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HCA/CLÔTURE DU COLLOQUE INTERNATIONAL SUR «LES MEDIAS ET LA COMMUNICATION, LANGUES ET LANGAGES»
L'absence de standardisation de la langue et la question du lexique entravent l'évolution de tamazight
Publié dans Le Soir d'Algérie le 12 - 06 - 2014

Le Colloque international du HCA sur le thème «Médias, communication, langues et langages, où en est tamazight ?», tenu au centre culturel d'Azazga, destiné à en savoir un peu plus sur les difficultés et les conditions de travail des journalistes amazighophones, a soulevé en amont des problèmes de fond entrevus par la problématique de la situation de tamazight suggérée par le thème générique censé captiver l'attention des partenaires institutionnels afin qu'ils adhèrent à la concrétisation
des objectifs du HCA.
En premier lieu, le ministère de la Communication. Un ouvrage collectif va d'ailleurs recenser les communications et interventions pour apporter des éclairages sur les réalités des médias algériens amazighs. En ce qui concerne les questions de langues, des questionnements sur les libertés et droits de communication en langue amazighe ont été soulevés et des idées et des cheminements, dont les décideurs prendront connaissance éventuellement pour en changer les réalités, évoqués.
Le colloque répond-il aux attentes des organisateurs et du HCA ? Belkacem Mostefaoui, le coordinateur scientifique du colloque, se montre très pragmatique sur le sujet estimant que, dans le contexte, il y a des choses que l'on souhaite, certaines d'entre elles seront réalisées et d'autres moins. Il espère que le colloque atteindra au moins 50% de ses objectifs, proportions qui semblent logiques, l'essentiel étant d'avancer un peu plus dans le circuit et surtout réaliser des activités qui demandent ce qu'elles demandent et qui seront soumises à discussion dans la société civile, et de débattre dans des espaces où règnent la sérénité, la pluralité et la liberté, explique-t-il. C'est un moyen qui peut susciter des discussions et des débats, le chercheur étant modeste et ambitieux. Ce sont des graines qui pourraient entrer dans l'espace public. Un élément du levier pour aller vers la constitutionnalisation de tamazight, résume-t-il.
Toujours est-il que du côté du HCA, on semble tourner la page des bilans et des constats pour aller vers la question : «Que va-t-on faire concrètement ?» Ce qui a permis d'avancer une série de mesures pratiques, en vue de les prendre en charge. Ainsi a-t-il été décidé qu'à l'issue du colloque, il faudra axer l'essentiel des travaux sur l'aspect formation dans l'optique d'associer l'ensemble des médias dans le perfectionnement des journalistes amazighophones aux techniques traditionnelles et nouvelles rédactionnelles axées essentiellement autour de tamazight.
Tout comme s'est imposée la nécessité d'élaboration d'un premier lexique commun aux différentes variantes linguistiques amazighes afin d'associer une intercompréhension de tamazight et ses multiples composantes. L'urgence d'impliquer les radios locales pour garantir l'élaboration d'un lexique édicté par les laboratoires d'aménagement, partenaire du HCA qui, évoquant également la signature d'une convention-0cadre avec les universités, souhaite l'élargir à la Télévision et à la Radio algériennes.
Le laboratoire de recherche l'accompagnera dans ce projet dont la réussite des résolutions est tributaire des chaînes de télévision tenues de satisfaire aux clauses contenues dans le cahier des charges inhérent à la mise en place de tamazight. Le HCA en appelle ainsi aux chaînes privées pour inclure des programmes en tamazight qui est l'affaire de tous les Algériens. Le HCA se sent enfin dans l'obligation d'aller vers le citoyen de l'Algérie profonde en vue d'appliquer sur le terrain ses engagements.
Badreddine Mohamed, assistant du DG de la Radio algérienne, qui a fait le point sur la communication d'expression amazighe à travers les différents supports médiatiques en usage en Algérie, a dit que tamazight s'est contentée du seul domaine audiovisuel auquel elle était introduite dès la fin des années 1940, la radio, la télévision et le cinéma ayant été les terreaux propices à l'exercice de cette activité de communication en tamazight. L'occasion pour lui de dire aussi que si des films amazighs de qualité existent, le cinéma amazigh, lui, n'existe pas. Cela alors que les livres amazighs font face au problème de lectorat. TV4, objet d'attaques pour ses journaux télévisés zappés parce que présentés dans cinq variantes linguistiques, est un acquis qui fait face à des défis. Dominée par le programme ENTV avec des grilles faisant la part belle aux émissions culturelles et au divertissement encore tatillons. S'est posé alors le problème de la formation de journalistes TV. Ceux formés par les écoles de journalisme manquent de compétence dans la langue amazighe et les sortants des instituts de langue et culture amazighes de formation journalistique.
D'où le souhait de voir s'installer une commission de coordination et de suivi HCA/ministère de la Communication. Nesrine Alouane, journaliste à TV4 qui a présenté une communication sur «L'évolution du JT en tamazight de l'ENTV. Etude descriptive et analytique (1992-2014) et qui a parlé des défis et missions de la chaîne a axé son intervention sur le JT, mettant en avant les efforts des présentateurs activant en système de brigades, s'arrêtant sur les points faibles que sont la non-maîtrise de la langue au plan linguistique, ce qui induit le recours à la traduction intégrale d'émissions par manque d'éléments linguistiques. L'Egyptienne Sahar Ali, docteur en littérature et cinéma qui a eu à traiter du paysage audiovisuel sud-méditerranéen, «Focus : panorama de l'audiovisuel algérien» s'est vu poser la question, sans y répondre, du sort réservé par la Télévision égyptienne à La Kahina, traitée de prostituée et de Koceila taxé de roi despote. Ce qui a failli provoquer un petit incident diplomatique, n'était l'intervention du modérateur qui a recadré le débat même si la question méritait largement d'être posée.
Ce qui n'était pas le cas du Marocain Rachid Naïm, docteur en sciences de la communication, professeur spécialisé en analyse des représentations dans la littérature, l'art et le cinéma qui a présenté une communication sur «Hollywood et les Amazighs» lequel a eu cette analyse : «Si on ne produit pas nos propres représentations, d'autres le feront à notre place.» Et les autres, les Américains, ont produit une image folklorisante du Berbère représenté par l'image du sauvage noble, sujet sur lequel a rebondi le conférencier en disant que nous, on retient noble et on enlève sauvage. La table ronde organisée au dernier jour avec des journalistes en tamazight a permis, comme l'a signalé Nesrine, de lever l'équivoque sur le rôle du journaliste auquel n'échoit pas la mission d'enseigner la langue, mais d'informer dans la langue. Comme s'est posée la question de vérification de la source linguistique à laquelle des journalistes en panne de lexique font appel pour rechercher un terme idoine faute de dictionnaires de référence.
Au plan de la formation de journalistes en tamazight, il a été évoqué par la journaliste de TV4 la nécessité de s'inscrire en master en journalisme pour les détenteurs de licence en tamazight. Le besoin d'actions pratiques souhaité par les participants a trouvé sa résonance dans cette initiative de Numidya d'Oran qui s'est lancé dans un ambitieux projet de dictionnaire en ligne qui sera enrichi par les internautes.


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