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La culture en 2014
Année des polémiques et du «Way way» !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 12 - 2014

L'année 2014 a été pour le secteur culturel assez riche mais aussi marquée par une profusion de débats, virant souvent à la polémique, autour de la question artistique et intellectuelle en Algérie. Mais comme chaque année, le constat immuable que l'on peut faire est incontestablement le monopole de l'Etat et l'absence totale d'une politique capable d'encadrer sans pour autant contrôler la production culturelle dans le pays. Bilan non exhaustif.
Artistes discrédités
A la veille des élections présidentielles du 17 avril 2014, un groupe d'artistes a participé à un clip de propagande à la gloire du Président-candidat Abdelaziz Bouteflika. Des chanteurs connus comme cheb Khaled, Djamel Allam et Kenza Farah ainsi que d'autres personnalités du monde artistique à l'instar de l'humoriste Smaïn, l'acteur Ahmed Benaïssa, etc. ont chanté un long panégyrique célébrant «le Serment pour l'Algérie» du Président sortant et ses multiples «réalisations».
Ce clip a évidemment soulevé un tollé sur la toile et dans la presse avec, notamment, des dizaines de fans de Djamel Allam qui lui retirent définitivement leur affection en lui rappelant que l'homme dont il chante les louanges est responsable, entre autres, de l'assassinat de 127 manifestants kabyles en 2001. Par ailleurs, les conséquences vont plus loin puisque deux chroniqueurs de l'émission «Système DZ» ayant participé au clip ont avoué en direct avoir touché de l'argent ; une révélation qui a vraisemblablement irrité en haut lieu et entraîné le licenciement du présentateur de ce talk-show Abdallah Benaddoua par la chaîne Dzaïr TV qui appartient à l'homme d'affaires Ali Haddad, proche des cercles du pouvoir.
Fin de règne et vieux réflexes
En mai 2014, Khalida Toumi, ministre de la Culture depuis 2002, a été écartée lors d'un remaniement ministériel, et remplacée par la productrice et réalisatrice Nadia Labidi. Un changement que beaucoup ont accueilli avec enthousiasme, espérant une amélioration notable de la gestion du secteur et un plus grand respect des libertés étant donné que la nouvelle responsable du département est issue du milieu artistique. Six mois plus tard, certains ont très vite déchanté. D'autres préfèrent laisser plus de temps à Mme Labidi avant de se prononcer sur sa politique. Mais ce qui a, d'emblée, interpellé les observateurs, c'est le caractère expéditif de quelques décisions du début de sa prise de fonctions. Rappelons, en effet, que la volonté de donner un nouveau souffle à son département a conduit la nouvelle ministre à une espèce d'épuration de «l'ancien régime» qui ne fut pas forcément bénéfique. En remerciant, par exemple, la chef de cabinet Mme Zehira Yahi, Nadia Labidi prend le risque de commencer son mandat sans appui solide, d'autant que l'on sait qu'un chef de cabinet est la mémoire administrative d'un ministère et son départ ne doit nullement être aussi précipité. Depuis, deux intérimaires se sont succédé à ce poste sans que personne soit officiellement désigné.
Par ailleurs, d'autres changements ont été effectués dans l'organigramme du ministère et d'aucuns martèlent aujourd'hui que la nouvelle ministre s'inscrit dans la même démarche que sa prédécesseur en s'entourant de ce que certains appellent les «dinosaures» du milieu dont les compétences ne sont pas toujours irréfutables. Enfin, pour enfoncer le clou : le Festival d'Oran du film arabe, autour duquel la communication a été plus que calamiteuse, est finalement reporté au premier semestre de l'année 2015, et sa direction confiée à Saïd Oulmi, connu notamment pour être le réalisateur de l'émission télévisée «Koulchi moumkin» et dont les rapports avec le cinéma se limitent à un documentaire sur les déportés algérien en Calédonie !
