Ali Benflis répond du tac au tac à ce qu'il qualifie de «clientèle politique du pouvoir en place» en l'occurrence et surtout, les patrons du RND et du FLN, Abdelkader Bensalah et Amar Saâdani. Aux déclarations de ces derniers, qui n'ont pas du tout ménager l'opposition le week-end dernier, l'ancien chef du gouvernement répliquera par un communiqué au vitriol. Contre «cette clientèle», accessoirement et contre Abdelaziz Bouteflika, essentiellement. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) D'entrée, Benflis nomme sa cible : «Le régime politique en place dans notre pays vit en total désarroi (...) un désarroi qui l'amène à persister dans son attitude de déni des réalités et dans la fuite en avant.» Pour Benflis, c'est ce qu'il suggère bien en tout cas, l'on a affaire, dans les sorties de Bensalah et Saâdani, à de simples œuvres de marionnettes actionnées par El-Mouradia. «Il ( Bouteflika ) vient de lancer un appel désespéré à sa clientèle politique , qui y a répondu avec zèle et empressement, pour appuyer la guerre d'usure qu'il livre sans retenue à l'opposition nationale.» Pour mieux se faire comprendre, Benflis précise : «Celle-ci ( l'opposition ) est accusée de tous les maux du pays ; elle est accusée de manière inacceptable et indigne d'exposer le pays à l'aventure , de menacer sa stabilité et de favoriser l'ingérence extérieure dans les affaires nationales.» Puis, de retourner l'accusation, ciblant bien son tir sur le clan présidentiel : «L'aventure, lit-on dans le communiqué rendu public hier dimanche, n'est pas dans l'action de l'opposition mais bel et bien dans l'attitude déraisonnable et obstinée de condamner tout un pays à l'immobilisme et à la stagnation au seul bénéfice d'intérêts claniques et de réseaux rentiers.» Plus précis encore, il ajoutera, en direction de Bouteflika, «les menaces pouvant peser sur le pays ne résident pas dans les initiatives légitimes de l'opposition nationale que ne guide que son devoir patriotique, mais sont manifestement portées par la vacance du pouvoir , la mise à l'arrêt des institutions nationales et l'illégitimité et la non-représentativité de ses institutions». Une double allusion, tout à la fois à l'état de santé de Bouteflika et à son coup de force en 2004, 2009 et, surtout en 2014 qu'étaient les élections présidentielles qui le maintiennent au pouvoir. «Quant à l'ingérence étrangère, relèvera encore l'ancien chef du gouvernement et candidat aux présidentielles de 2004 et 2014, elle est recherchée et même souhaitée par le régime en place lorsqu'elle le conforte et lui témoigne ses complaisances, mais elle est dénoncée et ciblée dès lors qu'elle met en exergue ses manquements et ses contradictions.» Avant d'ajouter que , de toutes les manières, «le chantage à la stabilité et à l'ingérence étrangère est un argument creux, dont le régime en place a tellement abusé, qu'il a perdu toute crédibilité». Il accusera également Bouteflika d'avoir «usurpé une légitimité sécuritaire comme substitut à la légitimité populaire qu'il n'a pas, en se présentant comme seul garant et comme seul défenseur de la stabilité». Bête noire du clan présidentiel depuis 2003, Ali Benflis n'a d'ailleurs toujours pas obtenu l'agrément pour son nouveau parti politique sur injonction venue d'El-Mouradia, bien que le dossier soit irréprochable sur tous les plans.