Le projet de révision constitutionnelle proposé par Abdelaziz Bouteflika n'est «qu'un acte de diversion», estime Ali Benflis, dans un communiqué de presse. Il accuse le régime en place d'initier un amendement de la loi fondamentale dont «il gardera seul le contrôle pour décider du contenu final». Tarek Hafid - Alger (Le Soir) Ali Benflis a réagi aux mesures politiques annoncées par le chef de l'Etat lors sa quatrième cérémonie d'investiture. L'ex-candidat à l'élection présidentielle a critiqué, mercredi, l'engagement du Président Bouteflika visant à «relancer sous peu le chantier des réformes politiques qui aboutira à une révision constitutionnelle». «La révision constitutionnelle ainsi envisagée porte limitativement sur la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice, le rôle du Parlement, la place et les droits de l'opposition ainsi que les droits et liberté des citoyens. Le régime en place rejette les propositions d'une conférence nationale ou d'un mandat-transition comme cadre consensuel organisé de refondation du système politique algérien», indique Benflis dans un communiqué rendu public hier. Il estime que cette «proposition n'est qu'un acte de diversion» car elle «pèche par des insuffisances intrinsèques qui la destinent à être sans effet sur la crise politique et institutionnelle actuelle dont elle feint d'ignorer la nature et les causes véritables». Parmi les insuffisances, Benflis relève que «les cinq domaines devant faire l'objet de la révision constitutionnelle sont précisément ceux-là mêmes que le régime en place a, durant les quinze dernières années, affaiblis et ignorés» et que la proposition «n'accorde à l'opposition que le rôle de caution politique et morale à une initiative dont le régime a déterminé unilatéralement les limites et dont il a fixé seul les modalités et les règles». Cette démarche du clan présidentiel bâtie sur le déni et le fait accompli aura, selon lui, une série de conséquences. La première est que cette révision «sera sans effets réels sur le règlement de la crise». «Alors que l'opposition réclame une Constituante comme cadre global d'une refondation du système politique algérien, le pouvoir en place n'envisage qu'une révision constitutionnelle qu'il organiserait et contrôlerait lui-même et dont il déciderait seul du contenu final». Pour l'ancien chef du gouvernement, «les ravalements constitutionnels de façade» ne mettront pas un terme à l'impasse politique. «La Constitution dont la République se dotera devra se concevoir comme le couronnement d'un processus politique où l'opposition tiendra le rôle de partenaire effectif et non de simple caution. Le point de départ de ce processus politique, quant à lui, devra nécessairement se traduire par un retour à la volonté populaire comme source de toute légitimité et par la mise en capacité des institutions de la République d'assurer leurs missions constitutionnelles».