FDATIC : quand la télé juge le cinéma !
Pour la première fois depuis sa création, les noms des membres de la commission de lecture du FDATIC ont été publiquement révélés par le ministère de la Culture qui rompt ainsi avec une certaine tradition de l'opacité entretenue par l'ancienne responsable. Mais le hic, c'est que la plupart de ces personnes qui vont décider de la qualité d'un scénario et de l'octroi de subventions pour la production de films, ne peuvent point se targuer d'une légitimité professionnelle leur permettant de juger une œuvre destinée au grand écran. Et pour cause : hormis le président de la commission, le scénariste Tahar Boukella, nous retrouvons des figures télévisuelles ou théâtrales qui ont très peu côtoyé le 7e art à l'instar de l'actrice Bahia Rachedi plus connue pour ses feuilletons que pour ses films, le comédien de théâtre Abdelhamid Rabia qui a sporadiquement flirté avec le petit écran, Aïssa Cheriet, romancier et accessoirement scénariste pour la télé, le journaliste Boukhalfa Amazit, spécialiste de l'histoire de la guerre de Libération, Fatima Ouzane, auteure d'un seul scénario, celui du très éphémère long-métrage dédié au chanteur Hasni dont la faiblesse artistique n'a d'égale que le manque total de relief psychologique du personnage principal. La commission compte également la romancière et journaliste Hadjer Kouidri et le dramaturge Mourad Snoussi. Autant dire que ces choix aussi approximatifs qu'injustifiés sont symptomatiques de la mentalité de l'ancien régime quant à la sélection des films à subventionner par l'Etat : privilégier la docilité et le politiquement correct et confondre entre petit et grand écran !
Le plagiat, pratique officielle de l'année !
Mme Nadia Labidi, encore elle ! Il faut croire que le plagiat est en passe de devenir une tradition immuable de l'univers culturel officiel. Après le scandale de «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011», c'est au tour de Constantine, choisie pour être la capitale de la culture arabe en 2015, de faire les frais de la négligence doublée de la paresse intellectuelle des préposés aux logos au niveau du ministère. En effet, le logo retenu pour cette manifestation est non seulement d'une extrême platitude artistique mais, pis encore, plagié presque trait pour trait d'un événement culturel arabe. Après une courte polémique, et au lieu d'en refaire un autre, les responsables du secteur ont finalement décidé d'un «toilettage» dont ils ont chargé «un groupe d'artistes». Quelque temps plus tard, le public découvre le logo du 60e anniversaire de la Révolution algérienne qui franchit un nouveau seuil de la laideur graphique, ce qui fut relativement prévisible, mais là encore, il s'avérera être un énième plagiat : l'image est quasi-littéralement pompée d'un logo célébrant le soixantenaire d'une... faculté de médecine thaïlandaise ! La question que beaucoup se posent est simple : pourquoi, avec la profusion de jeunes et talentueux graphistes algériens qui bouillonnent d'idées et de créativité, le ministère de la Culture persiste dans son culte de l'indigeste et du bâclage quand il s'agit de confectionner un logo officiel ?
Le film de l'année
C'est quasiment indiscutable : L'Oranais est le film de l'année 2014. Réalisé par Lyès Salem qui nous a déjà gratifiés de la succulente satire sociale Mascarades (2007), ce long-métrage fut un grand événement aussi bien artistique que médiatique en Algérie. Son traitement inédit de la guerre et de la postindépendance, ses acteurs plus que convaincants, son scénario dense et bien ficelé, la beauté et l'audace de son récit, font de l'Oranais une belle surprise dans une cinématographie généralement encline à l'autocensure thématique et au simplisme formel. Mais, bien entendu, au-delà de ses qualités intrinsèques, L'Oranais a eu le mérite de confirmer, de manière plus ou moins bruyante, la persistante problématique de l'image en Algérie. De nombreux livres et témoignages ont en effet contribué à la désacralisation du personnage du moudjahid mais ils n'ont jamais soulevé un tel tollé. Il a fallu attendre ce film pour qu'un large débat survienne non seulement sur l'aspect sulfureux d'une représentation visuelle politiquement incorrecte, mais aussi sur le concept de liberté de création en Algérie, celle-ci étant obligatoirement limitée pour certains par le respect des tabous, des lignes rouges et des non-dits, alors que d'autres confondent entre fiction artistique et travail d'historien !
