Le nouveau parti de Ali Benflis sera-t-il agréé un jour ? Cette affaire, qui commence à virer au burlesque, connaît un nouveau rebondissement : le ministère de l'Intérieur a notifié, jeudi, au «représentant des membres fondateurs, la date du 21 décembre pour qu'il soit procédé, une seconde fois, au dépôt du dossier de création du parti». C'est ce qu'a annoncé Ali Benflis dans un communiqué rendu public le jour même. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) «Cette notification intervient près d'un mois après que les membres fondateurs eurent achevé la mise en conformité demandée par cette administration et que leur représentant ait tenté vainement, depuis le 18 novembre dernier, de reprendre attache avec elle à l'effet d'obtenir la programmation d'un second rendez-vous pour le dépôt de ce dossier.» Il faut rappeler que le dossier en question avait été déposé au lendemain des élections présidentielles par celui qui avait mené la vie dure au clan présidentiel. Le seul vrai candidat qui avait réellement inquiété Abdelaziz Bouteflika au point que ce dernier en réserve sa seule «sortie publique» pour toute sa campagne électorale : c'était à l'occasion d'une audience qu'il accordait au ministre espagnol des Affaires étrangères où il traitera Benflis de... terroriste. Depuis 2003, la rancune et la rancœur de Abdelaziz Bouteflika envers Ali Benflis sont de notoriété publique. En quelque sorte, elle s'était érigée en véritable ligne politique parallèle chez le patron d'El-Mouradia et donc de l'ensemble des institutions de l'Etat, comme cela se voit nettement d'ailleurs à travers les crises à répétition qui frappent le FLN. Nul ne l'ignore en effet : c'est sur instruction de Bouteflika et rien d'autre que le dossier du parti que compte lancer Ali Benflis est décrété «sans lendemain». Le dossier en question ne pouvait souffrir des anomalies au plan légal et juridique dignes de novices comme celles relevées, au dernières nouvelles, par le département de Tayeb Belaïz. «L'administration compétente avait formulé deux observations. La première portait sur la dénomination du parti et sur la forme — individuelle et non collective — de l'engagement des membres fondateurs à respecter la Constitution et les lois...» précisera Benflis dans son communiqué. Est-ce vraiment possible lorqu'on rappellera que, par exemple, le représentant des membres fondateurs, celui qui gère le dossier et qui est en contact avec le ministère de l'Intérieur n'est autre que Azouz Nasri, l'ancien président de la Cour suprême ? N'empêche, Benflis décide d'acculer l'administration sur son propre terrain. Il écrit : «En dépit de notre conviction quant au caractère non fondé des observations de l'administration concernée, les membres fondateurs ont décidé de s'y conformer en tous points. C'est ainsi qu'ils ont procédé au changement du nom du parti et à la transformation de l'engagement collectif en un ensemble d'engagements individuels.» Comme pour piéger l'administration, Benflis ajoutera : «Ce communiqué n'a pour objectif que celui qui a toujours animé les membres fondateurs, celui de tenir l'opinion publique nationale régulièrement informée de l'état d'avancement de ce dossier.» Cela, avant de réserver sa dernière salve à Bouteflika lorsqu'il tient à rappeler que «la liberté d'association est une liberté fondamentale et que le droit de créer un parti politique est un droit constitutionnel inaliénable. En tant que tels, ils ne sauraient relever d'un pouvoir discrétionnaire quel qu'il soit qui en disposerait comme des faveurs ou des privilèges qu'il octroie ou qu'il dénie». On ne peut être plus clair, en terme d'allusion ...