont encore peu sensibles aux problèmes environnementaux, à la propreté des villes et bien d'autres questions spécifiques à l'environnement. Pour élever le niveau de civisme et développer un comportement éco-citoyen, de nombreuses actions de sensibilisation ont déjà été engagées et se poursuivent régulièrement et qu'il faut encore dynamiser pour consolider la dimension citoyenne et de responsabilité. C'est là une véritable révolution des mentalités et des comportements, un vrai combat que nous menons quotidiennement. L'objectif est ainsi clairement affiché : il faut faire progresser l'esprit de responsabilité afin qu'à la pratique habituelle du chacun pour soi, qui est à la source de toutes les pollutions, succède celle, vitale, du chacun pour tous pour ne pas compromettre notre droit à un environnement de qualité. L'écocitoyenneté passe par un effort d'éducation, de formation et de sensibilisation. C'est ainsi et afin de responsabiliser et de promouvoir les actes éco-citoyens que le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement a engagé une vaste action de sensibilisation auprès de tous les publics : administrations, structures socio-éducatives, hommes de culte, associations, mouvement de jeunesse, élus, médias... Une impulsion nouvelle a été donnée à cette dynamique environnementale afin d'entraîner des changements de comportement et d'attitude et de convaincre de la possibilité, pour que chacun et à son niveau agisse en faveur de son environnement. pPour atteindre davantage les objectifs fixés, nous avons mobilisé encore plus les moyens humains nécessaires et renforcé les capacités de l'encadrement de tous les publics ciblés, à travers la mise en place de clubs verts, des maisons de l'environnement qui constituent des lieux de découverte et d'échanges dans les domaines de l'environnement et sont ouvertes à la jeunesse, aux ONG, relais incomparables de la diffusion d'une culture éco-citoyenne. Le Conservatoire national des formations à l'environnement est chargé entre autres d'initier et d'animer diverses actions de sensibilisation. Aussi, pour investir sur le long terme, l'éducation environnementale est introduite dans le cursus des établissements scolaires. Investir dans l'éducation à l'environnement est le plus sûr moyen de faire avancer la cause de l'écologie. C'est le moyen de donner aux générations futures les clés pour être en mesure de résoudre les problèmes de l'environnement. Les médias ont également un rôle à jouer, ce sont des acteurs crédibles de l'éducation à l'environnement du grand public. Au niveau local, les communes commencent à mettre en place des cellules environnementales qui s'attelleront à promouvoir les actions de sensibilisation. La démarche éco-citoyenne ne concerne pas seulement les citoyens : toutes les organisations, entreprises, collectivités, institutions doivent mettre en œuvre des actions éco-citoyennes. Elles s'inscrivent ainsi dans une démarche globale de développement durable K. B.-A