En tout cas, même si ce débat houleux a souligné l'intolérance des tenants de la version officielle et des gardiens du temple fissuré, il a surtout permis une mobilisation quasi-inédite du milieu artistique pour défendre la liberté de création.
Inquisition socioreligieuse
Contrairement au débat relativement serein enclenché par le film L'Oranais, l'événement littéraire de l'année 2014 a déchaîné les passions de part et d'autre mais aussi entraîné une escalade dans la guerre faite aux libertés de pensée et d'écrire. Il s'agit bien sûr de Kamel Daoud, chroniqueur au Quotidien d'Oran et auteur de Meursault, contre-enquête, un roman d'une grande force esthétique et narrative qui exhume «l'Arabe» de Camus et lui donne droit à la vie romanesque. Seulement, il s'agit aussi d'un chroniqueur acerbe, dont les opinions ne plaisent guère à tout le monde et dont les déclarations sur les plateaux-télé ou radio d'outre-mer ont provoqué une avalanche de critiques. La dernière en date est celle de Abdelfattah Hamadache, ex-membre du FIS et actuel président d'un mouvement salafiste non agréé, qui a tout bonnement apostasié l'écrivain et appelé l'Etat à le condamner à mort selon les préceptes de la Charia. Une déclaration qui a soulevé une vague d'indignations en Algérie et poussé Kamel Daoud à déposer plainte contre le prédicateur islamiste pour «appel au meurtre».
Si cette affaire a le mérite de nous prouver de manière claire que le radicalisme religieux a encore de beaux jours devant lui, elle a également révélé le statut fragile de la liberté d'expression qui n'est plus menacée exclusivement par ses ennemis «naturels», mais aussi indirectement remise en question par une partie de la classe «intellectuelle» dite progressiste, de gauche ou laïque... Dans le même sillage, Meriem Bouzid Sebabou, une anthropologue algérienne, fait face à une déferlante conservatrice suite à la parution de son ouvrage Ce que les gens de Sbeiba disent. Sens du rituel de la Achoura dans l'oasis de Djanet. Un livre dont un groupe de notables de cette ville réclame son interdiction pour la simple raison que l'auteure, après des années de recherche, y évoque la pratique répandue de la prostitution durant la période coloniale dans cette région touchée de plein fouet par la misère. Le plus grave, c'est que Mme Bouzid a d'abord reçu des menaces contre son intégrité physique avant que ses détracteurs n'adressent une lettre au Premier ministre, exigeant l'arrêt de la distribution du livre. Pis encore : des chercheurs du CNRPAH ont déclaré dans une pétition que leur organisme a reçu une note verbale du ministère de la Culture lui intimant le retrait de l'ouvrage des circuits de distribution !
L'année du «Way way» !
Rien de bien palpitant du côté musical cette année ! Plusieurs albums sont certes sortis en 2014 mais c'est surtout la culture du tube d'été qui prime. En effet, si l'on excepte le nouvel opus du chanteur kabyle Lounis Aït Menguellet qui a inspiré plusieurs plumes dans la presse algérienne, les disquaires avaient très peu de beaux disques à proposer aux mélomanes.
Par contre, les autoradios et les MP3 ont diffusé en boucle la fameuse chanson «Way way», charabia onomatopéique rythmé de cheb Mohamed Benchennet, qui a mis en transe des milliers de jeunes Algériens d'autant qu'une «chorégraphique» spéciale est née dans son sillage !


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