Le genre musical aroubi, dont les mélomanes ont désormais l'occasion d'apprécier chaque année ses envolées lyriques à la faveur du festival qui porte son nom et qu'organise la direction de la culture de Blida, tend à devenir un espace culturel incontournable pour les amoureux de la musique arabo-andalouse et ses genres apparentés dont le aroubi. Etant à sa 4e édition, le public habitué à l'écoute de cette musique cerne mieux aujourd'hui les contours de ce genre musical diffusé aussi bien par les associations que par les chanteurs qui montent tour à tour sur scène pour roucouler mélodiquement les poésies melhoun et autre zedjel constituant son support mais également par les conférences données par les spécialistes, dévoilant ainsi son côté caché. On apprend à cet égard que les initiateurs de ce genre musical se sont inspirés d'autres genres musicaux qui l'ont précédé à savoir la nouba arabo-andalouse et le hawzi dont une partie des textes écrits par des poètes tlemcéniens sont chantés avec une consonance algéroise ou blidéenne lui conférant de ce fait un cachet musical quelque peu bucolique notamment dans son interprétation et que l'on titre par le vocable de aroubi. Ceci ne réduit en rien de sa valeur mélodique. Mieux, son raffinement musical reste avéré d'autant que des textes de poètes andalous à l'image d'Al-Mou'tamad Ibn Choujaâ' dont les chanteurs algérois et blidéens comme Dahmane Benachour ou Ahmed Serri pour ne citer que ces deux interprètes, chantent ses belles poésies intitulées Dem'iî djara (mes larmes ont coulé) ou bien Nafar men haouite (A fui celui que j'aime). Pour les néophytes, il est difficile de différencier ces deux chansons ‘aroubi de celles de la musique arabo-andalouse. Le genre musical ‘aroubi tire également sa sève de poèmes écrits par des imams et muftis d'Alger qui ont vécu au XIXe siècle à l'instar de Mustapha Ben Kbabti et son hymne Men yebat ira'î lehbab (celui qui languit à espérer les amis) et Mohamed Benchahed et sa réplique Dheb djesmi (mon corps s'est consumé). Pour ce dernier, imam et poète à ses heures, les interprètes de la musique aroubi ont subtilement choisi des poésies de sa plume qui sont à connotation soufie. Aussi, un grand nombre de poésies aroubi semblent porter une assonance libertine mais en réalité elles livrent en toile de fond un symbolisme à l'allure mystique. Citons à cet sujet, la poésie Ana El Memhoun belghram (je suis éprouvé par la passion) du poète M'hamed Belakhdhar. Voilà ce que les habitués de la salle des conférences de Blida ont pu assimiler durant les trois dernières éditions de ce festival qui reste divertissant et didactique en même temps.